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Gaec de la Chevrotière à Montpont-en-Bresse

Renouvellement de génération réussi au gaec de la Chevrotière à Montpont-en-Bresse

A Montpont-en-Bresse, Quentin Meunier et Benoit Boully se sont installés sur une exploitation laitière qui n’avait pas de repreneur à priori. Parti vers d’autres horizons, Quentin est revenu sur la ferme familiale pour vivre une quasi reconversion professionnelle. Quant à Benoit, en s’installant sur une ferme voisine à celle de sa famille, il a pu choisir son projet.    

Par Marc Labille
Renouvellement de génération réussi au gaec de la Chevrotière à Montpont-en-Bresse
Quentin Meunier, 30 ans, et Benoit Boully, 27 ans, sont aujourd’hui les associés du Gaec de la Chevrotière à Montpont-en-Bresse.

La création du Gaec de la Chevrotière remonte à 1982. À l’époque, Philippe Meunier s’était associé avec son père Jean-François sur l’exploitation familiale de Montpont-en-Bresse. En 1994, Marie-Thérèse intégrait le Gaec en remplacement de son époux Jean-François qui prenait sa retraite. En 1999, l’exploitante prenait à son tour sa retraite et était remplacée par Dominique Vandroux qui avait été stagiaire puis salarié de la ferme. Le Gaec est alors resté le même pendant vingt-quatre ans jusqu’au départ en retraite de Philippe. Aucun successeur n’était alors en vue. Le fils de Philippe Quentin ne pensait pas du tout à s’installer. Titulaire d’un niveau BTS « ACSE », le jeune homme était parti travailler à la Poste pendant 6 ans et demi avant de devenir commercial dans une concession de machinisme agricole.

Hors cadre familial…


C’est finalement vers le fils d’un voisin que Philippe s’est tourné. Ami d’enfance de Quentin, Benoit Boully avait effectué une formation d’ingénieur agronome, mais son désir avait toujours été de s’installer un jour. Le jeune homme pouvait rejoindre son frère et son père sur la ferme familiale à 5 km de la Chevrotière, mais pour le moment, il demeurait salarié d’un groupement d’employeurs du secteur. La proposition de Philippe Meunier lui a ouvert une alternative et Benoit a finalement opté pour une installation hors cadre familial.
Il a intégré le Gaec de la Chevrotière le 1er janvier 2023 en s’associant avec Dominique Vandroux. Mais peu de temps après, ce dernier décidait de quitter la structure pour changer de vie.
Benoit en a alors parlé à Quentin. Dans son métier de commercial agricole, au contact des nombreuses fermes qu’il visitait, ce dernier avait fait évoluer son point de vue. L’installation devenait une option envisageable et Quentin a rejoint Benoit début 2024. À un an d’intervalle, les deux jeunes ont effectué le même parcours en passant par un stage « start agri » de quatre mois, « pour se familiariser avec l’exploitation, faire la transition avec le cédant et voir si on s’entendait », explique Benoit.


90 vaches laitières avec robot


Les deux associés sont aujourd’hui âgés de 27 et 30 ans. La ferme qu’ils ont reprise comptait 175 hectares pour environ 90 vaches laitières. L’exploitation cultivait 125 hectares de cultures (blé, orge, maïs, colza, soja). Quentin et Benoit y ont ajouté 10 ha de maïs grain supplémentaire et ils ont réduit d’autant la surface de prairie.
Le bâtiment des vaches équipé de logettes avec raclage est relativement récent. La traite est assurée par un robot à double boxes de marque Boumatic. Les deux associés ont demandé une rallonge de leur référence laitière. Ils produisent aujourd’hui 750.000 litres de lait par an et visent les 800.000 litres en lissant davantage les vêlages et la production dans l’année.
Les mâles continuent d’être engraissés sur la ferme en taurillons montbéliards ou croisés charolais. « Nous avons les surfaces en maïs et assez de paille donc tant que l’atelier est rentable, on le conserve », justifient Quentin et Benoit.


Acquisition de niches à veaux


Les deux jeunes éleveurs ont investi dans des niches à veaux. L’ancienne nurserie de l’exploitation provoquait beaucoup de problèmes respiratoires. La solution la plus économe consistait à loger les veaux dans des niches extérieures. Les associés ont acheté trois niches collectives et 15 niches individuelles pour un montant de près de 18.000 €. Elles sont installées sur une dalle bétonnée en pente pour récupérer les jus. Le coût de la maçonnerie s’élève à environ 50.000 €. Le lait est distribué aux veaux à l’aide d’un « taxi-lait ». C’est une sorte de chariot sur roues motorisées. L’outil sert à chauffer, mélanger le lait en poudre et le distribuer dans les auges des animaux. Il faut compter 100 litres de lait matin et soir pour nourrir tous les veaux de la ferme, font valoir Quentin et Benoit. Le « taxi-lait » a coûté 9.500 €. Les deux associés ont aussi dû investir dans un silo d’ensilage supplémentaire.


Plus de souplesse grâce au robot


Un des projets du Gaec est d’acquérir une « porte de pâturage ». Les vaches, dont la traite est robotisée, ont accès au pâturage mais les éleveurs sont obligés d’aller les chercher au pré à la mi-journée pour qu’elles viennent se faire traire. Une porte de tri permettrait de mieux organiser les choses, font valoir Quentin et Benoit qui évoquent aussi les vertus du pâturage sur la santé des vaches et l’alimentation.
La présence du robot de traite est un plus en termes de conditions de travail, reconnaissent les associés. La machine « n’enlève pas de travail », tempèrent-ils, mais « elle donne de la souplesse et réduit l’astreinte du week-end. Nous nous donnons 1,5 jours de libre tous les 15 jours soit un week-end sur deux », confient Quentin et Benoit.


Tant que le prix du lait se maintient…


L’embellie du prix du lait a conforté Benoit et Quentin dans leur projet. Au Gaec de la Chevrotière, l’atelier lait pèse pour 75 % du chiffre d’affaires incluant le produit de l’engraissement des mâles. Les deux associés font réaliser un suivi de leur coût de production par Laurent Lefèvre de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, en partenariat avec Acsel Conseil Élevage. Tant que le prix du lait se maintient, les deux jeunes éleveurs restent attachés à la production laitière dont ils apprécient la technicité. L’entreprise (Sodiaal) à laquelle ils livrent leur lait se montre confiante et les deux éleveurs apprécient qu’elle soit une coopérative.
Les prédécesseurs de Benoit et Quentin sont soulagés que la ferme ait été reprise sans que l’atelier laitier n’ait été démantelé. Il faut dire que trois exploitations du secteur ont cessé leur activité l’an dernier. La commune de Montpont-en-Bresse compte encore quatre exploitations laitières, mais « il y en avait le triple il y a quelques années ! », font valoir Benoit et Quentin. Dans cette installation un peu atypique, les deux jeunes éleveurs ont pris le temps de mûrir leur projet, n’hésitant pas à sortir des sentiers battus. Riches de leurs expériences préalables, qui leur confèrent « méthodologie » et « organisation du travail », ils ne regrettent pas leur choix.

Une reprise de capitaux bien préparée

Dans leur installation, Benoit Boully et Quentin Meunier ont été accompagnés par la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et leur centre de gestion CER France. « Une étude économique a été réalisée pour évaluer les valeurs des parts sociales, de sorte que nous nous y retrouvions tous, cédants et repreneurs », confie Benoit qui ajoute que « les banques nous ont suivi, car l’exploitation était connue et tournait bien. Et les cédants avaient pas mal géré leurs comptes d’associés », ajoute-t-il. Le seul bémol, c’est que les taux ont plus que doublé entre l’installation de Benoit et celle de Quentin espacée de seulement un an de temps…