Certification Terra Vitis
« De plus en plus dans l’air du temps »

Cédric Michelin
-

Au Domaine de Cardon à Rully, l’assemblée générale de l’association Terra Vitis Bourgogne-Franche-Comté se faisait en petit comité. La faute à une pression sanitaire qui ne laisse aucun répit, surtout en ce 11 juillet ensoleillé. L’exercice 2023 a encore été riche avec notamment les 25 ans de cette certification « de plus en plus dans l’air du temps ». Les perspectives sont bonnes, notamment avec le travail de fond autour de la communication et de la reconnaissance internationale.

« De plus en plus dans l’air du temps »

Avec les pouvoirs, le quorum était atteint, se réjouissait la présidente pour la Bourgogne-Franche-Comté, la Jurassienne, Marie-Colette Vandelle. Tout comme la dizaine d’adhérents présents, elle remerciait Pierre Bouget pour son accueil.

En 2023, la certification créée dans le Beaujolais en 1998 a célébré son quart de siècle déjà. Terra Vitis continue « de monter en puissance sur la communication nationale et internationale », se réjouissait Marie-Colette Vandelle. La directrice de la Fédération nationale –qui regroupe les sept associations régionales– Anne-Laure Féroir listait les « nombreuses prises de parole » dans les médias et salons professionnels : Salon de l’Agriculture à Paris, radio internationale RFI, Tellement soif TV… La notoriété de la certification Terra Vitis « trouve un écho de plus en plus positif et dans l’air du temps », estime la présidente qui veut « garder ce cap » dans les années à venir, toujours avec le pragmatisme « d’un cahier des charges qui va dans la bonne direction ». Marie-Colette Vandelle reprenait les paroles d’une sommelière entendues sur un salon parisien : « c’est le plus intelligent des labels ».

Car effectivement, la « jungle » des certifications durables et labels environnementaux (AB, HVE, Vignerons Engagés…), notamment AB qui a la plus forte notoriété, ne laisse guère de place à l’amateurisme. Et Terra Vitis se consolide et a bien des atouts à faire valoir. C’est chose faite dans un guide « clair et efficace », présentait la directrice. Loin de s’opposer, ce guide vise à marquer les spécificités, rappelant même par exemple la « complémentarité avec le label AB puisqu’une partie de l’audit Terra Vitis est allégée sur certains points déjà contrôlés en AB ».

1,3 jour d’animations par adhérent

En Bourgogne-Franche-Comté, l’animation en 2023 a connu des changements suite au départ de Camille Petit, technicienne chambre d’Agriculture. Avec sa société Viacertis, Sabine Bombrun a fait la jonction avant l’arrivée en mai de Clarisse Gressard mise à disposition par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire pour 45 jours d’animations dédiés à Terra Vitis. « Soit 1,3 jour d’animation par adhérent », se félicitait Marie-Colette Vandelle. Un suivi optimum donc.

Sur les 35 adhérents en Bourgogne-Franche-Comté, 31 ne sont pas en Bio (414 ha), deux si (23 ha) et deux fruitières jurassiennes adhérentes en HVE et Bio en plus. Reste que les adhésions restent fragiles, à l’image des changements de stratégie notamment du côté des caves coopératives. La Chablisienne n’a pas renouvelé son adhésion (mais deux coopérateurs si), provoquant la perte de 20 coopérateurs en plus, « sur de grandes surfaces » qui plus est en 2023.

Des dynamiques selon la météo ?

La pression sanitaire – oïdium en 2023 – n’y est pas pour rien non plus. C’est pourquoi, l’association Terra Vitis travaille sur son cahier des charges. Se réunissant deux fois par an pour donner un avis sur les vendanges à venir et déterminer si les cuvées peuvent obtenir la certification. Sur une cinquantaine de dossiers vérifiés en 2023, seuls quatre ne l’ont pas été, « souvent en raison de petits dépassements de CMR et s’il n’y avait pas eu de formation SST » (sécurité, santé, travail), rapporte Clarisse Gressard qui ne voit pas de frein insurmontable.

La carte de Terra Vitis semble donc aller de pair avec la pression maladie et de la crise dans les régions viticoles. Si la dynamique est positive dans la région viticole de Rhône-Méditerranée, la plus importante d’ailleurs, et dans la Loire, le Beaujolais se stabilise après une baisse précédemment, tout comme la Champagne qui est dépendante d’une trentaine de domaines "parrainés". L’Alsace comme la Bourgogne-Franche-Comté sont donc en recul.

Notoriété en hausse

« C’est dommage, regrette Marie-Colette Vandelle qui voit que le travail de l’association était justement en train de porter ses fruits côté notoriété (+8 points entre 2023/2024), avec de plus en plus d’écoute des cavistes, des journalistes, du consortium SWR » qui permet d’accéder à des salons et à une reconnaissance internationale. C’est le cas pour le monopole scandinave, « pourtant un des plus sélectifs » en matière de vins responsables et durables.

L’association de Bourgogne-Franche-Comté ne baisse pas les bras, croit dur comme fer en ses forces et atouts et va donc lancer un « vaste plan de prospection » pour reconquérir des domaines, caves, maisons en 2024 et 2025. « À nous tous d’être de bons ambassadeurs auprès de nos collègues vignerons pour promouvoir cette belle démarche Terra Vitis qui est aujourd’hui une force dans la filière », plaidait déjà la présidente, répartissant les rôles « d’ambassadeurs » dans chaque vignoble de la région BFC.

Reconnaissance internationale

La directrice leur donnait de bonnes nouvelles en élargissant le spectre. Si 1.947 adhérents (+45.000 ha) forment une « vraie force » avec 77 coopératives, 1.842 indépendants donc (caves particulières ou vignerons coopérateurs) et 33 négociants « pour cette certification qui va de la vigne au vin en passant par les moûts », Anne-Laure Ferroir voit arriver désormais des demandes étrangères venant de Grèce, Slovénie, Belgique, Italie… « qui montrent le sérieux et la crédibilité de Terra Vitis ». Un « sérieux reconnu comme tel à l’échelle de l’Europe et à l’international », insistait-elle. « On est à un tournant, ce virage ou Terra Vitis va décoller, prophétise-t-elle car Terra Vitis est un levier pour gagner de nouveaux marchés ou ne pas en perdre. La certification du millésime arrive en premier, soit une vraie force dans les linéaires. Et c’est aussi un atout pour recruter et fidéliser du personnel. Et nous sommes en capacité d’adapter le cahier des charges pour vous laisser la possibilité de sortir une récolte même compliquée », concluait-elle par un dernier argument de poids, surtout cette année.