Les brèves du 28 novembre 2023
Voici les brèves du 28 novembre 2023
Influenza : premier cas en élevage, dans le Morbihan, élévation imminente du niveau de risque
Les services d’ATM avicole (animaux trouvés morts) ont annoncé la confirmation, le 27 novembre, du premier cas d’influenza aviaire en élevage pour la saison 2023-2024, dans une exploitation de dindes située à Grand-Champ (Morbihan), près de Vannes. Les zones de protection (3 km) et de surveillance (10 km) sont « en place », et l’abattage des volailles est prévu mardi 28 novembre, précise ATM. Par ailleurs, avant ce cas, la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne indiquait dès le 24 novembre sur son site web que « la DGAL (ministère de l’Agriculture, N.D.L.R.) nous informe de sa décision de passer la France en niveau de risque modéré ». Cette élévation du niveau de risque dépend d’un arrêté ministériel, qui devait « paraître ce dimanche » (26 novembre, N.D.L.R.), selon la chambre. Lundi 27 novembre, aucun texte en ce sens n’était encore paru au Journal officiel. Selon la chambre consulaire, cette décision interviendrait à la suite de « la confirmation d’un cas en faune sauvage au niveau du lac de Madine (dans la région Grand Est, N.D.L.R.) et à une suspicion dans le delta du Rhône ». S’y ajoute « la situation évolutive dans plusieurs pays d’Europe » (Pays-Bas notamment). Et la chambre d’ajouter que « la DGAL annonce un passage probable en risque élevé à court terme si les cas se multiplient ». Depuis le début de la saison 2023-2024, le 1er août, la France compte dix cas en faune sauvage, selon la plateforme ESA.
Stratégie biodiversité : vers un cadre plus strict dans les zones de protection forte
La secrétaire d’État à la Biodiversité Sarah El Haïry a annoncé un durcissement de l’encadrement des activités humaines en zones de protection forte (cœurs de Parcs nationaux, réserves naturelles, réserves biologiques, espaces littoraux…) dans le cadre de la stratégie nationale biodiversité (SNB), présentée dans sa version finale à Matignon le 27 novembre. « On veut, d’une certaine manière, une inversion de la charge de la preuve », a indiqué Sarah El Haïry, précisant qu’actuellement seules les activités minières sont « automatiquement interdites » dans ces zones. « Plutôt que d’avoir des activités qui sont autorisées, sauf à démontrer qu’elles ont un impact significatif [sur la biodiversité], on voudrait voir s’il est possible d’avoir une liste d’activités humaines qu’on pourrait interdire automatiquement, sauf à démontrer qu’elles n’ont pas d’impact sur le territoire en question », a précisé son cabinet lors d’un débrief à la presse. Si la liste des interdictions n’a pas encore été établie, l’entourage de Mme El Haïry « ne pense pas » que l’agriculture y figurera, car il y a « énormément d’activités agricoles qui sont parfaitement compatibles avec la biodiversité » comme « la bio, l’agroforesterie [ou encore] l’élevage pastoral ».
Biodiversité : Béchu annonce un travail sur les subventions « néfastes » et un recensement
Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a annoncé, durant la présentation de la stratégie nationale biodiversité (SNB) le 27 novembre à Matignon (voir plus haut), le lancement d’un « groupe de travail tri-ministériel » pour « aller vers une division par deux » des dépenses « néfastes à l’environnement ». Ce groupe de travail – dont les travaux commenceront « dès le tout début d’année prochaine » – réunira les ministères de la Transition écologique, de l’Agriculture et de l’Économie. « On est en train d’arrêter les contours », a indiqué M. Béchu. Ces travaux visent à apporter « une expertise complémentaire » à un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale en charge du développement durable (IGEDD) rendu « en décembre dernier », a précisé le ministère de la Transition écologique lors d’un brief à la presse. Ce rapport « objectivait les besoins en financement sur la biodiversité » et « pointait les subventions néfastes » en particulier au monde agricole. Par ailleurs, Christophe Béchu a annoncé un « recensement » de la biodiversité via les traditionnels « inventaires naturalistes » et les « technologies nouvelles en particulier de l’ADN environnemental ».
Émissions industrielles : à la veille des négociations finales, les bovins toujours menacés (tribune)
Les négociations interinstitutionnelles sur la révision de la directive Émissions industrielles (IED), qui devraient être finalisées le 28 novembre à l’issue d’un ultime trilogue, se pencheront sur le traitement à réserver à l’élevage. Dans une tribune commune publiée la veille de la réunion, les eurodéputés Benoît Lutgen (rapporteur pour avis pour la commission de l’Agriculture, droite), Jérémy Decerle (centre) et Paolo De Castro (social-démocrate) alertent sur les conséquences d’une inclusion de l’élevage bovin dans le dispositif. « Avec pour seul et unique objectif de réduire les émissions, la directive appliquée au bétail pourrait nécessiter des solutions issues de la grande industrie : des animaux dans des étables fermées et des dispositifs pour purifier l’air de ces étables », préviennent-ils, avec pour conséquence « toujours plus de concentration et de standardisation ». Dans ce dossier, le Parlement européen s’est prononcé pour le statu quo : maintien de l’élevage bovin en dehors du champ d’application de la directive, pas de changement des seuils à partir desquels les élevages de volailles et de porcs entrent dans le dispositif. Les États membres se sont, eux, mis d’accord sur des seuils d’entrée pour les élevages de bovins et de porcs fixés à 350 UGB (unités gros bovin), pour ceux de volailles à 280 UGB et pour les exploitations mixtes à 350 UGB, avec des exemptions prévues pour l’élevage extensif. La présidence espagnole du Conseil, qui mène les discussions, insiste pour que l’élevage bovin soit inclus d’une manière ou d’une autre dans le futur dispositif.
Climat : le Brésil veut augmenter sa surface agricole sans déforestation
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva présentera à la Cop28 à Dubaï un plan visant à augmenter la surface agricole de son pays sans déforestation, via la conversion de pâturages, a annoncé le gouvernement le 23 novembre. À une semaine de la 28e conférence des Nations unies sur le climat (du 30 novembre au 12 décembre), l’annonce a été faite par Roberto Perosa, secrétaire en charge du Commerce et des relations internationales au sein du ministère de l’Agriculture, au cours d’une conférence de presse. « Nous avons réalisé une étude et avons comptabilisé près de 160 Mha de zones de pâturage. Sur ce total, environ 40 Mha se situent sur des zones de pâturage dégradées, mais très propices aux cultures. Alors, moyennant un certain investissement dans le sol, cette terre peut être convertie en zone cultivable », a déclaré M. Perosa. En dix ans, le gouvernement compte investir 120 Md$ et étendre les zones de culture du Brésil, qui passeraient de 65 à 105 Mha, sans déforestation. Selon lui, l’initiative privée permet actuellement de convertir près de 1,5 Mha chaque année. Le gouvernement veut accélérer et amplifier ce processus en s’appuyant sur des institutions financières brésiliennes.
Porc : la Russie recommencera à exporter vers la Chine courant 2024 (gouvernement)
Alors que la Chine vient de lever l’embargo sur la viande de porc en provenance de Russie, elle « importera du porc russe vers la mi-2024, selon la vice-Première ministre Victoria Abramchenko », indique le site spécialisé Pig Progress dans un article publié le 27 novembre. D’après elle, il resterait « trois à douze mois » de procédures administratives avant les premières expéditions (certificats vétérinaires, enregistrement dans le système vétérinaire chinois). La Russie compte y exporter environ 200 000 t, soit 10 % des importations totales de l’empire du Milieu, rapporte Pig Progress dans un autre article. Des volumes qui lui permettraient de doubler ses exportations actuelles. « Cette année, la production de porc de la Russie augmentera d’environ 5 %, soit 200 000 t. Ce rythme de croissance sera maintenu en 2024 », prévoit le média spécialisé, citant un analyste de Ricom-Trust (consultant financer). Début octobre, la Chine a levé l’embargo qu’elle avait mis en place en 2004, quand sont apparus les premiers cas de peste porcine africaine (PPA) en Russie. Depuis le 1er janvier 2023, la Russie a dénombré 38 foyers de PPA en élevage, le dernier remontant au 30 octobre, selon la plateforme française ESA (Épidémiosurveillance en santé animale).
Distribution : Casino étudiera la vente de super et hypermarchés supplémentaires
Le distributeur Casino a confirmé, dans un communiqué du 27 novembre, étudier la vente de super et hypermarchés au-delà de l’accord prévoyant la cession de 119 magasins au groupement Les Mousquetaires (Intermarché/Netto). Le quotidien Les Échos a indiqué, la veille, que Casino avait reçu des manifestations d’intérêt pour les supermarchés et hypermarchés non concernés par l’accord avec Les Mousquetaires (article payant). Casino précise dans son communiqué que les « marques d’intérêts » reçues seront « analysées par le groupe Casino et le consortium » de repreneurs « dans les prochaines semaines ». « Toute opération de cession devra être préalablement approuvée par le consortium », indique encore l’entreprise. Lourdement endetté, Casino est entré fin octobre en procédure dite de sauvegarde accélérée pour mener à bien la restructuration de sa dette et le passage de témoin à ses repreneurs, les milliardaires Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds d’investissement Attestor, attendus à l’horizon du premier trimestre 2024. Mais les performances commerciales du groupe restent décevantes et Casino a une nouvelle fois abaissé, fin novembre, ses prévisions d’activité pour la France, anticipant désormais une perte d’exploitation pour 2023 et un bénéfice d’exploitation divisé par près de deux en 2024.
Tempêtes Ciaran/Domingos : plus de 8000 sinistres agricoles enregistrés par Groupama
Groupama dénombre plus de 8000 sinistres agricoles à la suite des tempêtes Ciaran et Domingos, indique l’assureur dans un communiqué le 27 novembre. Sur la zone Loire-Bretagne, 10 % de l’ensemble des déclarations reçues concernent les agriculteurs, soit environ 5000 déclarations. « Mais le secteur représente également 50 % des dommages, soit un coût d’environ 150 M€ », souligne Groupama. Le Finistère concentre la majorité de la charge. Le secteur agricole en Centre-Manche représente plus de 2250 dossiers ouverts depuis le passage des tempêtes, soit un coût d’environ 11 M€. La Manche est de loin le département le plus touché. Depuis le passage de la tempête Domingos, les dommages sur la zone Centre-Atlantique sont estimés entre 2 et 3 M€ pour l’agriculture, avec plus de 600 dossiers ouverts, surtout en Charente-Maritime, Gironde et Vendée. Près de 500 déclarations ont été enregistrées dans le Nord-Est, pour un coût estimé à plus de 3 M€. Les deux départements les plus touchés sont le Pas-de-Calais et le Nord. Dans cette région, les estimations demeurent toujours très difficiles, « certaines zones très localisées restant inondées, donc inaccessibles aux experts », précise Groupama.
Lait : FNH publie ses recommandations pour créer « un nouveau contrat social » dans la filière
Dans un rapport sur la répartition de la valeur dans la filière laitière publié le 27 novembre, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) émet plusieurs recommandations pour « bâtir un nouveau contrat social entre éleveurs, entreprises et citoyens pour plus d’équité et de durabilité dans la filière ». Outre l’organisation d’une « conférence sociale », elle propose plusieurs mesures pour une « meilleure répartition de la valeur ». L’ONG recommande notamment de « rendre obligatoire la transparence des marges nettes des acteurs de la transformation et de la distribution ». « En ouvrant la boîte, on serait plus en mesure de voir comment mieux rémunérer les producteurs », déclare le directeur du plaidoyer Thomas Uthayakumar. Selon FNH, qui pointe un « oligopole » dans l’industrie laitière, le développement d’usines de taille intermédiaire permettrait « une meilleure traçabilité du lait ». Elle propose également de flécher les aides publiques « vers les PME ». FNH propose aussi qu’un tiers des produits laitiers soient vendus sous contrats tripartites (producteurs, industriel, distributeur), labels bio et commerce équitable d’ici 2030. Enfin, la FNH suggère la création d’un « fonds mutualisé de transition agroécologique » à destination des éleveurs, qui serait abondé « par un pourcentage minimum des bénéfices et des dividendes exceptionnels » des industriels et des distributeurs.
Agrivoltaïsme : la FFPA dénonce un projet de décret générateur de « confusions »
Entre taux d’emprise au sol, taux d’occupation des surfaces, taux de couverture, le projet de décret encadrant les installations d’agrivoltaïsme présente un risque de « nombreuses confusions », a dénoncé le 27 novembre la FFPA (producteurs agrivoltaïques). Ce texte, issu de la loi Aper du 10 mars 2023, continue d’évoluer, selon la fédération, qui cite la presse. « Le gouvernement envisagerait d’instaurer […] des taux d’emprise au sol maximum variables selon le type de culture », rapporte la FFPA dans un communiqué. Un tel choix ne lui semble « pas judicieux » d’un point de vue agronomique et technologique. « Il est important de prendre en compte la diversité des réalités pédoclimatiques et la nécessité pour les agriculteurs de diversifier les productions sur une même parcelle notamment dans le but de préserver la santé des sols », souligne le communiqué. Le projet de décret, avec des taux d’emprise selon les types de cultures, « ne va donc pas dans le sens de cet impératif agronomique », d’après la FFPA, réclamant un taux maximum de 45 %. Le syndicat pointe aussi l’arrivée de nouvelles technologies solaires, dont certaines permettent « un meilleur passage de la lumière en direction des cultures ».
« Cinq fruits et légumes par jour », un objectif plus dur à atteindre à cause de l’inflation
Les campagnes de sensibilisation à la consommation de fruits et légumes (« cinq fruit et légumes par jour ») sont une « source de frustration » pour 53 % des consommateurs, selon une étude OpinionWay pour Smartway (entreprise de lutte contre le gaspillage alimentaire) menée au début novembre. 29 % d’entre eux considèrent qu’il s’agit un « objectif difficile à atteindre » (+3 %), alors que 27 % le voient comme « un élément fondamental » dans leur alimentation (-3 %). De plus, le nombre de consommateurs qui ignorent complètement cette recommandation progresse de 3 % (à 19 %). L’impact de l’inflation pourrait expliquer cette évolution. En effet, OpinionWay précise que, en raison de la hausse des prix, 53 % des Français consomment moins de fruits et légumes pour au moins une forme de présentation en linéaire. C’est particulièrement le cas des produits frais emballés (-33 %), mais aussi des conserves et des surgelés (-22 % et -24 %). En revanche, les achats de fruits et légumes en vrac ont progressé de 23 %. D’ailleurs, le prix demeure, pour 61 % des Français, l’élément principal incitant à augmenter les dépenses en fruits et légumes, juste devant la qualité (58 %), selon OpinionWay. C’est particulièrement vrai pour les conserves (57 %) et les surgelés (59 %), et surtout pour les fruits et légumes vendus en vrac (63 %). Point positif : les fruits et légumes, malgré l’inflation, restent un poste de dépense régulier des Français (79 € mensuels).
Bio/coopératives : les adhérents de Biocer rejettent le projet de fusion avec NatUp
La majorité des adhérents de la coopérative Biocer ont voté contre le projet de fusion avec NatUp lors d’une assemblée générale extraordinaire le 23 novembre, informe NatUp dans un communiqué du 24 novembre. La coopérative normande, qui s’étend également en Picardie, Île-de-France et Eure-et-Loir, « prend acte de cette décision sans équivoque des adhérents de Biocer », indique le communiqué. Les équipes dirigeantes des deux coopératives travaillent depuis plusieurs mois sur l’intégration de Biocer au sein de NatUp. La coopérative bio de 280 agriculteurs du nord-ouest de la France devait devenir la section bio du groupe normand. Malgré l’échec de la fusion, NatUp ne renonce pas à la création d’une section bio en son sein, assure son directeur général Patrick Aps, qui « regrette » toutefois que le projet n’ait pas abouti. Sur 7000 producteurs dont 5000 adhérents, Natup compte « entre 300 et 350 producteurs bio », explique-t-il, dans les quatre filières de la coopérative : céréales, légumes, bovins et ovins. Une fusion avec Biocer, spécialiste du grain, aurait permis à NatUp de devenir « un des tout premiers collecteurs de bio en France avec plus de 40 000 t de collecte », expliquait un communiqué du mois d’octobre.
Spiritueux : Florent Morillon élu président de l’interprofession du cognac
Le BNIC (interprofession du cognac) a annoncé l’élection, ce 24 novembre, de Florent Morillon comme président. Il succède à Christophe Veral, désormais vice-président. Florent Morillon (57 ans) souhaite « une filière cognac plus verte et vertueuse, profitable à l’écosystème régional. Une filière résiliente, attractive et ambitieuse pour les nouvelles générations », d’après un communiqué. Actuellement directeur des relations viticoles et des affaires institutionnelles chez Hennessy, il était auparavant directeur général de la chambre d’agriculture de la Charente.