Orges
Piloter ses charges face au changement climatique

Berty Robert
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La Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, avec la participation d'Arvalis, a organisé une visite d'essais d'orges. Le fil rouge en était le pilotage des charges opérationnelles face au changement climatique, dans l'objectif de préserver la rentabilité de cette culture.

Piloter ses charges face  au changement climatique
Tester de nouveaux itinéraires techniques sur orges dans l’objectif de réduire les charges opérationnelles toute en préservant la marge brute : c’est tout l’objet des essais présentés le 7 juin.

C’est sur une parcelle d’essais de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, à Rouvres-en-Plaine, au sud de Dijon, que s’est tenue, le 7 juin, une journée Innov’Action, organisée avec la participation d’Arvalis. Pour la seconde fois, la Chambre d’agriculture ouvrait ainsi ses expérimentations à l’ensemble des agriculteurs du département. Cinq grandes parties structuraient cette rencontre dont le thème principal était le pilotage optimal des charges opérationnelles face au changement climatique et dans l’objectif de préserver la rentabilité de la culture de l’orge. Les organisateurs ont abordé les questions liées à la fertilisation, en conventionnel et en bio, à la gestion des maladies, à l’adaptation de l’itinéraire technique de l’orge de printemps et à la stratégie bas-carbone. « Dans le contexte du changement climatique, précise Jérémie Blas, responsable du pôle Productions végétales annuelles à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, on a abordé la question du bas-carbone, à travers notre projet Climate Farm Démo (*). Un agriculteur engagé dans ce processus a détaillé ses actions en matière de fertilisation, lui permettant de réduire ses émissions de Gaz à effet de serre (GES). Il a réalisé un audit bas-carbone. Son but, c’est de mettre en œuvre ce qu’il a identifié comme mesures à appliquer : plus de couverts végétaux, qui constituent un gros levier, plus ou moins de labours, l’augmentation de la fertilisation organique et la diminution de la fertilisation minérale ».

Itinéraires techniques revus

Léa Bounhoure, d’Arvalis, est également intervenue. L’institut technique mène sur cette parcelle un essai sur la physiologie des orges, dans le but de déterminer les maladies qui les affectent. Ces travaux doivent permettre à Arvalis de développer ses Outils d’aide à la décision (OAD). La protection raisonnée sur les orges de printemps était abordée, à travers des tests de réduction de doses de fongicide associé, ou non, à un produit de biocontrôle. Du côté de la protection des orges d’hiver, l’efficacité des programmes fongicides sur deux sensibilités variétales contrastées a aussi fait l’objet de tests. À cette occasion, les services de la Chambre présentaient aussi des résultats d’essais sur l’apport d’oligo-éléments sur orge d’hiver, dans le cadre de la fertilisation. « Si on se base sur le comptage d’épis que nous avons fait juste avant le 7 juin, explique Laetitia Morge, conseillère agronomie et coordinatrice des expérimentations, qui a géré la parcelle en question, nous n’avons pas constaté de grosses différences avec cet apport. Il n’y a pas de différence non plus en termes de biomasse. Il nous reste à voir ce que cela donnera sur les rendements et de qualité ». « Lorsqu’on joue sur la fertilisation, poursuit Jérémie Blas, on a forcément un impact carbone et nous avons aussi revu l’itinéraire technique propre aux orges, avec des leviers potentiels et comment il est possible d’adapter ces cultures par rapport au changement climatique. Les agriculteurs présents à cette journée en ont véritablement pris conscience ». Cette adaptation de l’itinéraire technique de l’orge de printemps, que donne-t-il ? « Face au risque de potentiel de rendement limité en raison de jours chauds au moment du remplissage du grain, souligne Laetitia Morge, il va falloir ajuster ses charges afin d’optimiser la marge brute en fin de course. Nous avons donc testé différents itinéraires techniques basés sur la réduction des charges opérationnelles, en fertilisation, en fongicides, en régulateurs. En revanche, nous n’avons pas touché au semis et au désherbage. Nous verrons bien ce que cela va donner en matière de rendement. L’idée, c’est de reproduire ce type d’essai afin d’avoir un aperçu sur la rotation sur plusieurs années. Ce qui ressort pour l’instant, c’est que le nombre d’épis au m2 est en corrélation avec la quantité d’azote. Nous avons aussi regardé s’il y a eu plus de maladies là où nous avons réduit les fongicides : pour l’instant, ce n’est pas le cas ».

 

 

(*) Un dispositif européen pour lequel un réseau d’agriculteurs s’est constitué sur le département il y a un an et destiné à développer les pratiques aidant au stockage de carbone et atténuant les émissions de Gaz à effet de serre (GES).

Des idées à prendre en bio

La plateforme d’essais présentée ce jour-là avait enfin une particularité : une partie est menée en conventionnel, l’autre en bio. Cela permet des présentations croisées des travaux menés en bio, à des agriculteurs conventionnels. « Ils représentent une alternative à l’azote minéral, souligne Jérémie Blas, et cela montre comment on peut piloter sa fertilisation en bio et comment ces pratiques peuvent éventuellement être adaptées à des cultures conventionnelles, en regard de la dépendance aux engrais minéraux et à leur surcoût. La crise liée à la guerre en Ukraine nous a montré que, face à l’envolée des prix des engrais, on se doit de réfléchir différemment. Même si les prix de l’azote ont aujourd’hui baissé, il faut rester vigilant : nous ne sommes pas à l’abri que cela reparte à la hausse… ».