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GDS de Saône-et-Loire

GDS de Saône-et-Loire : « le GDS, c’est nous ! »

La campagne passée, le sanitaire a une nouvelle fois été en alerte avec la FCO et la MHE qui ont impacté le territoire. Comme d’habitude, la tâche du GDS n’a pas été facile. Mais la défense collective reste le meilleur moyen de protéger les élevages contre les grains.

Par Marc Labille
GDS de Saône-et-Loire : « le GDS, c’est nous ! »
Près de 200 personnes ont assisté à l’assemblée générale du GDS 71 dans la salle du syndicat des mineurs à Montceau-les-Mines.

Pour l’assemblée générale du Groupement de Défense Sanitaire de Saône-et-Loire, rendez-vous était donné dans un lieu chargé d’histoire en l’occurrence le syndicat des mineurs à Montceau-les-Mines. Près de 200 personnes avaient répondu à l’invitation du président Julien Chardeau dans ce site emblématique choisi à dessein. Lui-même petit-fils de mineur, l’éleveur de Mont-Saint-Vincent ouvrait la réunion en faisant le lien entre la culture ouvrière minière et les valeurs du mutualisme propres au GDS. Avec toute la détermination qu’on lui connaît, le président a une nouvelle fois livré un vibrant plaidoyer pour la défense collective et solidaire. Et il en a profité aussi pour recadrer ceux qui ont la critique facile : le GDS n’est ni « à la solde de l’administration », ni « actionnaires des laboratoires d’analyses », ni complice des tarifs vétérinaires… « Le GDS n’est là que pour défendre notre élevage ! Le GDS, c’est nous ! », résumait Julien Chardeau.


« Une chance inouïe ! »


À la veille de l’élection d’un nouveau conseil d’administration qu’il était prêt à présider pour un troisième mandat, le responsable incitait les éleveurs à « s’engager pour ne pas laisser leur place à ceux qui n’y connaissent rien ». Il rendait hommage à « une équipe talentueuse, soudée, dynamique et attentive au moindre aléa sur votre exploitation ». Une équipe « à la disposition des éleveurs » qui est « une chance inouïe », plaidait-il redoutant certaines tentations « à vouloir globaliser les organismes qui ne nous apporteraient aucune économie ». Une menace récurrente qui incite à « garder ce trésor de proximité » qu’est le GDS 71.
Le bilan de l’exercice écoulé confortait les propos de Julien Chardeau. À commencer par une santé économique saine. Comme le soulignait le commissaire aux comptes, avec « une nouvelle direction, une nouvelle équipe, un nouvel élan, un grand nombre d’actions réalisées, le GDS 71 est parvenu à maîtriser ses recettes et ses dépenses. Une trésorerie et des fonds propres abondants lui permettent d’aborder l’avenir avec une certaine sérénité ».
En ouverture de cette assemblée générale, Christine Rubbens de la DDPP de Saône-et-Loire présentait une situation sanitaire globalement favorable pour les maladies dites « historiques » (brucellose, tuberculose).


Principe de zones régulées


Le tableau était plus préoccupant pour les maladies vectorielles (FCO, MHE). Christine Rubbens rappelait que leur gestion repose sur le principe de zones régulées. Les suspicions cliniques doivent être notifiées par un vétérinaire et l’État ne prend pas en charge les analyses liées aux mouvements commerciaux, complétait-elle. La Saône-et-Loire est frappée par une recrudescence du sérotype 8 de la FCO. 363 foyers étaient recensés à la date de l’assemblée générale. Ce nouveau variant engendre davantage de signes cliniques. Mais le vaccin est efficace, faisait valoir la représentante de l’État. La FCO sérotype 3 a fait son apparition en France début août et sa première détection en Saône-et-Loire remonte au 14 août. Neuf foyers étaient recensés dans le département au 19 novembre. Une campagne de vaccination volontaire est en cours. Vaccination qui est d’ailleurs vivement recommandée, tant par le GDS que les vétérinaires, pour toutes les maladies vectorielles.
La limite de la zone régulée de la MHE coupe le département en deux depuis cet automne. « Cette zone régulée permet d’avoir une zone indemne pour l’export », justifiait Christine Rubbens. Cette dernière rappelait que pour exporter des animaux en Italie ou en Espagne, ces derniers devaient être désinsectisés, avoir subi une « PCR » (dépistage de la FCO) ou être vaccinés. Quant à la MHE, l’export n’est possible que dans le cadre des protocoles bilatéraux établis avec l’Italie et le Portugal.
Au Pays-Bas, le sérotype 12 de la FCO promet d’ores et déjà de nouveaux soucis en France, d’autant qu’il n’existe pas de vaccin. La représentante de la DDPP terminait son tour d’horizon par la peste porcine qui est aux frontières de la France et l’influenza aviaire pour laquelle le pays est en statut à risque élevé…


Impact sur les concours


Ce contexte sanitaire a pesé sur les concours de l’automne. « Des restrictions supplémentaires ont été imposées dans le but de conserver une zone indemne de MHE », expliquait Christine Rubbens. Cette réglementation a généré des tensions avec les éleveurs et les organisateurs de concours. Une des difficultés provient du fait que chaque organisateur de manifestation a ses propres règles. Pour tenter d’harmoniser les choses, le GDS 71 a proposé un kit introduction spécifique pour les concours (IBR, BVD, besnoitiose). Mais cette décision, qui engendrait des frais supplémentaires pour les éleveurs concernés, a été mal perçue. Au printemps prochain, une réunion sera organisée avec l’ensemble des organisateurs pour avancer sur ce dossier sensible. Au national, un groupe de travail planche sur le sujet avec l’objectif d’établir un certificat national pour l’organisation des concours.


IBR, BVD : la route vers l’éradication…


En 2023-2024, la Saône-et-Loire a accompli un nouveau pas vers l’éradication de l’IBR. 98,5 % des cheptels sont indemnes en 2024 et seulement 0,72 % (17 cheptels) détiennent des animaux positifs. L’objectif de 99,8 % de cheptels indemnes à l’horizon 2027 est à portée de main, « mais le plus dur reste à faire », tempérait le vice-président du GDS Fabien Coulon. En juin dernier, un nouvel arrêté ministériel est venu renforcer les choses pour accélérer encore l’assainissement.
Le programme d’éradication de la BVD connaît lui aussi une remarquable progression. Plus de 98,7 % des bovins de Saône-et-Loire étaient garantis « non IPI » en fin de campagne. Depuis le début du programme, le nombre de veaux positifs a été divisé par 5.
La Besnoitiose progresse en Saône-et-Loire. 220 bovins ont été contrôlés positifs en 2024. Une étude financée par la Région est en cours sur un échantillon de 24 élevages. 12 n’appliquent aucune mesure préventive contre la maladie et servent donc de témoins. Les 12 autres élevages déploient des pièges à insectes, dépistent les animaux de plus six mois et éliminent les bovins positifs. Un dépistage de 20 % de bovins de plus 24 mois est également réalisé à l’échelle du département. 119 bovins ont été révélés positifs à ce jour.

MHE dans les Pyrénées-Atlantiques : « un raz-de-marée ! »

Les Pyrénées-Atlantiques font partie des tout premiers départements à avoir été touchés par la MHE en automne 2023. La maladie sévissait déjà en Espagne depuis plus d’un an, mais aucune mesure particulière n’avait été prise en France, d’autant que visiblement aucune collaboration transfrontalière n’existe pour ce genre de crise… Les premiers cas sont soudainement apparus dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées au mois de septembre. Des investigations ont été nécessaires avant de pouvoir identifier cette nouvelle maladie. « La MHE s’est disséminée très rapidement à tout le département. C’est la contagion la plus importante que l’on ait connue ! Un véritable raz-de-marée », témoigne Julie Blaziot, vétérinaire, directrice technique du GDS 64. Plus d’un élevage sur deux a été touché. Un vétérinaire du secteur a vu 85% de sa clientèle frappée par la MHE, rapporte l’intervenante. Les signes cliniques concernent en moyenne 2 ou 3 vaches par élevage et le premier de ces signes cliniques est l’hyperthermie (fièvre). L’animal se met alors à l’écart du troupeau ; il mange moins bien ; il commence à baver… « Plus la vache est traitée tôt, moins les signes cliniques se développent », indique Julie Blaziot. Les animaux souffrant de la MHE présentent « des lésions typiques au niveau de la bouche, notamment « une inflammation du bourrelet coronaire qui les empêche de boire et manger », décrit la vétérinaire. La déshydratation et la perte de poids peuvent entraîner la mort. La MHE étant une infection virale, il n’existe pas de traitement spécifique, informe Julie Blaziot. La prise en charge consiste à soulager la douleur avec des anti-inflamatoires et des corticoïdes, explique-t-elle. L’autre impératif est la ré-hydratation de l’animal. Elle se fait alors par « drenchage » (un tuyau d’eau dans la bouche). Le bovin infecté doit disposer d’aliments les moins irritants possibles. Une couverture antibiotique permet de limiter les sur-infections. Il est également recommandé de passer du miel ou une pommade cicatrisante dans la bouche de l’animal, détaille la directrice technique du GDS 64. Les soins durent entre sept et dix jours. Il existe une grosse disparité de réponses au traitement. La mortalité est d’environ 20 %. 30 à 40% des bovins rescapés restent maigres. Environ un quart des animaux ne récupèrent jamais et doivent être euthanasiés. Ce sont les génisses et les bovins en bon état qui se remettent mieux de la MHE. La maladie entraîne aussi une perte de fertilité et un retard de trois mois dans la reproduction, complète Julie Blaziot.