Le Solutréen ancien
Découverte exceptionnelle à Fragnes-la-Loyère
Entre septembre et décembre 2023, l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) a mené une fouille à Fragnes-La Loyère, sur prescription de l’État (Drac Bourgogne – Franche-Comté) en amont de l’aménagement d’un échangeur autoroutier sur l’autoroute A6 (au Nord de Chalon-sur-Saône) par APRR (Autoroute). Une occupation paléolithique a été découverte.
Imaginez la plaine de Saône, il y a 20.000 ans : une vaste steppe froide au couvert végétal peu développé, essentiellement composé d’herbacées, où évoluent des espèces adaptées à ces milieux extrêmes et dominées par les troupeaux d’herbivores comme le renne, le cheval, le bison ou le mammouth. Les paléontologues ont donné un nom à cette période. Là encore, la Saône-et-Loire est reine puisque cette époque, de -20.000 à -24.000 ans de notre datation, s’appelle le Solutréen ancien. Le Solutréen doit son nom au gisement préhistorique découvert en 1866 au pied de la Roche de Solutré, dans le Mâconnais actuel. Ce faciès culturel du Paléolithique supérieur se développe en France, en Espagne et au Portugal. Et une découverte toute récente vient compléter nos connaissances.
Entre septembre et décembre 2023, l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) a mené une fouille à Fragnes-La Loyère, sur prescription de l’État (Drac Bourgogne – Franche-Comté) en amont de l’aménagement d’un échangeur autoroutier sur l’autoroute A6 (au Nord de Chalon-sur-Saône) par APRR (Autoroute). Une occupation paléolithique a été découverte. Le site est implanté au sommet d’un versant dominant un affluent de la Saône, la Thalie. Des chasseurs solutréens parcourant ces territoires de steppes, notamment lors d’expéditions de chasse, ont laissé des traces de leurs passages. Silex, amas de débitage… mais pas d’ossement en raison de l’acidité naturelle du sol.
L’outillage, peu diversifié, témoigne d’une forme de spécialisation des activités pratiquées sur le site. Il est principalement représenté par des lames appointées, désignées sous le terme de « pointe à face plane », outil emblématique de la phase ancienne du Solutréen. Des burins complètent l’assemblage, la plupart étant également aménagés à partir de pointes à face plane. La culture solutréenne pourrait être l’inventrice de l’aiguille à chas et du propulseur.
Le Solutréen ancien est peu documenté avec moins d’une dizaine de références en France. Le site de Fragnes-La Loyère constitue donc un jalon important pour la connaissance de cette culture. Il comble notamment le vide existant entre les sites du nord de la Bourgogne (Arcy-sur-Cure, La-Celle-Saint-Cyr) et le sud du couloir Rhodanien (Baume d’Oullins, grotte Chabot).
