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Installations

Un livret d'épargne pour des "Projet Agri"

Les Jeunes agriculteurs (JA) et le Crédit agricole ont élaboré un plan
d'épargne spécifique aux futurs jeunes agriculteurs, le livret Projet
Agri. Jérémy Decerle, vice-président des JA, a profité de l'annonce de
ce nouvel outil financier pour faire le point sur les limites du
dispositif de l'installation aidée.
Par Publié par Cédric Michelin
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Un plan d'épargne logement spécifique au secteur agricole, telle est l'idée du livret Projet Agri, lancé par les JA et le Crédit agricole, selon Jérémy Decerle, vice-président des JA. « Le partenariat a été signé le 18 février dernier et a été officiellement annoncé au Salon de l'agriculture, le 24 février. Il s'agit d'un dispositif financier qui viendra en complément des prêts bonifiés et de la DJA afin qu'un jeune encore en étude puisse déjà épargner pour sa future installation », explique-t-il. Le montant est plafonné à 50.000€, avec un taux de 0,8%, évolutif en fonction des taux du marché et du règlement interne de la banque. Ce taux devrait toujours rester plus intéressant qu'un compte épargne logement classique. Le jeune, quel que soit son âge, pourra épargner pendant vingt ans et débloquer son épargne quand il le souhaitera, sans contrainte de durée. Cet outil sera proposé à partir du mois prochain. Fort de sa clientèle d'agriculteurs, le Crédit agricole s'est lancé dans le projet face à d'autres banques plus frileuses. « Certaines banques avaient déjà eu une idée du même type régionalement. Mais l'avantage de ce partenariat, c'est qu'il a une couverture nationale », observe le JA.


Une évolution des porteurs de projet



À l'occasion du Salon de l'agriculture, Jérémy Decerle est également revenu sur les problématiques de l'installation. Si le dispositif aidé n'a pas forcément le vent en poupe sur le terrain, il reste cependant serein : « Certes, le dispositif des prêts bonifiés peut manquer d'attractivité, surtout en zone de plaine. Mais il faut garder en mémoire que 97% des jeunes installés qui passent par l'accompagnement sont encore en activité dix ans plus tard. » Il reconnaît l'apparition de nouveaux profils de jeunes agriculteurs, moins classique dans leur production et avec une demande forte de diversification. « Nous travaillons à renouveler notre gamme de formation afin que toutes les compétences présentes sur un territoire puissent être apportées », affirme-t-il. Face au développement de certaines structures parallèles qui aident les porteurs de projet à s'installer, « nous ne voulons pas leur fermer la porte. Elles étaient invitées aux Assises de l'installation. Mais nous ne voulons pas de dispositif concurrentiel à celui défini par l'Etat. » Il s'indigne du soutien financier de certaines régions à des porteurs de projet qui ne rentrent pas dans le dispositif aidé. « L'installation a un côté très politique. Mais l'argent public est assez rare pour ne pas le distribuer sans condition. Ce n'est pas aberrant de conditionner des aides à de la formation », affirme-t-il.


Améliorer le système des prêts bonifiés



Côté prêts bonifiés, les JA réfléchissent avec le ministère de l'Agriculture à la mise en place d'un dispositif instaurant un différentiel de taux entre le taux des prêts bonifiés JA et ceux du marché afin de conserver l'attractivité du dispositif. « L'idée serait de se calquer sur les prêts spéciaux des Cuma. Le taux visé serait de 0,89% en zone de plaine et 0,39% en zone de montagne et handicap naturel », selon Jérémy Decerle. Le dispositif pourrait être mis en place pour 2016, mais ne sera pas certainement pas activé en 2015. Le syndicat travaille également à faire évoluer la nouvelle limite de bonification des prêts de 5 ans. Ainsi, aujourd'hui, si le jeune souhaite débloquer son prêt deux ans après son installation, il ne pourra profiter de la bonification que durant 3 ans, ce qui n'était pas le cas auparavant (5 ans de bonification même avec un prêt contracté 5 ans après son installation). Face à la nouvelle Pac dont toutes les mesures ne sont pas connues, le vice-président des JA enrage. « Certaines installations se font dans l'urgence et elles sont bloquées » du fait de ces incertitudes. Par ailleurs, certaines demandes syndicales concernant les aides Pac n'aboutiront probablement pas, considérées comme discriminatoires par Bruxelles et l'OMC.