MFR du Clunisois
MFR du Clunisois : un stage dans des environnements de production secs
C'est une ambiance bien plus sèche que la Saône-et-Loire que les élèves de la MFR de Mazille ont rencontrée lors de leur stage en Andalousie, dans le sud de l'Espagne. Autour des villages blancs, les exploitations d'élevage se sont adaptées à la raréfaction de l'eau ; leur organisation présente d'autres contextes de production à ces futurs actifs de l'agriculture, source, il faut l'espérer, de nombreuses réflexions sur le lien entre les conditions naturelles et la conception de l'outil de production.
Les élèves de première de la MFR du Clunisois, en section agricole et en section vente, sont partis du 20 mars au 11 avril en stage près de Malaga. Plusieurs racontent leur adaptation à un autre contexte et la prise en compte du changement climatique par leurs maîtres de stage.
Quentin Aublanc, 17 ans, de Vérosvres, a travaillé dans une exploitation d’élevage de taureaux à corridas. « Le principal changement ? les taureaux sont moins dociles et chargent beaucoup plus les humains », indique le jeune homme. Ce sont en effet des taureaux de combat, « élevés par un matador réputé de Ronda. Dans son élevage d’environ 200 mères, il effectue la sélection de taureaux destinés aux arènes, par rapport au caractère agressif des mères, des petites vaches semblables à celles de Camargue », décrit Claude, l’un des encadrants. « Après leur naissance, les veaux sont enlevés aux mères, puis élevés avec des bœufs, pendant trois ans, dans une certaine solitude ».
Des races locales
Gabriel Geoffray, 17 ans, de Lamure-sur-Azergues, a travaillé sur une exploitation avec un élevage de porcs et la culture des oliviers. « Ces porcs sont finis à 110 ou 120 kilos ; leur viande est destinée notamment à la production de jambons. Il s’agit d’une race locale, qui a été réintroduite spécialement », décrit le jeune homme. « Ces jambons sont finis en cave d’affinage pendant dix ans, après salage et ajout d’huile, pour un prix d’environ 4.000 euros pièce ! »
Leur aliment, ils l’achètent
Romain Mégard, 17 ans de Blanot et Dylan Givry, 17 ans, de Genouilly, ont travaillé dans une exploitation laitière « de 120 vaches, des prim’holstein surtout et quelques montbéliardes, qui produit chaque année 1,3 million de litres. Ils ne produisent pas leur aliment dans leurs parcelles, sauf des prairies qu’ils ont semées, soit 15 hectares de pâture », relèvent les deux jeunes. « Les vaches ne sont jamais paillées, par manque de matériaux et de temps. Pour le fumier, ils ne peuvent pas s’en servir chez eux, du fait d’un parcellaire très réduit. Alors, ils valorisent le lisier auprès des maraîchers pour des serres ».
Le climat sec pèse sur l’organisation des exploitations, « avec de l’eau bien moins présente que chez nous. Les éleveurs fonctionnent avec des réserves, qu’ils remplissent lors des périodes pluvieuses », précisent les jeunes.
S’adapter face aux conditions sèches
Dans les exploitations porcines, « les cochons sont élevés en plein-air, souvent dans les oliveraies, qui constituent le quart des parcelles de l’exploitation. Ils y mangent les fruits tombés au sol en journée. Leur alimentation comprend aussi de l’herbe ainsi que des farines d’orge et pois chiches ». Ces élevages porcins se sont adaptés au changement climatique, « en diminuant le troupeau. D’une production initiale de 120 porcs, ils sont passés à cinq mères et une vingtaine de porcs par an à engraisser. Ils ont fait le choix de la qualité plutôt que la quantité ».
Les conditions sèches détournent aussi les éleveurs laitiers « de la production de leur alimentation animale. Ils achètent donc les maïs, tourteau, colza, farines de maïs et d’orge et même du coton, ainsi que le foin et la paille. »
