Protection du petit gibier
Des barres d’effarouchement devant les faucheuses pour sauver la vie du petit gibier

Marc Labille
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La Fédération Départementale des Chasseurs de Saône-et-Loire dispose de trois barres d’effarouchement. A l’essai chez des agriculteurs, elles permettent de sauver la vie de faons, levrauts et autres oisillons pendant les chantiers de fauche.

Des barres d’effarouchement devant les faucheuses pour sauver la vie du petit gibier
Anthony Morlet de la Fédération Départementale des Chasseurs de Saône-et-Loire qui suit le Gaec de la Verne (représenté ici par Francis Fatet et Baptiste Badot) dans l’usage expérimental d’une barre d’effarouchement.

Depuis cette année, la Fédération Départementale des Chasseurs de Saône-et-Loire dispose de trois barres d’effarouchement. Il s’agit d’un équipement agricole destiné à faire fuir le petit gibier lors des chantiers de fauche. Cette acquisition a bénéficié du soutien d’une écocontribution nationale « programme Eco-Contribuez » (Etat, Office Français de la Biodiversité), présente Anthony Morlet, technicien à la FDC 71. 

C’est en étudiant les populations de lièvres dans le département que la fédération a eu l’idée de tester ces matériels sur son territoire. Des problèmes de reproduction ont été constatés chez les lièvres de Saône-et-Loire sans que la cause en soit identifiée pour l’instant. Les chantiers de récolte fourragère pourraient avoir un impact sur la dynamique des populations, sachant qu’ils coïncident le plus souvent avec les périodes de nidification, de mise bas et d’élevage des jeunes oiseaux et mammifères (alouettes, faisans, lièvres, chevreuil…). L’évolution des itinéraires techniques avec des fauches de plus en plus précoces (enrubannage, ensilage) et un matériel plus performant, amplifie l’impact sur la faune sauvage. En Ille-et-Vilaine, pour une parcelle de luzerne, on a chiffré le taux de mortalité des lièvres lié à la fauche à environ 25 lièvres tués aux 100 hectares et par an, indique Anthony Morlet.

Un outil simple à atteler au relevage avant

A l’approche d’une machine, les jeunes animaux n’ont pas le réflexe ou pas les capacités de s’enfuir face au danger. Les poussins ne le peuvent pas et les faons et les levrauts se tapissent au sol par réflexe. Sur un tracteur muni d’une faucheuse arrière, l’ajout d’une barre d’effarouchement à l’avant de l’ensemble garantit une meilleure fuite des animaux. De la même largeur que la faucheuse, la barre est équipée de dents à peigne, de chaînes ou de tubes pendulaires traînant dans le fourrage encore debout. Le contact de ces éléments métalliques souples directement avec les animaux provoque leur fuite et leur évite d’être happés par les couteaux de la faucheuse. 

Les trois équipements acquis par la FDC 71 proviennent de l’entreprise Jourdant, installée dans l’Indre. La conception de ce modèle a été réalisée en coopération avec la Fédération des Chasseurs de l’Indre. La barre s’attèle sur le relevage avant du tracteur. Elle se relève à la verticale pour le transport avec un dernier tronçon repliable à la main. Des dents à peigne souples garnissent toute la largeur correspondant à la barre de coupe de la faucheuse arrière. Le système est très simple, facile à mettre en œuvre, comme le souhaitaient ses concepteurs. Son prix s’élève à environ 3.000 €. 

En test au Gaec de la Verne à Baudrières

Cette barre d’effarouchement est aujourd’hui utilisée dans une dizaine de fédération de chasseurs en France. En Saône-et-Loire, la FDC 71 a confié ses trois exemplaires à deux exploitations agricoles bressanne dont le Gaec de la Verne à Baudrières. La mise à disposition est gratuite. Une convention, comprenant un état des lieux, lie les deux parties. Le Gaec de la Verne s’est vu confier la barre d’effarouchement au début du mois de juillet. Sur cette exploitation laitière très à cheval sur la qualité des fourrages, les premières coupes étaient déjà effectuées depuis longtemps, mais il restait environ 80 hectares de foin à faire, retardés par les mauvaises conditions climatiques. Confrontés régulièrement à la destruction de levrauts ou de faons lors des différentes fauches, les associés étaient intéressés par l’essai de cette barre d’effarouchement. D’une largeur totale de 3,70 m, l’appareil porté à l’avant du tracteur devançait une faucheuse de 4 m. Les utilisateurs n’ont pas eu de mal à limiter la vitesse à 10 km/h comme le préconise l’usage de cet engin. Idéalement, il faudrait même faucher la parcelle de manière centrifuge, autrement dit en commençant au milieu du champ ; de sorte à pousser le gibier vers les bords plutôt que de le piéger au centre de la parcelle, informe Anthony Morlet.

L’avis des utilisateurs pris en compte

Pour cette première saison d’essai, les associés du Gaec de la Verne n’ont pas observé beaucoup de gibier car les fenaisons se sont étalées très tard du fait des orages. Mais l’outil n’a pas gêné le chantier de fauche. La barre a même permis aux chauffeurs de repérer des morceaux de bois laissés dans les prairies par les crues de l’hiver.  

Les associés du Gaec de la Verne relèvent toutefois quelques pistes d’amélioration pour l’outil. Il manquerait en effet un réglage du dévers. Un élément de sécurité (boulon de sécurité, ressort…) serait également le bienvenu en cas d’accrochage. Le repliage pourrait être entièrement mécanisé. Les intéressés font remarquer que l’outil n’est pas compatible avec les faucheuses frontales, pourtant de plus en plus nombreuses dans les campagnes.

La FDC 71 demande à chaque agriculteur de renseigner une fiche de suivi de l’utilisation de ces barres d’effarouchement. Type de parcelle, surface, détail des animaux retrouvés morts, comptages, atouts et contraintes de l’outil, vitesse de travail, etc… : autant de données pour alimenter une étude qui intègre aussi les données de comptage de lièvre sur ces mêmes communes, explique Anthony Morlet.

A noter que la FDC 71 peut attribuer une aide à l’acquisition de ce type de matériel sur un territoire de chasse donné, complète le technicien.