Transformation alimentaire
Les parlementaires contre l’ultra-transformation alimentaire
L’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a récemment publié, une note scientifique dans laquelle il pointe les dangers de l’ultra-transformation des produits alimentaires.
La « malbouffe » a encore de beaux jours devant elle, à en croire les députés et sénateurs qui composent l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (Opecst). Elle devient même un objet de santé publique puisque le nombre d’obèses ne cesse de croître en France et dans le monde. En juin 2021, la Ligue contre l’obésité a publié les résultats d’une enquête nationale montrant qu’environ 8,5 millions d’adultes en France (17 %) ont un indice de masse corporelle (IMC, un indicateur de corpulence) supérieur à 30 – au-delà duquel on parle l’obésité –, contre 15 % en 2012. Une autre étude a attribué au surpoids et à une mauvaise alimentation entre 5,02 et 7,94 millions de décès dans le monde en 2019. La faute à de nombreux facteurs en particulier l’alimentation ultra-transformée, dénonce l’Opecst. Ce type d’aliments tend d’ailleurs à se substituer aux aliments moins transformés, souligne l’étude parce qu’ils sont considérés par les consommateurs, « comme pratiques (prêts à consommer ou facile à préparer, de longue durée de conservation), attrayants sur le plan gustatif et permettant à l’industrie de diversifier et d’accroître son offre », précise-t-elle.
Éducation à l’alimentation
Surtout l’offre de ces produits ultra-transformés allant croissant, les députés et sénateurs craignent un effet « délétère sur l’environnement ». Car en requérant des matières premières abondantes et à faible coût, ce type d’alimentation « modifierait les modes d’agriculture pratiqués ». Concrètement, l’Opecst pense qu’il encouragerait « l’utilisation extensive d’engrais et de produits phytopharmaceutiques et conduirait à un appauvrissement de la diversité des matières premières agricoles, tant animales que végétales ». Mais cet aspect « a été moins étudié et nécessite des investigations complémentaires », indique la note scientifique.
Pour lutter contre cette dérive alimentaire, l’Opecst suggère quelques pistes en s’appuyant notamment sur le Nutriscore. Elle préconise aussi une véritable éducation à l’alimentation, notamment auprès des enfants. Un rôle qui serait dévolu à l’Éducation nationale en réintroduisant des cours de cuisine avec une dimension nutritionnelle. Ce qui permettrait aussi de « valoriser la culture culinaire française en faisant vivre notre patrimoine gastronomique, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité », ajoutent les parlementaires. L’une de leurs craintes est l’effacement de certaines traditions culinaires ainsi que la montée en puissance et la standardisation de cette offre alimentaire ultra-transformée.
Une définition des aliments ultra-transformés
Selon la classification Nova (qui signifie « nouveau » en portugais), les aliments ultra-transformés sont des aliments bruts (fruits, légumes, viande, œufs, lait, poissons, etc.) ayant subi d’importants procédés de transformation ou dont la formulation contient des additifs non nécessaires à la sécurité sanitaire du produit (colorants, émulsifiants, édulcorants, etc.) ou des substances industrielles (huiles hydrogénées, amidons modifiés, maltodextrine, protéines hydrolysées, etc.) pour imiter ou améliorer les qualités sensorielles des aliments (sodas, soupes déshydratées, produits carnés reconstitués, etc.). La notion d’alimentation ultra-transformée ne se confond donc pas avec celle d’alimentation industrielle mais concerne une classe spécifique de nouveaux aliments, précise l’étude.