Filière lait
Renouvellement des générations : le pic démographique est passé
Installer de nouveaux éleveurs laitiers est le défi porté par l’ensemble de la profession laitière, industriels compris. Le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) s’est lancé dans une vaste campagne d’actions et de communication pour rendre la profession d’éleveur et le salariat attractifs.
Au début des années 1990, un nombre très important de producteurs de lait, nés dans les années 1930-1940, avait eu l’opportunité de cesser leur activité en prenant une préretraite financièrement très avantageuse. Trente ans plus tard, leurs successeurs cessent à leur tour leur activité. Comme ils ne prolongent pas leur carrière au-delà de l’âge requis pour prendre leur retraite à taux plein, ces producteurs laitiers de la génération 1955-1960 sont partis massivement en retraite depuis 2015. « Une partie de la baisse de la collecte de lait et de la décapitalisation du troupeau de vaches laitières, observée ces dernières années, est imputable à ce pic démographique », a affirmé Christophe Perrot, de l’Institut de l’élevage (Idele), lors du colloque « Grand Angle Lait 2024 » qui s’est tenu récemment. Une nouvelle génération d’éleveurs prend progressivement la relève même si ces dernières années le taux de remplacement est faible (35 %). « Il est dû au nombre important de départs en retraite et non pas à une chute du nombre des installations (environ 2 000 par an). En 2030, ce taux de remplacement sera de 60 % », a indiqué Christophe Perrot.
Différents leviers
Afin de reprendre le contrôle de la transition démographique, on ne compte plus les leviers sur lesquels s’appuie, depuis plusieurs mois, la profession laitière, pour la rendre plus attractive. Évidemment, le prix du lait payé aux éleveurs est déterminant. Ainsi, l’an passé, les 1 000 litres (38 mg - 32 MP) valaient 460 € en moyenne en France, soit 24 € de plus qu’en 2022. Depuis la fin 2023, on observe une reprise de la collecte de lait et un ralentissement de la baisse des effectifs de vaches laitières. La bonne qualité lactogène des fourrages récoltés réduit le recours aux concentrés. Pour attirer davantage de candidats à l’installation, le Cniel promeut l’activité auprès d’un public non issu du monde agricole dont est déjà originaire la majorité des nouveaux producteurs de lait. Sur les réseaux sociaux, il lance avec succès des campagnes de communication en mettant en scène des influenceurs, des étudiants dans leurs lycées agricoles et des agriculteurs sur leurs fermes. Le renouvellement générationnel en production laitière sera aussi assuré par de nouveaux salariés. Aussi, l’interprofession laitière fait connaître la filière dans des Salons professionnels, auprès notamment d’un large public d’actifs en reconversion et remédie à l’acculturation de France Travail aux métiers de l’élevage.
Attirer des salariés
Pour répondre aux attentes des salariés agricoles et pour limiter leur turn-over, le Cniel invite les employeurs à améliorer les conditions de travail de leurs employés sur leur exploitation. Il s’agit par exemple de réduire le nombre d’astreintes le week-end et la pénibilité des tâches en acquérant des matériels adaptés. Des salaires rémunérateurs, de bonnes relations avec l’employeur et des perspectives professionnelles ambitieuses sont aussi des atouts pour rendre le salariat attractif. La salle de traite est loin d’être dépassée. De nombreux éleveurs y restent attachés. Mais selon les deux tiers des trayeurs, la traite est un moment pénible. Aussi, l’employeur doit par exemple optimiser l’ergonomie de la salle de traite et adapter la distance des trayons afin de limiter les troubles musculo-squelettiques (TMS). La robotisation est une solution partielle aux contraintes du salariat. « Mais certains éleveurs n’ont pas anticipé les conséquences sur la charge mentale (alertes, pannes, dépannage…) », souligne l’Idele. Et l’astreinte est toujours de rigueur !