Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB)
2024 s'annonce chaotique
En assemblée générale, la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) est revenue sur un millésime 2024 dont la préparation est un peu chaotique. Par ailleurs, sur la réglementation phytosanitaire, la lutte contre la flavescence dorée ou les contrôles internes, le travail ne manque pas. À tout ceci s'ajoute le contexte de la dissolution qui génère beaucoup d'interrogations.
Ici aussi, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée le 9 juin a plongé tout le monde viticole dans l’expectative. Le 20 juin, à la maison du Vignoble, à Beaune, à l’occasion de l’assemblée générale de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), son président, Thiébault Huber, rappelait donc que l’une des tâches qui allait incomber à cet organisme dans les mois qui viennent serait de « former » les possibles nouveaux députés élus lors des législatives du 30 juin et du 7 juillet, afin de les acculturer au monde du vin. « Il y a aussi une grosse inconnue, poursuivait-il, sur ce qu’il va advenir du travail effectué sur la simplification (lié aux manifestations du début d’année) et sur les transmissions d’exploitations, dans le cadre du prochain projet de loi de finance, lui aussi suspendu ». Ce rôle de la CAVB auprès des parlementaires, on le comprend lorsque sont rappelés certains des combats menés en 2023 et qui ont abouti : « nous avons fait reculer certaines des contraintes sur les avertissements sanitaires qu’on voulait nous faire mettre sur nos bouteilles, mais nous devons aussi rester vigilants face au constat de la mise en place d’une diabolisation du vin au niveau européen. Ce secteur, rappelons-le, c’est 50.000 emplois en Bourgogne et d’importants besoins en recrutement, avec près de 900 offres d’emploi déposées chaque année ! »
Des stocks rassurants
Face à ces éléments, la campagne 2024 se déroule dans des conditions météo difficiles avec un débourrement très précoce, suivi de froid et d’une pression de mildiou très forte (voir encadré). Le millésime 2024 génère beaucoup de questions, dans un contexte économique toutefois pas si mauvais : « Les choses ne vont pas si mal, poursuit le président de la CAVB, nous avons les millésimes 2022 et 2023 en caves, qui sont généreux et bons. N’ayons pas peur de vivre avec un peu de stock : c’est notre meilleure garantie financière ! » Cette assemblée générale aura aussi permis de passer en revue les principaux champs d’action de la confédération : contrôles internes, aménagements de parcelles, défis techniques et adaptations de la conduite de la vigne, lutte contre les maladies et travail sur le matériel végétal… Les chantiers ne manquent pas ! Sur les contrôles internes, on peut rappeler que 161 audits de cuveries ont été réalisés en 2023, et que plus de 6.700 ha de vignes ont fait l’objet de visites de commissions. Concernant les aménagements de parcelles de vigne, la CAVB insiste auprès des vignerons sur la nécessité de faire une déclaration avant travaux : c’est encore trop rarement le cas aujourd’hui et cela peut poser d’importants problèmes.
Alimenter l’observatoire des pratiques
En 2023, la CAVB a mis en place un observatoire des pratiques pour tenter de s’adapter aux évolutions réglementaires concernant l’usage des produits phyto, mais cet observatoire a besoin de recueillir un grand nombre de données, ce qui implique une participation à grande échelle des viticulteurs lors des enquêtes destinées à nourrir l’observatoire. Une forte mobilisation est attendue, alors qu’un nouvel arrêté pollinisateur doit s’appliquer pour ce millésime, la vigne étant désormais considérée comme attractive pour les abeilles. Enfin, l’assemblée générale se devait d’aborder la problématique de la flavescence dorée. Sur le front de cette maladie, deux constats soufflent le chaud et le froid : d’une part, l’augmentation du nombre d’analyses préventives révèle plus de présence de la maladie (47 communes positives dont 40 en Saône-et-Loire, 6 en Côte-d’Or et 1 dans l’Yonne), mais, d’un autre côté, on constate que, sur le secteur où elle est historiquement apparue en Bourgogne, elle semble en recul. De fait, la montée en puissance des analyses, pour lesquelles les Conseils départementaux et le Conseil régional soutiennent financièrement la CAVB, est réelle : on en dénombrait 3.800 en 2023, l’objectif pour 2024 est de 5.000, fléchées en priorité sur le chardonnay, avant une vitesse de croisière de 6.000 analyses par an en 2025.
Mildiou : l’exemple du Bordelais
Les participants à l’assemblée générale ont pu entendre Laurent Charlier, du service technique du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) intervenir, en visio-conférence sur le mildiou. Alors que la maladie est très présente cette année, il était intéressant de revenir sur le « Plan Mildiou » mis en place en 2021 par le CIVB. Des solutions innovantes ont été étudiées avec l’aide d’un bureau d’études. « Notre plan, détaille Laurent Charlier, s’appuie sur trois axes : de la recherche, du transfert, et du développement d’essais participatifs avec des viticulteurs ». Des programmes d’études sont financés depuis 2023. Les objectifs sont de comprendre l’impact des pratiques culturales sur le mildiou, de détecter les contaminations, de comprendre le développement des épidémies et le fonctionnement des solutions, enfin, de trouver de nouvelles solutions. Les essais participatifs portent sur le biocontrôle ou les doses de cuivre à utiliser. À l’avenir, le travail va aussi porter sur la prévention du retrait de molécules actives, voire même du cuivre, en adéquation avec le Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen de substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (Parsada), lancé en 2023.