Catherine et Lionel Besson à Saint-Racho

A Saint-Racho, un tracker solaire pour l’auto-consommation

À Saint-Racho près de La Clayette, Catherine et Lionel Besson élèvent 90 chèvres et 150 truies. À la tête de l’atelier porcin, Lionel fait naître des porcelets toutes les trois semaines qui sont élevés jusqu’au sevrage puis livrés au groupement Sirep-Massard, filiale de Soréal. Catherine produit quant à elle des fromages de chèvres qu’elle vend essentiellement à un affineur. Les deux ateliers sont assez gourmands en énergie : plus de 60.000 kWh soit 13 – 14.000 € de facture d’électricité par an, témoignent les deux exploitants. Dans la porcherie, chauffage et ventilation « consomment de l’électricité douze mois sur douze et nuit et jour », informe Lionel. Du côté de l’atelier caprin, Catherine transforme du lait toute l’année et la traite, la chambre froide, la climatisation sont gourmandes en électricité. Confrontés à la hausse du prix de l’énergie, certains adhérents du groupement porcin de Lionel s’étaient déjà équipés de panneaux solaires de type « tracker ». Lors du Sommet de l'Élevage de 2021, le couple d’éleveurs de Saint-Racho est allé rencontrer un installateur spécialisé dans ce type de centrales solaires.

Pas sur les toits…

Le tracker est un panneau solaire orientable reposant sur un pied scellé dans le sol. Lionel et Catherine préféraient cette solution, car ils ne voulaient pas de panneaux photovoltaïques sur leurs toits. La porcherie ne le permettait pas du fait de l’isolation en sous toiture et de la poussière émise par les cheminées de ventilation du bâtiment. Lionel craignait aussi le risque d’ondes électromagnétiques ou de courants parasites liés aux centrales photovoltaïques. Les truies y sont en effet très sensibles. Redoutant aussi le risque d’incendie, il n’était pas question non plus de mettre des panneaux photovoltaïques sur le stockage de paille ou de fourrage. D’ailleurs, en installant leur tracker, Lionel et Catherine ont été obligés de faire aménager une réserve d’eau pour incendie de 120 mètres cubes. Un ouvrage subventionné à 50 % par le Conseil Départemental, signale Lionel.

La première étape du projet a été une étude de consommation de l’exploitation. Un enregistreur a été posé sur le compteur de la ferme pour recenser les consommations d’électricité dans l’année. Puis une simulation d’autoconsommation d’électricité produite à la ferme a été réalisée par le bureau d’études de la société bretonne Okwind.

« Bi-axes » et bifaces…

Les trackers proposés par ce fabricant sont composés d’une surface de 75 ou 117 mètres carrés de panneaux solaires supportés par un mât de 7 mètres de hauteur. La particularité de ce système est que les panneaux sont capables de suivre le soleil d’est en ouest grâce à un mécanisme « bi-axes ». Animé par un vérin électrique, le bloc de panneaux pivote lui-même sur un axe horizontal au sommet du mât. L’ensemble tourne également au niveau d’une couronne. Cette mobilité du tracker l’autorise à rechercher le rayonnement maximum du soleil. Cela permet d’augmenter de plus de 40 à 50 % la production des panneaux solaires, assure le constructeur.

Grâce à leur conception sur pied, ces panneaux ont aussi la particularité d’être dotés de cellules « bifaces ». Le dessous capte aussi la lumière, y compris celle réfléchie par le sol. Cette propriété réhausse la production d’électricité de près de 10 % sur une prairie, fait valoir le fabricant. En outre, cette forme particulière de centrale solaire permet une meilleure ventilation des panneaux que sur un toit. Ce qui améliore encore la production, car la chaleur altère le rendement des cellules photovoltaïques. « Avec les trackers, on gagne presque 70 % de production d’énergie », résume Nicolas Némoz, technico-commercial chez Okwind.

Investissement vite rentabilisé

Catherine et Lionel ont installé leur tracker à proximité de leurs bâtiments au sommet d’une colline. Ne nécessitant qu’une très faible emprise au sol, l’engin est scellé sur une plate-forme bétonnée de seulement 2,50 m de côté. En guise de fondation, Lionel a fait couler un cube enterré de 16 mètres cubes de béton armé. Le mât est fixé sur cette dalle. Il supporte l’onduleur et les boîtiers de commande de la machine. De là, un câble enterré de 32 mm de section sur 120 m de long relie le compteur de la ferme.

L’installation a nécessité une simple déclaration de travaux. La société s’est chargée de réaliser le dossier. Le montant de l’investissement s’élève à un peu plus de 50.000 € (tarifs 2022), câble inclus et terrassement accomplis par l’éleveur. Malgré sa production d’énergie renouvelable et le caractère vertueux de l’autoconsommation, ce projet n’a bénéficié d’aucune subvention. En revanche, la banque n’a fait aucune difficulté pour le financement. Ce coût devrait être couvert par les économies de facture d’électricité réalisées pendant les dix ans du remboursement de l’emprunt, prévoient les intéressés.

Facture d’électricité divisée par trois !

Le tracker a été mis en service à la fin du mois de février dernier. S’ils n’ont pas encore le recul d’une année entière, Catherine et Lionel ont déjà constaté une chute du montant de leur facture d’électricité. Celle de fin mai est ainsi passée d’environ 2.000 € en 2021 et 2022 à 673 € en 2023 ! Et cela malgré un prix de l’électricité plus élevé, font-ils valoir.

Pour profiter au maximum de l’électricité solaire auto-produite, le couple a modifié ses habitudes tant domestiques que professionnelles. Ainsi ont-ils moins recours aux heures creuses comme ils le faisaient avant pour le chauffe-eau, le lave-vaisselle… Lionel fait en sorte de souder ou meuler en pleine journée.

Un site Internet permet de suivre la production, la consommation, l’autoconsommation en direct. L’objectif, c’est de faire coïncider au maximum la consommation de la ferme et du ménage avec la production solaire du tracker. Devant s’élever à 42 – 43.000 kWh, cette dernière devrait être autoconsommée aux deux tiers, estime l’installateur qui, grâce à cette énergie, table sur une autonomie électrique de 30 à 40 % pour Catherine et Lionel. Le surplus peut être revendu à des fournisseurs d’énergie ou sur le marché spot. La troisième option est de le destiner à du stockage virtuel, explique Nicolas Némoz.