Commission européenne
Von der Leyen, un acte II tourné vers l’agriculture

Comme prévu, l’Allemande Ursula von der Leyen a été renouvelée pour un second mandat à la tête de l’exécutif européen. Le tout en obtenant une majorité plus importante qu’en 2019. Toutefois, la locataire du Berlaymont est attendue au tournant sur les sujets agricoles. La compétitivité devrait être le maître mot des orientations agricoles pour les cinq prochaines années.

Von der Leyen, un acte II tourné vers l’agriculture

Par 401 voix contre 284 et 15 abstentions, la plénière du Parlement européen a décidé, le 18 juillet, de renouveler sa confiance à l’actuelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La majorité est plus importante que celle réunie en 2019, signe qu’elle a réussi, à l’instar de Roberta Metsola, autre personnalité de la droite européenne et réélue présidente du Parlement européen, à rallier une large partie des voix proeuropéennes de l’hémicycle. Mais, pour cet acte II, l’Allemande est attendue au tournant, notamment par le secteur agricole après un premier mandat marqué par la mise en place du controversé Green deal et de la stratégie De la ferme à la table. Dans son discours présentant ses orientations politiques pour les cinq prochaines années, elle a principalement insisté sur la notion de compétitivité dans le secteur agricole. « L’agriculture se trouve au cœur de notre mode de vie européen et doit le rester », a-t-elle assuré.

Dans cette optique, elle s’est engagée à présenter une vision pour l’agriculture et l’alimentation dans les 100 premiers jours de son mandat sur la base des résultats du dialogue stratégique lancé en début d’année. Cette vision devra définir les moyens d’assurer à la fois la compétitivité et la durabilité du secteur. Parmi les premières mesures mentionnées, elle souhaite que les agriculteurs puissent bénéficier d’un revenu « équitable et suffisant » et qu’ils ne soient pas contraints de vendre « systématiquement » leurs produits en dessous du coût de production. Ainsi, conformément aux initiatives en cours d’élaboration, Ursula von der Leyen a rappelé l’engagement envers une amélioration de la position des agriculteurs au sein de la chaîne de valeur agroalimentaire, en « corrigeant les déséquilibres existant » et en « protégeant davantage contre les pratiques commerciales déloyales ».

Au-delà de ces aspects, les orientations politiques mentionnent l’importance de la simplification, autre thème majeur abordé dans son discours (en plus de la compétitivité). « Nous devons permettre aux agriculteurs de travailler leurs terres sans bureaucratie excessive », a-t-elle indiqué. Concernant le volet environnement et climat, elle affirme que « quiconque gère la nature et la biodiversité de manière durable et contribue à équilibrer le budget carbone doit être correctement récompensé », se voulant davantage dans l’incitation que dans la répression. Pour faire face aux conséquences du changement climatique sur les agriculteurs, elle propose un plan pour l’agriculture répondant au besoin d’adaptation au changement climatique et, en parallèle, une stratégie pour la gestion durable de l’eau. Et d’ajouter : « Non seulement notre sécurité alimentaire en dépend, mais aussi notre compétitivité globale. » Concernant le Green deal, elle souhaite maintenir le cap sur les objectifs fixés pour 2030 et 2050, mais l’action de Bruxelles devrait davantage se tourner sur le secteur industriel, avec la présentation d’un « Clean Industrial Deal » dans les 100 premiers jours de son nouveau mandat.

Des mots et des actes

Un discours qui a été salué par Christiane Lambert, présidente des organisations agricoles européennes (Copa), dans un message publié le 18 juillet sur le réseau social X. Elle le qualifie de « discours très fort et ambitieux » et y voit un « très bon signal avant les conclusions du Dialogue stratégique pour l’avenir de l’agriculture !! », dont la dernière réunion doit se dérouler les 22 et 23 juillet. « Les agriculteurs vous remercient », conclut-elle. Il faut dire que le Copa associé aux coopératives européennes (Cogeca) avait publié, le 16 juillet en amont de la séance plénière, un document à l’adresse de la candidate à la présidence de la Commission européenne afin de lui rappeler qu’elles attendent « des mots et des actes pour l’agriculture ! ». Le Copa-Cogeca considère notamment l’agriculture comme l’un des trois piliers de l’autonomie stratégique de l’UE, aux côtés de l’énergie et de la défense et souhaitait qu’Ursula von der Leyen envoie « un signal fort » aux agriculteurs européens. Chose faite, a priori.