Parlement européen
Les contours de la Comagri se précisent

Après les élections, place à la constitution des commissions parlementaires, afin que le nouveau Parlement européen soit en mesure de se mettre au travail d’ici fin juillet. Quelques évolutions sont à attendre du côté de la commission de l’Agriculture (Comagri) notamment dans les rangs des sociaux-démocrates assez fortement remaniés. Comme annoncé, la France semble perdre de son influence dans la commission agricole... et de partout en réalité.

Les contours de la Comagri se précisent

Deux semaines après les élections européennes, les groupes politiques finalisent leur constitution, les eurodéputés briguent des sièges dans les différentes commissions parlementaires et des postes à responsabilités. Dans ce contexte, l’eurodéputé Christophe Clergeau, qui avait repris en cours de mandat les dossiers d’Éric Andrieu et à ce titre représentait le PS au sein de la commission de l’Agriculture du Parlement européen, va se concentrer, lors de la prochaine mandature, sur la commission de l’Environnement (et siégera aussi aux commissions de l’Industrie et du Développement). Au sein de cette Comenvi, il a déjà travaillé sur le dossier des semences (dont il a été rapporteur pour avis) et des NBT. À la Comagri, c’est le nouvel eurodéputé Éric Sargiacomo (11e de la liste emmenée par Raphaël Glucksmann) qui va prendre le relais. Landais, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, il promet de « porter une voix forte en faveur d’une agriculture qui concilie l’homme et son environnement » et de travailler « pour un développement plus équilibré des territoires ».

Deux femmes prétendent au poste de coordinateur du groupe social-démocrate (qu’occupait sous la précédente législature l’Italien Paolo de Castro) : l’Italienne Camilla Laureti et l’Allemande Maria Noichl. Chez les Verts, ce devrait être l’Autrichien Thomas Waitz qui assurera le rôle de coordinateur agricole, remplaçant l’Allemand Martin Hausling (qui devrait néanmoins rester à la Comagri).

Le BBB au PPE, Reconquête à ECR

Fraîchement élus au Parlement européen, les deux membres du Mouvement agriculteurs-citoyens (BBB) des Pays-Bas, l’agriculteur Sander Smit et la spécialiste de l’élevage porcin Jessika van Leeuwen, vont, eux, rejoindre le Parti populaire européen (PPE) de droite. La décision a été validée le 18 juin lors de l’assemblée constitutive du PPE qui avec 189 membres est, de loin, la première force politique du Parlement européen. Le BBB fait aussi partie de la coalition qui va entrer au pouvoir au Pays-Bas (avec notamment le parti d’extrême droite PVV de Gert Wilders) où il héritera du ministère de l’Agriculture.

Le groupe conservateur ECR – au sein duquel vont siéger quatre des cinq élus français Reconquête, de même que les Italiens de Fratelli d’Italie de Giorgia Meloni – avec 83 membres devient la troisième force politique à Strasbourg, devant les centristes de Renew qui ne comptent (à ce stade) que 81 élus. Par contre, la dizaine d’élus de Fidesz, le parti du dirigeant hongrois Victor Orban, n’a pas rejoint (comme cela était pourtant pressenti) les rangs d’ECR. Une alliance avec le Rassemblement national au sein du groupe ID reste envisageable.

Des réflexions sur la réorganisation des commissions

Les réflexions qui avaient émergé au printemps sur une possible réorganisation des commissions parlementaires sont toujours d’actualité. La question sera tranchée mi-juillet lors de la première plénière à Strasbourg alors que les réunions constitutives des commissions parlementaires doivent se tenir la semaine du 22 juillet. Le périmètre de la Comagri devrait toutefois demeurer sensiblement le même (pas de fusion, donc, avec la commission de la Pêche). Idem pour la commission de l’Environnement qui ne devrait finalement pas être délestée de son volet Santé. Reste la question du redimensionnement des effectifs de chaque commission. Le nombre de sièges dont disposera celle de l’Environnement, la plus importante en nombre avec 88 membres, pourrait être revu à la baisse pour refléter l’affaiblissement des sujets environnementaux dans l’agenda européen et rééquilibrer les forces vis-à-vis, par exemple, de la commission de l’industrie et de l’énergie (ITRE) dont le rôle est appelé à se renforcer dans les prochhaines années.

Commission européenne : von der Leyen en pole-position pour un second mandat
Ursula von der Leyen en 2021 lors de sa visite à Taizé

Commission européenne : von der Leyen en pole-position pour un second mandat

Malgré l’absence d’accord entre les chefs d’État et de gouvernement lors de leur rencontre informelle du 17 juin, les contours de la prochaine mandature semblent prendre forme. Ursula von der Leyen, la candidate d’un groupe PPE sorti renforcé du scrutin européen, devrait conserver son poste de présidente de la Commission européenne pour un second mandat. En France, le schisme du parti Les Républicains ne facilite pas l'intégration des nouveaux eurodéputés au sein du PPE. L’heure des grandes manœuvres politiques est donc arrivée. Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont, comme prévu, entamé les discussions, le 17 juin à l’occasion d’un sommet européen informel, en vue de désigner (ou renouveler) les postes clés de la prochaine mandature. Si aucune décision définitive n’a été prise à l’issue de ce premier tour de table, la fumée blanche est attendue pour la prochaine réunion du Conseil européen prévue les 27 et 28 juin à Bruxelles. Dans cette optique, la reconduction pour un second mandat de l’Allemande du PPE (droite), Ursula von der Leyen, à la tête de la Commission européenne paraît en bonne voie. D’autant plus que son groupe politique est arrivé en tête et s’est même renforcé lors du scrutin européen (190 membres, +14). Pour y parvenir, elle devra obtenir la majorité qualifiée des États membres (quinze pays représentant 65 % de la population européenne) puis la majorité absolue du Parlement européen. En 2019, à Strasbourg, elle avait cependant été élue de justesse avec seulement neuf voix d’avance.

Ailleurs, la désignation des autres postes va dépendre des équilibres politiques sortis des urnes, mais pas seulement, puisque toute décision du Conseil européen doit aussi refléter la diversité de l’UE en termes de géographie, de taille du pays ou de genre. Plusieurs noms circulent comme celui de l’ancien Premier ministre Antonio Costa (Portugal) au Conseil Européen ou de la Première ministre estonienne Kaja Kallas à la tête de la diplomatie européenne. Mais rien n’est encore acté. Les partis et les délégations nationales vont devoir poursuivre les pourparlers. Le PPE, en force, espère rafler la mise. À Strasbourg, la Maltaise Roberta Metsola, soutenue par le PPE, est également envisagée pour un second mandat de deux ans et demi au Parlement européen, avant de laisser sa place à une personnalité d’un autre groupe politique. Concernant le futur collège des commissaires, les noms des candidats arrivent au compte-goutte. Après la nomination de Valdis Dombrovskis par la Lettonie, c’est au tour de Maros Sefcovic, actuel vice-président exécutif en charge du Green deal, d’être choisi par le président slovaque Peter Pellegrini. Enfin, concernant la composition du prochain collège des commissaires, le nom de l'ancien eurodéputé luxembourgeois Christophe Hansen (PPE) circule pour l'Agriculture.