INTERCÉRÉALES
Blé dur : l’État prêt à abonder un plan de souveraineté
Le plan engagé par la filière du blé dur pour relancer la production nationale a reçu le soutien du ministre de l’Agriculture. Sur les 43 millions d’euros prévus dans le cadre de ce plan, l’État s’est dit susceptible d’y consacrer 11 millions, autour de trois axes : sécurisation, décarbonation et sélection variétale.
En moins de quinze ans, les surfaces consacrées à la culture du blé dur ont été divisées par deux en France, et ce alors même que la consommation de pâtes ne cesse de croître (+ 8 % depuis 2019). « Le blé dur est une culture à risques, qui a été un peu délaissée », a souligné le président d’Intercéréales (interprofession), Jean-François Loiseau, lors du Salon de l’agriculture le 29 février. Cette contraction de la production avait déjà poussé la filière du blé dur et Intercéréales à construire, depuis deux ans, un plan pour relancer la production. Des efforts que le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau s’est engagé à soutenir via la signature d’une proposition de plan de souveraineté blé dur, rapporte un communiqué du ministère. Le plan est prévu pour une durée initiale de cinq ans, avec un montant de 43 millions d’euros (M€). L’État s’est dit « susceptible » d’y consacrer 11 M€.
Reconquérir des parts de marché
Organisé autour de trois volets – sécurisation, décarbonation et sélection variétale –, le plan blé dur visera tout d’abord à enrayer le déclin constaté des surfaces de blé dur en France, puis à développer les surfaces et les volumes produits, notamment par la recherche sur les questions génétiques et agronomiques. Par ailleurs, il s’agira de « reconquérir des parts de marché » pour les pâtes, afin d’arriver à 45 % de parts de marché d’ici 2033, contre environ 35 % aujourd’hui, soit une croissance de 1 % par an lors des dix prochaines années. La filière du blé dur est confrontée à une situation singulière. Derrière l’Italie, la France est le deuxième pays producteur de cette céréale. Mais sur 1,3 Mt de grains produits par an, près d’un million est exporté vers d’autres pays de l’Union européenne et le Maghreb. Parallèlement, les deux tiers des pâtes alimentaires consommées dans l’Hexagone sont importés, principalement d’Italie et d’Espagne. « On ne transforme pas assez notre blé dur en France. Il faut produire plus en France, alimenter les usines », mais aussi « continuer à exporter », a commenté Jean-François Loiseau. Le plan vise également à réduire l’empreinte carbone de la filière, avec l’objectif d’une diminution des émissions de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2030 (par rapport à 2015). En outre, il vise à sécuriser une partie de la filière en instaurant des contrats entre les différents maillons (producteurs, collecteurs et industriels) et en réfléchissant aux différents mécanismes assurantiels à mettre en place.