Energies renouvelables
Matour, Pierreclos et Tramayes lancent un projet éolien citoyen

David Bessenay
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Réunis au Syndicat départemental d’énergie de Saône-et-Loire (Sydesl) le 19 juillet avec leurs partenaires, les maires des trois communes de l’ouest mâconnais ont affiché leur volonté de produire leur propre électricité.

Matour, Pierreclos et Tramayes lancent un projet éolien citoyen
Les maires de Tramayes, Matour et Pierreclos veulent créer leur propre marque d’électricité verte. Ces éoliennes ne pourront s’élever qu’avec l’accord plein et entier des propriétaires.

Grâce à la loi APER (accélération de la production d’énergies renouvelables), les collectivités territoriales peuvent identifier des zones dites d’accélération pour l’installation d’énergies renouvelables. Matour, Pierreclos et Tramayes, trois communes appartenant à la Communauté de communes (CC) Saint-Cyr Mère Boitier, se sont saisies de cette opportunité pour étudier un projet éolien citoyen.

Pour ce faire, elles se sont rapprochées de différents partenaires : la société d’économie mixte Saône-et-Loire Énergies Renouvelable, Énergie Partagée (mouvement qui fédère et finance les projets citoyens de production d’énergie renouvelable). Elles ont enfin choisi un acteur incontournable des énergies renouvelables, BayWa r.e.

Produire et consommer une électricité locale

Trois ZIP (zones d’implantations potentielles) ont été repérées, essentiellement sur les lignes de crête, et l’ambition des élus est de garder la main sur ce projet, « ce n’est pas comme si on confiait les clefs à un grand groupe industriel sans droit de regard », souligne le maire de Matour, Thierry Igonnet. Il s’agit bien d’un projet de production locale et de gouvernance partagée. « Les trois communes participent de façon solidaire à ce partenariat qui a pour première étape d’étudier la faisabilité et le potentiel éolien sur leur territoire. Les décisions seront prises en concertation, et les retombées financières partagées », poursuit Michel Maya, maire de Tramayes. Les élus ont précisé que ce bloc communal était encore ouvert à d’autres communes désireuses de les rejoindre.

Les études internes dureront deux ans et porteront sur l’impact acoustique, paysager, sur la biodiversité (une partie de la zone est classée Natura 2000) mais aussi sur les conséquences sur les activités humaines et agricoles. Suivra l’instruction du dossier qui durera le même temps. La décision finale ne pourra intervenir qu’à l’horizon 2028/2029 et la production des premiers électrons verts vers 2030. Le coût des études, entre 300.000 et 500.000 €, sera supporté par le Sydesl et BayWa r.e.

Les partenaires ne veulent pas présager des résultats, « il y aura peut-être des éoliennes sur 1 commune ou 2 ou 3 ou pas du tout. Une chose est sûre, ce ne seront pas des grands parcs à 25 éoliennes, rassure le maire de Pierreclos, Rémy Martinot. On parle de 4 à 6 éoliennes maximum par zone ».

Exclusivement des zones boisées

Les zones concernées sont recouvertes de forêts, privées pour l’essentiel, ce qui sous-entend une négociation avec chaque propriétaire. Si l’emprise au sol d’une éolienne est modérée, environ 200 m2, il faut prévoir la zone du chantier, de raccordement électrique, de survol des palmes, ou encore l’élargissement des chemins, avec des indemnisations qui peuvent varier selon les usages. Il s’agira uniquement de location avec un bail qui devrait courir sur 30 ans, période au bout de laquelle l’exploitant à l’obligation de remettre le terrain en état ou de décider de poursuivre avec de nouvelles éoliennes.

Les propriétaires implantés sur ces ZIP ont déjà été avertis par courrier. « Certains nous ont dit non, il faudra donc passer à côté », annonce Thierry Igonnet. Car ce projet n’est pas déclaré d’intérêt public, il n’y aura donc pas de mesures coercitives, pas d’expropriations.

Convaincre les citoyens

Les projets d’éoliennes avortés ces dernières années sur les secteurs proches invitent à la prudence. Les élus plaident la différence : « il ne s’agit pas de produire de l’électricité à la campagne au profit des citadins. Il s’agit bien de produire de l’électricité pour notre consommation ».

Lors des différentes réunions préalables, si certains riverains se sont montrés prudents sur l’aspect paysager, « l’idée de produire de l’électricité locale plaît », soulignent les maires, notamment d’un point de vue économique. « On veut stabiliser le prix de l’électricité dans les prochaines années et pourquoi pas proposer un tarif préférentiel aux riverains ou un accompagnement à la rénovation énergétique des logements, se projette Thierry Igonnet. À terme, on voudrait que le territoire soit autonome en énergie grâce au bois, au photovoltaïque et à l’éolien ».

Les élus sont prêts à débattre pour convaincre, « on veut que les gens s’approprient le projet ». Ils en auront l’occasion lors des prochaines réunions publiques : le 4 septembre à Pierreclos, le 19 septembre à Matour et le 24 septembre à Tramayes.