Organisation internationale de la vigne et du vin
Harmoniser pratiques et normes viticoles
Au terme de deux jours de discussion et de travaux, 37 pays réunis à Dijon dans le cadre de la conférence ministérielle du centenaire de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) ont adopté une déclaration commune pour renouveler leur engagement auprès de la filière viti-vinicole et de l’OIV.
Elle s’y félicite notamment de l’aboutissement récent des discussions au sein du Comité du Codex Alimentarius sur les additifs alimentaires « qui ont conduit à l’introduction d’une référence au code des pratiques œnologiques de l’OIV pour certains États membres au sein de la norme Codex relative aux additifs alimentaires ». L’objectif de l’OIV reste en effet « de contribuer à l’harmonisation des pratiques et des normes existantes ».
L’organisation a cependant pointé la nécessité d’être attentif à « la réduction de la superficie du vignoble dans le monde » et « à l’évolution des modes de consommation du vin et des produits vitivinicoles ».
Fondée par huit États en 1924 -dont sept en Europe-, l’OIV compte aujourd’hui cinquante États membres de tous les continents, représentant 75 % du vignoble mondial, 88 % de la production et 71 % de la consommation de vin.
Mâconnais et Chalonnais à la fête
Dans le cadre de ce 45e Congrès mondial de la vigne et du vin et des 100 ans de l’OIV, jeudi 17 octobre, plusieurs visites techniques étaient au programme. 13 au total dans toute la Bourgogne viticole — à Chablis, en Côte de Nuits, en Côte de Beaune…- et même dans le vignoble du Jura voisin. Deux parcours différents en Saône-et-Loire étaient proposés. Direction le Mâconnais pour le premier parcours, avec un arrêt à la cave coopérative des Vignerons des Terres Secrètes le matin à Prissé avant de partir pour la Roche de Solutré. Malheureusement, les fortes pluies ne permettaient pas à la trentaine de congressistes d’admirer le panorama depuis la roche, mais de l’imaginer depuis le bus. Second parcours dans le Chalonnais pour partir à la découverte de l’appellation Mercurey qui a fêté les 100 ans de son appellation et qui est un modèle de valorisation collective. Une trentaine de congressistes étaient également présents pour passer à la pratique, en allant au caveau Divin.
Coopération et syndicats viticoles en renfort
Des messages forts ont été prononcés et traduits dans de multiples langues. Les congressistes posaient de nombreuses questions. À Prissé, c’est la présidente de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura, Bénédicte Bonnet qui les accueillait au côté du président des Terres Secrètes, Michel Barraud. Et de rappeler que la coopération est née dans le sud de la France à la fin du XIXe siècle en raison déjà d’une crise viticole. La Bourgogne avait suivi dans les années 1920 pour « une mise en place » entre 1925 et 1932. La cave de Prissé naissant en 1928… soit après les coopératives de Vosne-Romanée, Gevrey-Chambertin ou Morey-Saint-Denis (1912) ! « Mutualisant » les moyens de production, puis de commercialisation, les caves coopératives du Mâconnais (et du Chalonnais) ont depuis fait de nouvelles mues pour monter en gamme leurs nombreuses cuvées parcellaires, leurs engagements environnementaux et désormais leurs démarches RSE (Vignerons Engagés) parmi les plus avancés de France sur le sociétal, le social, l’économie et l’écologie. L’objectif du moment est identique à celui de l’agriculture, savoir renouveler les générations. Le jeune vigneron, Adrien Martinot témoignait des aides proposées par la cave pour s’installer ainsi que les responsabilités et les projets portés par une dizaine de jeunes vignerons comme lui. Le prochain défi sera celui du dérèglement climatique. D’ailleurs, la première question était celle sur le « stéréotype », encore parfois vivace en dehors de la Bourgogne, sur le « profil aromatique standardisé » des vins des caves. Avec plus de 70 sélections parcellaires, en levures indigènes ou sélectionnées avec des vinifications et élevages adaptés aux différents marchés, les congressistes ne pouvaient que constater des infrastructures hypermodernes pour mieux valoriser la tradition bourguignonne.
100 ans de Mercurey et de l’OIV
Les messages étaient similaires à Mercurey avec le président de l’ODG, « le syndicat viticole », Amaury Devillard qui rappelait que les appellations d’origine contrôlée (AOC) sont nées de « vignerons d’autres communes qui apposaient le nom mercurey sur d’autres vins », entraînant de premiers procès devant les tribunaux. En mai 1923, l’aire de production était délimitée, peut après celle de pouilly-fuissé (1922). Aujourd’hui, la Bourgogne dénombre 82 AOC qui désormais travaillent sur leurs notoriétés respectives, individuellement et collectivement (CAVB/BIVB). Les producteurs d’AOC Mercurey se sont par exemples dotés d’un caveau collectif (Divin) qui regroupe plus de 70 vins, soit 90 % du parcellaire. Une montgolfière aux couleurs de Mercurey est aussi un outil promotionnel au service des vignerons. Enfin, la Grande Saint-Vincent tournante de Bourgogne a réuni 100.000 visiteurs sur un weekend en 2017 et les 100 ans de l’appellation l’an dernier ont fait la passerelle entre les métiers d’antan et ceux de demain : « robots, drones… maréchaux-ferrants, sabotiers… étaient tous présents. Car c’est obligatoire de connaître son histoire pour bien connaître son futur ». Une belle conclusion que ne devrait pas renier les membres de l’OIV alors que « l’ONU du vin », cadette de Mercurey, fêtait ses 100 ans cette année.