Gaec Comeau à Saint-Eusèbe
Le Gaec Comeau utilise un drone pour prendre de la hauteur
Depuis deux ans, Stéphane Comeau utilise un drone sur sa ferme. Cet outil l’aide dans la surveillance des animaux mais aussi pour les déclarations Pac.
Sur une exploitation diversifiée de 317 ha, Stéphane, Cédric et Kylian Comeau ont un troupeau bovin charolais de 140 vaches, une troupe de 140 brebis charollaises et deux poulaillers label équipés d’ombrières photovoltaïques. Le Gaec produit également environ 70 hectares de cultures.
C’est en participant à la création de la fresque géante des agriculteurs à l’occasion du passage du Tour de France 2021 que Stéphane Comeau a découvert les possibilités offertes par un drone. Pour dessiner sur le sol d’une prairie la tête d’une vache géante visible depuis les hélicoptères du Tour de France, les agriculteurs étaient guidés dans leurs gestes par un drone. Cette prouesse technologique avait séduit Stéphane qui avait immédiatement pensé à ce que pourrait lui apporter un drone sur sa ferme, en particulier pour la surveillance des animaux.
Repérer les animaux dans un pré accidenté
Sur les terrains vallonnés des environs de Saint-Eusèbe, avec de grandes prairies au relief accidenté, parsemées de haies et de bosquets, les associés ont parfois un peu de mal à localiser leurs bêtes. C’est notamment le cas pour deux parcelles d’un même ilot de 15 et 12 ha chacune. « Lorsqu’on arrive à la barrière, on ne voit pas où sont les animaux. Et la distance entre les deux extrémités d’une parcelle peut atteindre 500 m », confie Stéphane qui doit alors parcourir le pré en voiture à la recherche de ses bovins. « Le drone permet de prendre de l’altitude et de voir où sont allées les bêtes qui sont parfois cachées à l’ombre d’un bosquet. Et si le temps manque, on peut même les compter sans forcément aller les voir de près », fait valoir l’agriculteur.
Stéphane a acheté son drone en 2022. Il a opté pour le même modèle que celui qu’il avait vu en action pour la fresque du Tour de France. L’appareil a coûté environ 300 €. Son poids inférieur à 250 g dispense l’éleveur de devoir détenir un permis. Propulsé par quatre petites hélices, le drone est équipé d’une caméra orientable dans tous les sens. Elle est munie d’un capteur « 4K » offrant une bonne qualité d’image photo ou vidéo.
Jusqu’à 20 minutes d’autonomie
Le drone est accompagné d’un boîtier de télécommande avec deux petites manettes. C’est le téléphone portable de Stéphane qui sert d’écran de contrôle. Un dispositif permet de fixer le smartphone sur le boîtier. Une appli vendue avec le drone est à télécharger sur le portable. L’autonomie du drone est en théorie de 20 minutes. Mais cette durée varie avec le vent. Si l’appareil doit faire face à des courants défavorables, son autonomie peut chuter de moitié, informe Stéphane. L’utilisateur est informé en permanence de l’autonomie restante. Et le drone gère lui-même son temps, de sorte à toujours pouvoir revenir au point de départ. Une procédure de sécurité qui vaut aussi en cas de panne, complète l’agriculteur.
Pour la prise en main, Stéphane a consulté des tutoriels en ligne. Du sol, il pilote son drone sans le regarder, mais en se servant de son écran de portable fixé au boîtier de télécommande. Outre la vue depuis le drone, l’écran comporte aussi la hauteur et la distance du point de départ. Au-delà de 150 m de hauteur, une alerte retentit. C’est en effet l’une des limites imposées à ce type de drone, de même que la distance.
Surveillance des chaleurs, déclaration Pac…
Outre de repérer ses animaux au sein de grandes parcelles, Stéphane utilise son drone pour la surveillance d’un lot de vaches à inséminer. Il s’agit de femelles accompagnées d’un taureau vasectomisé (taureau rendu infertile mais sensible aux chaleurs). Le matin, il visite le lot « en voiture » mais pour la surveillance du soir, il privilégie le drone qui permet de déceler facilement les vaches en chaleur et l’activité du taureau qui en résulte.
Le drone sert aussi pour les déclarations Pac, fait valoir Stéphane. L’outil est une aide précieuse pour la cartographie des surfaces et de leurs usages. Ce fut le cas pour un andain de fumier en compostage à déclarer en « SNE ». Le drone a permis à l’agriculteur de le dessiner précisément sur sa déclaration.
Une rassurance face à la prédation
Pour Stéphane, dont l’exploitation a été victime du loup en 2020, le drone est aussi un outil de plus pour lutter contre la prédation. Il s’en sert pour surveiller ses nombreux lots de moutons, en particulier le soir, en plus de la visite du matin. Cette surveillance supplémentaire rassure au niveau psychologique, convient l’agriculteur. Outil complémentaire de surveillance au quotidien, le drone peut aussi sauver des brebis qui se seraient renversées sur le dos, fait valoir l’éleveur. Ce dernier repère parfois des brebis qui s’introduisent dans les nourrisseurs des agneaux. Le drone n’effraie pas les animaux, mais il les pertube tout de même un peu. Profitant de cet effet dérangeant, Stéphane imagine « qu’on pourrait même ramener un lot de brebis à la barrière ».