Les nombreuses attentes des agriculteurs
Depuis mardi et jusqu’à hier, 27 mars, le 79e congrès de la FNSEA était placé sous le signe de « la combativité et de la responsabilité ». L'AG de la FDSEA de Saône-et-Loire du 4 avril sera aussi l'occasion de revenir sur ce congrès à Grenoble.

Une chose est certaine. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait tout intérêt à venir avec des propositions concrètes ce jeudi 27 mars. « Car les attentes des agriculteurs sont très fortes » vis-à-vis de l’exécutif, a répété à plusieurs reprises le président de la FNSEA Arnaud Rousseau le 18 mars devant la presse. Depuis le discours du chef de l’État du 5 mars sur le réarmement, y compris alimentaire, le syndicat majoritaire, fort de sa victoire aux élections chambres (84 départements/102) est impatient que les paroles se traduisent maintenant en actes. Car « le changement de logiciel n’est pas encore arrivé dans les cours de ferme », a insisté Hervé Lapie, secrétaire général du syndicat. C’est d’ailleurs le sens du courrier que la FNSEA a fait partir le 13 mars à l’Élysée.
Pac : -54 % en 20 ans
Ces attentes sont nombreuses. Elles concernent plusieurs sujets comme la promulgation de la loi d’orientation agricole, invalidée en partie au Conseil constitutionnel, ou encore la simplification et la levée des contraintes en agriculture, après avoir failli voir le report du projet de loi Entrave. Arnaud Rousseau insiste donc : « ce texte est très attendu et que s’il n’est pas voté avant l’été, ça risque de créer de la chaleur », a-t-il averti.
Ce sujet sera naturellement abordé au sein des trois jours de congrès dont une partie se déroulera à huis clos. Il sera aussi question des sujets internationaux avec « les annonces des taxes Trump qui doivent entrer en vigueur en avril » et du prochain budget de la politique agricole commune (PAC). Sur ce point, Arnaud Rousseau a été très clair : « Il faut que l’Europe arrête d’être naïve » et qu’elle mette en place une vraie stratégie de « production et de souveraineté », a-t-il expliqué. Sa volonté est de voir le premier pilier de la Pac* sécurisé. Il rejette l’idée que le second pilier, notamment consacré aux MAEC et au développement rural, soit rattaché et dilué dans un grand fond de cohésion. Il souhaite surtout que le budget global de la Pac 2027 soit augmenté. En ne tenant pas compte d’un budget indexé sur l’inflation, ce budget « a perdu 54 % en 20 ans », a souligné Arnaud Rousseau, bien déterminé à ce que la PAC reste une « politique de cohésion » et qu’elle ne soit pas « renationalisée ».
Le « réarmement alimentaire »
La FNSEA a donc écrit le 13 mars au chef de l’État, Emmanuel Macron, pour lui assurer que « les agriculteurs sont prêts et déterminés à se mobiliser pour rendre à la France et à l’Europe la maîtrise de son destin et de sa sécurité ». La FNSEA indique que le « réarmement de notre continent est une nécessité […] Réarmement militaire bien sûr », mais aussi « réarmement alimentaire ». Arnaud Rousseau n’oublie pas qu’au cours des dernières années et malgré les sanctions internationales dont elle a été l’objet, « la Russie a su utiliser l’arme alimentaire pour déstabiliser les marchés européens et mondiaux, et ses nouvelles "routes du blé" sont de redoutables canaux d’influence dans des pays où la faim est une préoccupation du quotidien », écrit-il. De plus, « ce serait une erreur grave de penser que nos concitoyens, comme nos potentiels alliés partout dans le monde, pourront se mobiliser autour d’un projet de paix s’ils voient se profiler le spectre de la faim et de grandes privations », prévient-il.
Europe passoire et fragile
Deuxième piste proposée par la FNSEA « engager une politique offensive sur le plan du commerce et de la compétitivité au niveau français et européen », écrit son président qui n’y va pas par quatre chemins : « l’Europe est encore une passoire […] et créé les propres conditions de sa fragilité », martèle-t-il, demandant de « mettre un terme » à cette situation « avec une politique commerciale intégrant le strict respect de la réciprocité des normes ». Politique qui doit s’accompagner de « l’accélération des programmes de recherche et de développement pour rendre accessibles rapidement et au plus grand nombre les innovations agronomiques, techniques et technologiques (NGT/NBT notamment N.D.L.R.) ». Enfin, Arnaud Rousseau demande au chef de l’État, de « soutenir les agriculteurs qui entreprennent au quotidien » : ce qui suppose de « simplifier l’acte de production avec une réglementation réaliste », de leur permettre d’accéder, de manière « sécurisée » aux moyens de production, comme l’eau et de favoriser le « développement des énergies renouvelables d’origine agricole pour contribuer à la souveraineté énergétique », développe Arnaud Rousseau. « Vous avez pris des positions pour la défense de notre Nation […] Au nom des agriculteurs français, je vous demande d’être tout aussi offensif pour la souveraineté alimentaire », conclut le président de la FNSEA qui compte « pleinement jouer son rôle de corps intermédiaire ».
(*) Soutien des marchés et des revenus agricoles
FDSEA 71 : une AG placée sous le signe de la détermination
L’heure est toujours à la mobilisation, sans relâche. La FDSEA de Saône-et-Loire appelle les agriculteurs à se rassembler en nombre à l’occasion de sa 80ᵉ assemblée générale, comme pour une suite des manifestations de 2024, qui se tiendra le 4 avril dès 10h30, à la salle des fêtes d’Ouroux-sur-Saône. Un rendez-vous annuel qui s’annonce comme un véritable temps fort syndical, en présence de Romain Blanchard, secrétaire général adjoint de la FNSEA.
Après une année 2024 marquée par une série de mobilisations d’envergure, l’assemblée générale se veut être un moment de bilan, de cohésion et surtout de projection. Le syndicat agricole reviendra sur douze mois de luttes syndicales intenses, au cœur d’un climat politique instable et d’une pression sociale grandissante.
Alors que le gouvernement a dû faire face à une colère agricole généralisée, l’agriculture est revenue au centre des préoccupations nationales. Mais les avancées restent insuffisantes, et la FDSEA 71 entend bien rappeler que les revendications des agriculteurs ne sauraient rester lettre morte.
Ce rendez-vous syndical ne sera pas qu’un moment d’analyse : il servira à préparer les prochaines mobilisations, définir les priorités syndicales, renforcer la solidarité professionnelle : telle est l’ambition affichée.
La FDSEA 71 invite donc tous les agriculteurs du département à se venir massivement pour ce grand moment syndical. L’assemblée sera suivie d’un buffet convivial, sur réservation, pour prolonger les échanges dans un esprit de fraternité syndicale.
Réservation pour le buffet : fdsea71@fdsea71.fr ou 03.85.29.56.47