Marché de Saint-Christophe-en-Brionnais
Le Marché de Saint-Christophe-en-Brionnais donne un coup de pouce à l’installation et aux jeunes

Marc Labille
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Le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais s’engage pour le renouvellement des générations et dévoile ses actions concrètes en faveur des Jeunes Agriculteurs. 

Le Marché de Saint-Christophe-en-Brionnais donne un coup de pouce à l’installation et aux jeunes
Un partenariat a été signé entre le marché de Saint-Christophe représenté par son directeur Guillaume Berger (à gauche) et son président Pierre Auvolat (à droite), les JA 71 (Maxime Bonnot vice-président en charge de l’installation), la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire (Jean-Jacques Lahaye) et le Département (Josiane Corneloup).

Le 24 novembre dernier, le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais accueillait les Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire. Les JA 71 ont en effet tenu sur place leur conseil d’administration et ils en ont profité pour visiter le Cadran Brionnais guidés par le directeur Guillaume Berger, le président Pierre Auvolat et le vice-président du marché Jean-François Péguet. Cette rencontre a été l’occasion pour le marché de marquer officiellement son engagement dans la charte départementale de l’installation en agriculture. Un partenariat a en effet été signé sur place entre le marché de Saint-Christophe, les JA 71, la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et le Département. Les responsables du Cadran Brionnais ont ainsi voulu s’engager dans le renouvellement des générations en faisant un geste pour les jeunes et futurs éleveurs. « Le marché a décidé d’être partenaire en actions », présentait Guillaume Berger avant d’exposer les actions concrètes inscrites dans une charte et destinées à tout nouvel installé avec ou sans DJA.

Réduction de 150 % sur les frais de marchés sur 5 ans

Conformément au fonctionnement du marché au cadran, les jeunes bénéficieront, pour la vente de leurs animaux, de la garantie de paiement avec virement à 48 heures. Surtout, les jeunes agriculteurs se voient accorder une réduction de 150 % sur leurs frais de marchés échelonnés sur 5 ans : 50 % la première année d’installation, 40 % la deuxième, 30 % la troisième, 20 % la quatrième et 10 % la cinquième. À cela s’ajoutent tous les avantages propres au principe du marché : « un lieu de rencontre entre l’offre et la demande avec une moyenne de 80 acheteurs présents ; un outil de vente aux enchères à la pointe de la technologie ; un accès gratuit aux cotations nationales ; un service de proximité et d’échange avec les technico-commerciaux du marché », fait valoir Guillaume Berger. Ces actions seront étendues aux jeunes qui viennent des départements limitrophes, complétait le directeur.

50.000 bovins par an

Le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais accueille environ 50.000 bovins par an. En moyenne, chaque mercredi, il reçoit un millier d’animaux maigres (vente au cadran) et une centaine de bêtes grasses (gré à gré). Le marché encourage les apporteurs à annoncer leurs animaux le vendredi précédent la vente. C’est d’ailleurs la condition pour bénéficier du paiement des animaux à 48 heures. L’annonce des animaux permet d’établir un catalogue de vente relayé à tous les acheteurs potentiels. Le cadran de Saint-Christophe compte trois marchés en un : à 7 h du matin, ce sont les bovins de moins de deux ans qui passent les premiers au cadran. À 10 h 30 suivent les génisses puis à partir de 13 h les animaux d’embouche. À leur arrivée, les bovins sont pris en charge par les bouviers du marché. Ils sont allottés ; les vérifications sanitaires effectuées. Le cadran n’accepte que des bovins indemnes d’IBR et à compter de décembre, il en sera de même pour la BVD, informe le directeur Guillaume Berger. Les animaux doivent être vaccinés contre la FCO. En ce moment, le marché contrôle aussi le statut des bovins vis-à-vis de la MHE. La commercialisation est assurée par le chef des ventes. Les acheteurs enchérissent de dix en dix au moyen de smartphones. Si c’est bien le marché qui réalise la vente, l’éleveur demeure « maître de son bétail », informe le directeur. Autrement dit, il a toujours la possibilité d’annuler la vente si cette dernière ne le satisfait pas. Un système de caution bancaire (imposé aux acheteurs) protège le marché et les apporteurs des impayés.

En 2023, le marché de Saint-Christophe a accueilli 80 nouveaux éleveurs parmi ses apporteurs. Les éleveurs représentent 70 % des apporteurs pour les bovins d’embouche, « souvent des grosses charolaises fleuries », détaille Guillaume Berger. Le marché accueille aussi des commerçants privés et des groupements, nombreux dans le maigre de moins de 2 ans, signale le directeur qui énumère les nombreuses destinations export du cadran brionnais : Espagne, Pays de l’Est, Maghreb, Italie, Bulgarie, Pays-Bas, Allemagne…

La vidéo se développe…

Pour les éleveurs qui ne peuvent ou ne veulent se déplacer, le Cadran Brionnais développe la possibilité de vendre ses animaux au marché par vidéo. Un technico-commercial du marché va réaliser une vidéo des animaux en ferme avant la vente et c’est cette vidéo, également diffusée sur les réseaux sociaux, qui remplace la présence des bovins le jour de la vente.

 

Indispensables cotations

Le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais est l’un des 44 marchés en France qui permettent d’établir une cotation hebdomadaire nationale pour les bovins. Les cours du Cadran Brionnais alimentent ainsi chaque semaine la cotation officielle qui est publiée dans la presse et qui sert de référence, aux côtés des coûts de production, au sein des contrats EGAlim. Pour Guillaume Berger, ces cotations sont - tout comme les coûts de production - essentielles à la bonne défense des prix de vente par les éleveurs.

La longue histoire du marché de Saint-Christophe

Si l’on en trouve des traces historiques dès l’an 1000, le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais a véritablement été créé en 1488 par Charles VIII. C’est en 1860 qu’il a pris place au niveau du foirail actuel pour atteindre son apogée au début des années 80 avec 120.000 bovins par an et jusqu’à 4.000 animaux par marché ! Les « changements d’habitudes commerciales » et le recul de l’embouche ont ensuite fait chuter son volume à 12.000 bovins par an vers l’an 2000. Face à une mort annoncée, un groupe d’éleveurs s’est constitué avec les élus locaux et le projet de création d’un marché au cadran a vu le jour. Le célèbre marché a été transféré à la communauté de communes et la SAEM (Société Anonyme d’Économie Mixte) du Cadran Brionnais a été créée avec à son capital la chambre d’Agriculture, la chambre de Commerce, le Département, la Communauté de communes. Le marché au cadran a été inauguré en 2009 et dès lors, son activité s’est de nouveau développée pour en faire le premier cadran de France aujourd’hui. La notoriété du Marché de Saint-Christophe-en-Brionnais lui vaut d’accueillir 10.000 visiteurs par an. « Un volet touristique qui permet de passer des messages sur le territoire, les vertus de l’élevage, la qualité de la viande », confie Jean-François Péguet.