Loisirs
Voyage en montgolfière à Madagascar

Frédéric RENAUD
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Autrefois viticulteur à Mercurey, Guy Cinquin s'est envolé en novembre dernier en direction de Madagascar. Là-bas, il a participé à un raid de montgolfières, parti de la capitale, avec des escales en différents lieux du pays. Un total dépaysement. Il nous décrit les lieux visités, la découverte des populations malgaches et de ses actions solidaires nées de ces rencontres.

Voyage en montgolfière à Madagascar
Le voyage s’est poursuivi « par la réserve naturelle d’Isalo. Cette région est aussi appelée le Colorado malgache » (Photos fournies par Guy Cinquin)

« Quand on va à Madagascar, on revient vraiment différent », lâche Guy Cinquin, un ancien viticulteur de Mercurey. « Nous sentons beaucoup d’énergie dans ce pays, entre la végétation luxuriante et la population extrêmement courageuse. Les malgaches mangent à leur faim : leurs cultures suffisent à leur autoconsommation ». Ce pays, il rêvait de le découvrir, attiré par des récits de voyage qui expliquaient « qu’une fois qu’on est allé à Madagascar, on devient une autre personne ».

Cette découverte de Madagascar, Guy Cinquin l’a effectuée en ballon. Car c’est un pilote de montgolfière reconnu qui a participé au 3e Raid de la grande île (ou de l’île rouge), en novembre 2023. Ce raid, organisé par un pilote corrézien, Frédéric Gourinel, et par une organisation de tourisme malgache a réuni 6 ballons (2 suisses, 1 américain et 3 français) dans cet état insulaire situé dans l’océan Indien. « Pour moi, c’était une belle destination de découvrir cette île ainsi que sa population ». L’implication des autorités malgaches s’explique un peu « par la quasi-absence de tourisme sur cette île, qui ne reçoit que 500.000 visiteurs par an ».

Le Ministère du Tourisme a d’ailleurs communiqué sur l’événement, « organisé par Madagascar Balloons, qui poursuit l’objectif de dévoiler les splendeurs naturelles du pays. Les éditions précédentes, en 2016 et 2019, ont déjà laissé une empreinte mémorable ». Cette initiative va dans le sens de la politique gouvernementale visant à « attirer un million de touristes internationaux d’ici à 2028 ».

Six spots malgaches

Six spots de vol avaient été choisis « pour nous faire découvrir différentes facettes de cette magnifique île, en particulier dans son centre », explique Guy Cinquin. « Le voyage a débuté avec un décollage depuis la capitale, Antananarivo. Nous sommes ensuite allés dans la région d’Ampefy, riche en volcans, sur un plateau. Nous avons ensuite fait étape à Antsirabe, connue pour ses rizières, puis à Fianarantsoa, où nous avons rencontré des producteurs de vin, de riz et de maïs, qui produisent en montagne, à 1.100 mètres d’altitude. »

Le voyage s’est poursuivi par Ambalabo « puis par la réserve naturelle d’Isalo. Cette région est aussi appelée le Colorado malgache, avec ses canyons impressionnants, même s’ils sont moins profonds et mois grands que ceux des États-Unis, avec des sources chaudes », témoigne Guy Cinquin. Le raid s’est ensuite dirigé « vers l’Allée des baobabs sur la côte ouest de l’île, à Morondava. C’est l’emblème de Madagascar ».

Le voyage en ballon s’est plutôt bien déroulé, « malgré des conditions de vol tendues en début de raid, qui s’adressait à des pilotes expérimentés, en raison de l’importance du vent et des petites parcelles qui compliquent les atterrissages », souligne Guy Cinquin. Mais chaque arrivée de ballons dans les différentes zones de Madagascar était saluée par « de nombreux enfants. Ils venaient voir ce qui se passait et proposaient aussi leur aide pour plier le matériel. Et après les enfants, tout le village arrive à son tour après avoir suivi, au sol, le déplacement du ballon ».

Des projets humanitaires

La découverte de l’île a été l’occasion de lancer des projets. Car le viticulteur bourguignon a croisé quelques restaurateurs français, qui se sont intéressés aux vins malgaches, découverts lors des étapes. « Nous avons ressenti une volonté de promouvoir ces vins. Ce qui nous a amené à rencontrer Agriculteurs français pour le développement international (Afdi) ; cette association menait déjà des réflexions sur le sujet », précise Guy Cinquin. « Leurs premiers travaux remontent à 2005, avec des producteurs intéressés par l’idée de monter une coopérative ».

Pour ces projets de développement de la transformation vitivinicole, Guy Cinquin espère une vraie implication locale « pour faire avancer ce projet de coopérative. Je suis prêt à amener des connaissances techniques, voire du matériel d’occasion, pour les aider à démarrer. Mais il reste à trouver des fonds pour résoudre la problématique du transport ». Cette demande d'implication s'appuie sur le ressenti des bénévoles d’Afdi.

Madagascar possède de réelles richesses : « ils ont une belle matière première », estime Guy Cinquin. « Il faut seulement ajouter un peu plus de technique, du matériel spécifique, travailler avec de l’égrappage et accomplir un peu plus de tri dans les cuves, pour progresser en qualité ». Le viticulteur de la côte chalonnaise souhaite « revenir à Madagascar pour assister à une vendange » et observer « comment se passent les choses, pour lancer ensuite une évolution de la production ».

Différentes formes d’aide

Les aérostiers avaient aussi emmené avec eux « des panneaux solaires ainsi qu’une pompe pour un puits. Lors de plusieurs atterrissages, les enfants nous ont emmené visiter leur école. Ce qui est marquant, c’est qu’ils ont toujours le sourire, alors qu’ils ne semblent pas riches. Là-bas, les enfants ne pleurent pas, sauf les gosses de riches qui font des caprices », observe Guy Cinquin. « Dans une école, lors de la visite, les blancs reçoivent une demande d’aide. Nous avons promis, mais exigé une facture, ainsi qu’une vidéo qui atteste de la distribution de l’aide, qui consistait en cahiers et en stylos. Ils ont ensuite tenu parole ». Et personne n’insiste longtemps « ni les enfants qui sollicitent des dons d’argent, ni les commerçants sur les marchés ».

Dans ce pays, le viticulteur bourguignon a découvert des différences culturelles, notamment par rapport à la mort. « À la campagne, leurs caveaux sont très grands et toute la famille y est enterrée. Et tous les deux ou trois ans, ils les exhument et les réenveloppent dans de nouveaux linges », se remémore Guy Cinquin. L’habitant de Mercurey décrit aussi une population différente des africains, « qui aiment les Vazâs, les étrangers blancs dans la langue malgache ».