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Crises agricoles

Louhans : Les agriculteurs dressent un mur de la colère face au silence de l’État

Après le « feu de la colère » du 18 novembre qui avait rallumé la mèche des manifestations du début d’année, place au « mur de la colère » dès ce mardi 26 à Louhans et le lendemain à Charolles, contre les incohérences du millefeuille administratif : allant de l’international (avec le Mercosur qui importe une agriculture dont personne ne veut…) jusqu’au très local (le Parc naturel régional de Bresse…) en passant par toutes les strates intermédiaires (Région ne gérant pas les fonds Feader…), directes ou indirectes (OFB…).

Par Come de Navacelle
Louhans : Les agriculteurs dressent un mur de la colère face au silence de l’État

La seconde vague de la mobilisation agricole lancée par la FNSEA et JA s’est déroulée du 26 au 28 novembre (après notre bouclage donc, N.D.L.R.) dans toute la France. Le but de ces nouvelles manifestations est de dénoncer la sur-administration et les surtranspositions. « Nous entrons dans un deuxième temps, contre les entraves au métier d’agriculteur, avant une phase qui sera plus consacrée à la question des revenus » a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. Les agriculteurs étaient invités à converger vers les symboles de ces excès de réglementation : préfectures, bureaux des impôts, locaux de l’OFB, agences de l’eau… En Mayenne d’ailleurs, c’était un cours d’eau qui a été curé afin de dénoncer « le mille-feuille réglementaire, la lourdeur administrative en place pour ce type d’intervention et illustrer la nécessité de simplification des réglementations ».

Le Gouvernement estime avoir déjà pris de nombreux engagements qui vont dans le sens des demandes des agriculteurs. Mais les agriculteurs ne sont pas de cet avis et « veulent des décisions concrètes dans leur cour de ferme » insiste Arnaud Rousseau. « Le concret des choses, ils le verront très vite », a tenté de calmer Annie Genevard, ministre de l’Agriculture lundi sur France Inter. Visiblement, cette radio ne passe pas du côté des agriculteurs de Bresse et du Charolais…

Voyage en Absurdie

Mardi soir, plus de 80 agriculteurs et 20 tracteurs se sont réunis devant le centre des Finances publiques à Louhans. Ils ont symboliquement muré les grilles. Objectif : montrer que face au mur de paperasseries que l’administration dresse depuis des décennies devant les agriculteurs, ces derniers peuvent eux faire réellement dresser un « mur de colère » devant l’administration. « Ils ne veulent plus rien nous donner donc plus rien ne doit en sortir », annonçait à nos confrères du JSL, Cédric Tissot, vice-président de la FDSEA de Saône-et-Loire. « En janvier dernier, cinq jours de mobilisation sur l’autoroute pour quoi ? Rien. On est fatigués de ne pas être entendus. Nos charges explosent, on ne contrôle même pas nos prix de vente… Comment voulez-vous que ça fonctionne ? » dénoncent de jeunes agriculteurs du Louhannais.

Et les parlementaires ou les services de l’État ne sont pas les seuls en cause. Toutes les officines, pas qu’agricoles, sur-transposent et imposent des règles toujours plus contradictoires. Le projet du syndicat mixte de la Bresse bourguignonne illustre parfaitement ce "voyage en Absurdie" : le Parc Naturel Régional de Bresse. Cette « nouvelle superstructure » viendrait encore un peu plus rajouter de nouvelles règles, charte et autres contraintes au monde agricole. Sans oublier, le risque d’affaiblir toujours plus les organisations agricoles compétentes en détournant des fonds et des missions. Le PNR pouvant revendiquer le droit et missions de "réguler le foncier" en lieu et place de la Safer par exemple, mais sur des critères bien différents de ceux définit par la profession agricole. Bref, une surenchère normative à venir, dont la Bresse ne veut pas, ni le reste de la Saône-et-Loire !

Charolles vent debout contre le Mercosur

À Louhans et à Charolles, le Mercosur était lui aussi dans la ligne de mire des agriculteurs présents : comment justifier l’importation de productions issues de la déforestation (maïs et soja), nourries aux hormones de croissance (bœuf et volailles) et usant de produits phytosanitaires interdits en Europe ? Nos politiques doivent faire preuve de cohérence et songer — il serait temps — à protéger la souveraineté alimentaire de la France. D’autres mobilisations étaient enfin prévues jeudi à Mâcon et à Blanzy pour maintenir la pression avant de nouvelles manifestations autour des questions de revenus et donc de renouvellement des générations.