Gaec de la Verne à Baudrières
Des vaches bien au frais pour faire face à la canicule !
Pour aider leurs vaches laitières à supporter les chaleurs estivales, le Gaec de la Verne a adapté son bâtiment en supprimant un bardage et en ajoutant un système de brumisation.
À Baudrières, le Gaec de la Verne est composé de Francis Fatet et de Cédric Tissot. Tous deux exploitent 310 hectares dont 80 de cultures et élèvent un troupeau de 120 montbéliardes pour une production de 1,2 millions de litres de lait. Sur cette ferme agréée en AOP Crème et Beurre de Bresse, les vaches ont accès au pâturage et leur alimentation est à base d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe ainsi que d’affourragement en vert.
Conçu au départ pour 70-80 laitières sur aire paillée avec un couloir raclé, le bâtiment était prévu pour les conditions climatiques connues à l’époque. Il était entièrement fermé avec un mur latéral surmonté d’un bardage bois. Avec le développement de l’exploitation, cette stabulation a subi une extension à cent places et elle a fini par être « surchargée » en animaux. Le paillage biquotidien générait de la poussière, la circulation d’air était insuffisante, l’espace manquait de lumière et l’ambiance y était humide en hiver, décrivent Francis Fatet et de Cédric Tissot.
Brumisateurs au-dessus des auges
Un système de brumisation a été installé dès 2010. Lors des chaleurs estivales, les éleveurs avaient constaté que leurs vaches mangeaient moins et produisaient donc moins de lait. Au pré, elles recherchaient l’ombre et renonçaient à brouter. En équipant le bâtiment d’une brumisation, les associés espéraient inciter les vaches à rentrer dans le bâtiment et à venir manger la ration. Le système de brumisation consiste en un réseau de buses alimentées en eau et suspendues au-dessus de l’auge l’alimentation. Les éleveurs le mettent en service lorsqu’il fait très chaud. Un brouillard de gouttelettes d’eau sort des buses au-dessus des vaches par intermittence. Le procédé devait procurer aux animaux une sensation de fraîcheur. Mais lors des chaleurs caniculaires, c’était plutôt le contraire : « ça faisait sauna ! », rapportent Francis et Cédric. Pour être efficace, la brumisation devait être couplée à une bonne ventilation, expliquent les deux associés.
Bardage remplacé par un filet amovible
Pour obtenir un flux d’air, ils ont décidé d’ouvrir le bâtiment. Le grand pan bardé de bois a été remplacé par un filet amovible. Motorisé, ce filet microperforé laissant passer la lumière, s’ouvre par le dessus grâce à un système d’enrouleur. Il permet aux éleveurs de maîtriser le flux d’air par une ventilation naturelle. Une solution économe en énergie puisqu’elle dispense de brasseurs d’air électrifiés. Ce filet de 3 m de hauteur sur 54 m de long a coûté environ 16.000 € au Gaec (tarifs 2020). Dix ans plus tôt l’équipement en brumisation était revenu à environ 9.000 €.
Maintien de la production en été
Pour parachever la modernisation du bâtiment, Francis et Cédric ont remplacé l’aire paillée par des logettes puis ils ont robotisé la traite il y a un peu plus d’un an.
Cette succession de modifications a nettement amélioré le confort des animaux qui souffrent moins de stress thermique en période estivale, fait valoir Cédric Tissot. Quand il fait très chaud, les associés abaissent d’abord leur rideau au maximum puis, si cela ne suffit pas, ils actionnent la brumisation. Cette dernière fait fuir les mouches, signalent les intéressés qui estiment avoir gagné en confort de travail. Ce système de lutte contre la chaleur « permet de maintenir la production en été d’où un gain économique », concluent satisfaits Francis et Cédric.
Du 29 novembre au 2 décembre dernier, le Forum Agriculture et changement climatique organisé par le Conseil Départemental proposait sept portes ouvertes dans des fermes qui innovent face au changement climatique.
Plan d’actions pour prévenir le stress thermique
« Depuis 2018, nous sommes confrontés à des été très chauds qui se révèlent problématiques pour les élevages laitiers », rapportait Olivier Girard, conseiller bâtiments à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Le dérèglement climatique provoque une remise en question dans la conception des bâtiments d’élevage avec la nécessité d’une ventilation estivale, poursuivait-il. Si une vache laitière bien nourrie et avec de l’exercice s’adapte sans difficulté à des températures négatives de – 10 à – 15 degrés, en revanche, dès + 25 à + 30 degrés, elle subit un stress thermique fort, rappelait Olivier Girard. Ce risque, il faut désormais l’intégrer dans la conception des bâtiments. Pour prévenir l’impact des fortes chaleurs, il faut tout d’abord s’assurer d’un bon abreuvement. « En été, les vaches doivent disposer d’au moins 10 cm d’abreuvoir par vache avec un débit d’au moins 10-15 litres par minute », recommande le conseiller. Les animaux doivent aussi disposer d’aliments appétents. En bâtiment, il faut être très vigilent vis-à-vis du rayonnement solaire, insiste l’expert. Le soleil ne doit pas venir réchauffer l’ambiance à travers les ouvertures. Il faut être particulièrement attentif aux tôles translucides en toiture. D’autant plus si elles sont sur un rampants orienté sud ou ouest, précise le technicien. « Le toit doit assurer un rôle de parasol », poursuit-il. Ces translucides peuvent être rendus opaques par l’application de peintures spécifiques. Les murs en bétons exposés au soleil réchauffent l’intérieur du bâtiment. Un débord de toit au-dessus de ces murs se révèle efficace. L’isolation de la toiture peut être une solution dans les constructions les plus basses. Pour améliorer la ventilation, il faut d’abord privilégier les solutions naturelles : à savoir ouvrir des murs, démonter des bardages, les remplacer par des ouvertures modulables (volets, filets, etc…). Plus coûteuse, l’installation d’une ventilation mécanique ne se justifie que si la ventilation naturelle ne suffit pas. La brumisation ou le douchage n’interviennent qu’en dernier recours, recommandent les experts.