Performance énergétique
Le bois, un matériau taillé pour la construction
Victime de certains préjugés comme le risque d’incendie, le bois a longtemps été marginalisé dans la construction. Depuis plusieurs années, les constructeurs semblent redécouvrir ce matériau performant au niveau énergétique et environnemental, bien adapté aussi aux bâtiments agricoles.
Le 17 septembre dernier à Montbrison (Loire), l’interprofession de la filière bois-forêt Fibois Auvergne-Rhône-Alpes organisait une table ronde intitulée « Climat : avec la construction bois, vous avez tout capté ». L’occasion de mettre en avant les progrès de cette filière qui a mobilisé en 2020 quelque 4,8 millions de m3 de bois. Dans ce secteur, c’est aujourd’hui le douglas qui se taille la part du lion en raison de sa capacité à éloigner champignons et insectes mais aussi à pousser rapidement ce qui permet d’envisager des cultures par cycles de 30 à 35 ans. D’autres résineux comme le sapin ou l’épicéa sont aussi mobilisés pour la construction des charpentes, en revanche les feuillus restent encore peu utilisés hormis pour la fabrication de planchers. En progression constante depuis une quinzaine d’années, le bois représente aujourd’hui environ 10 % du marché de la construction et espère parvenir à bousculer l’hégémonie du béton dans les années à venir.
Des qualités énergétiques exceptionnelles
En moyenne, une maison construite en bois est 10 à 15 % plus chère qu’une maison classique. Pour autant, les qualités énergétiques exceptionnelles de ce matériau permettent sur le long terme de faire des économies. « Au bout de 10 à 15 ans, on parvient à rattraper le surcoût à la construction du bâtiment en bois. Les qualités intrinsèques du bois nous permettent d’obtenir des bâtiments passifs dont la consommation énergétique se limite à une cinquantaine d’euros par an, soit quatre fois moins que pour une maison en béton classique », explique Thomas Chabry, co-gérant de l’entreprise de fabrication d’ossatures en bois Lignatech basée à Saint-Haon-le-Vieux (Loire).
Dans la fabrication en bois, même les déchets sont recyclés, ils peuvent d’ailleurs être utilisés pour fabriquer de la fibre de bois, un matériau isolant qui laisse échapper l’humidité tout en retenant la chaleur. Solide et léger, le bois permet également de satisfaire toutes les audaces architecturales. Il s’adapte d’ailleurs très bien aux bâtiments agricoles, auxquels il donne un aspect authentique très apprécié. « Contrairement aux idées reçues, le bois ne représente pas un risque d’incendie plus important. Même lorsqu’il brûle, il tient debout quand d’autres matériaux se cassent au-delà d’une certaine température. Même si sa couleur change avec les années, c’est aussi un matériau qui vieillit très bien, il n’y a qu’à voir les temples millénaires en Chine », ajoute Thomas Chabry.
De nouvelles perspectives de développement
Si de nombreux constructeurs sont aujourd’hui attachés à utiliser du bois local et à faire travailler de la main d’œuvre non-délocalisable, on estime encore qu’en 2020, plus de la moitié du bois de construction utilisé en France est importé depuis l’étranger. S’il a alerté sur la fragilité des forêts face au changement climatique, Olivier Picard du CNPF a aussi rappelé lors de la table ronde du 17 septembre que développer la construction en bois en France permettait de mieux stimuler nos forêts et donc de contribuer à leur préservation. « Sur le principe, la construction permet de créer un marché du bois à longue durée de vie et donc un stockage du carbone sur le long terme. Aux forestiers ensuite de cultiver et récolter ces bois dans de bonnes conditions. » Et d’ajouter : « ce qu’il manque aujourd'hui, c'est un réseau industriel français capable de répondre à la demande, que ce soit en résineux ou en feuillus. Le pin d'Alep et bientôt le cèdre sont de nouvelles essences locales qui pourraient entrer dans la cour des espèces bois-construction. Si ces marchés se développent, la sylviculture suivra ». La construction en bois n’a décidément pas fini de se réinventer.
Pierre Garcia