Réunis en congrès en pleine crise de FCO, le 13 septembre, les éleveurs d’ovins de la FNO ont demandé un « plan Marshall » pour relancer la production. Le même jour, le ministère de l’Agriculture annonçait un triplement du nombre de foyers de FCO.
Ni l’absence de Marc Fesneau, ni l’ampleur de la crise de la fièvre catarrhale ovine (FCO) n’ont semblé éteindre les ambitions des éleveurs d’ovins. Réunie en congrès à Troyes (Aube) le 13 septembre, la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA) a réclamé un « plan Marshall » pour relancer la production ovine. Le but : faire remonter, d’ici cinq ans, la production de viande d’agneau pour couvrir 55 % de la consommation française, contre 47 % aujourd’hui. Le syndicat compte aussi réduire les émissions de gazs à effet de serre de 12 % (en ligne avec le programme Life Green Sheep) et maintenir le taux d’auto-approvisionnement en lait de brebis. Pour y parvenir, la FNO veut notamment renforcer la formation et le conseil, afin d’améliorer la productivité des élevages ou encore les conditions de travail. Ce qui passerait par un « pack d’accompagnement technique » coconstruit avec les éleveurs, financé dans un premier temps par les pouvoirs publics, avant que les producteurs ne le reprennent à leur charge.
Triplement des foyers en sept jours
Le même jour que le congrès, le ministère de l’Agriculture a mis à jour le nombre de FCO-3 en France. Il a presque triplé en l’espace d’une semaine, avec 1 929 foyers confirmés au 12 septembre dans 22 départements, essentiellement dans le quart nord-est du pays. La maladie a gagné deux nouveaux départements : l’Eure-et-Loir et le Loiret. Lors du précédent bilan au 6 septembre, 712 foyers avaient été comptabilisés. Par ailleurs, au Sud, les éleveurs font face à la FCO-8 avec d’importants dégâts en élevages. Pour empêcher l’extension du sérotype 3 (exotique), les pouvoirs publics ont lancé le 12 août une campagne de vaccination volontaire dans le nord du pays, avec prise en charge des doses. Une seconde commande a été annoncée le 30 août, de 5,3 millions de doses, en plus des 6,4 millions déjà commandées. En revanche, contre le sérotype 8 (endémique), les vaccins sont à la charge des éleveurs et certains d’entre eux sont en rupture. Les indemnisations des pertes dues à la FCO devraient totaliser « plusieurs dizaines de millions d’euros », a estimé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors du congrès de la FNO le 13 septembre. « Rien qu’en ovins, on peut atteindre rapidement 100 à 150 M€ pour la France, à raison de 300 € par brebis » (pertes directes et indirectes), a-t-il complété. Arnaud Rousseau a appelé à intégrer « rapidement » un « chapitre indemnisations » dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2025, pour l’ensemble des crises sanitaires en cours, tout en rappelant sa « crainte » que les discussions budgétaires ne s’achèvent pas dans les temps.
L’urgence des vaccins
De son côté, la présidente de la FNO, Michèle Boudoin, a indiqué que le poids collecté par les équarrisseurs dans les Pyrénées-Orientales a augmenté de 880 % en un an sur la période estivale (juillet-août), en raison de la FCO-8. Une hausse qui a atteint 404 % pour l‘Ariège, ou encore 90 % pour le Puy-de-Dôme, où elle est installée. Avant l’indemnisation des pertes, « la première urgence est de disposer des vaccins », a martelé Emmanuel Fontaine, membre du bureau de la FNO. Le syndicat demande l’extension à toute la France de la zone de vaccination contre la FCO-3, ainsi qu’un « appui très fort pour un vaccin FCO-8 disponible et le moins onéreux possible ».
Y. G.