Économie d’énergie
Un récupérateur de chaleur équipe le laboratoire

Marc Labille
-

A la Ferme des Blancs, la famille Malatier s’est équipée d’un système de récupérateur de chaleur. La chaleur dégagée par le groupe froid est utilisée pour chauffer l’eau du laboratoire. Une économie substantielle à la clé. 

Un récupérateur de chaleur équipe le laboratoire
Le laboratoire est équipé d’un chauffe-eau de 1.500 litres chauffé par le système « Boostherm ». Il récupère la chaleur dégagée par le groupe de froid.

Le premier laboratoire construit par la famille Malatier date de 2003. Il était déjà aménagé à l’intérieur du corps de ferme historique et avait coûté à l’époque environ 70.000 €. Avec le développement de l’activité de transformation de la Ferme des Blancs, l’atelier a subi des évolutions tous les trois - quatre ans, raconte Jean-Paul Malatier. Mais à la fin des années 2010, le succès commercial de l’entreprise imposait de « re-imaginer le laboratoire ». Les travaux ont été réalisés en 2020 et la surface du nouvel outil de travail est passée à 280 mètres carrés avec salle de découpe, salaison, chambres froides, salles de charcuterie, traiteur, emballage, etc. Le coût de ce nouvel outil s’élevait à 360.000 € HT. L’EARL a bénéficié d’une subvention de la Région d’un montant de 109.000 €.

Pour concevoir ce nouveau laboratoire, la famille Malatier s’est fait aider par le Cerd (Centre d’étude et de ressources sur la diversification). Cette association de producteurs régionale accompagne de son expertise le développement des circuits courts. Elle conseille notamment sur les questions des énergies, d’emballage, de fixation des prix, présente Françoise Morizot-Braud, directrice du Cerd.

Une facture d’électricité de 35.000 € par an !

Les consommations d’énergie d’un laboratoire comme celui de la Ferme des Blancs sont importantes. Pour la famille Malatier, la facture d’électricité est montée jusqu’à 35.000 € par an. Le prix de l’électricité a été multiplié par deux depuis le début de l’activité. Une charge qui s’ajoute à celle de l’alimentation des animaux, surtout avec des monogastriques, fait remarquer Jean-Paul Malatier qui explique que cette inflation a conforté les associés à produire un maximum d’aliments sur la ferme. D’autant que les céréales et les protéagineux fermiers sont incomparables en termes de qualité, fait-il valoir.

Un groupe froid qui chauffe l’eau…

C’est le frigoriste chargé de monter le dispositif de froid qui a conseillé à la famille Malatier d’opter pour un système de récupérateur de chaleur. Au lieu d’installer un groupe de froid par salle, il a été décidé d’équiper l’ensemble d’un seul et unique groupe dont l’air chaud serait récupéré pour chauffer l’eau. La consommation du laboratoire s’élevant à 1.500 litres d’eau chaude par jour, fait valoir Jean-Paul.

Le laboratoire est donc équipé d’un chauffe-eau de 1.500 litres chauffé par le système « Boostherm ». La chaleur dégagée par le groupe de froid est récupérée et une résistance électrique à l’intérieur du chauffe-eau ajuste la température de l’eau à 65 °C (norme sanitaire). C’est en été, lorsque le groupe de froid tourne le plus, que le chauffe-eau récupère un maximum de chaleur. En hiver, comme le groupe de froid tourne moins, la consommation électrique du chauffe-eau est plus élevée.

Pour ce système, la famille Malatier a pu bénéficier d’une aide à l’économie d’énergie de 24.000 € (aide CEE qui passe par le frigoriste installateur).

Le système est équipé d’un enregistreur de températures qui émet des alertes sur le téléphone des associés ainsi que sur celui du frigoriste. En cas de panne, l’exploitation dispose d’un groupe de secours pour assurer la continuité du froid.

224 €/an à la place de 2.155 €/an !

D’après l’étude préalable réalisée par le fabricant du chauffe-eau, la facture d’énergie pour chauffer l’eau devait passer de 2.155 €/an sans le système « Boosthterm » à 224 €/an avec le système « Boosthterm ». Cela représente « une grosse économie », souligne Jean-Paul Malatier. La solution mérite d’être étudiée dès la présence de plusieurs chambres froides, d’une certaine puissance du groupe de froid (température maintenue à un ou deux degrés ici) et d’une consommation en eau chaude importante, fait valoir Françoise Morizot-Braud. Pour les personnes concernées, des simulations sont possibles en ligne sur le site : https://www.ecolacteo.com/Simulator/, complète la directrice du Cerd.

 

 

Et bientôt des panneaux solaires !

Pour aller plus loin dans sa maîtrise de l’énergie, la Ferme des Blancs est en train d’investir dans une centrale photovoltaïque en autoconsommation. Le projet est de 323 kWc correspondant à 1.500 mètres carrés de panneaux solaires. Ces derniers prendront place sur des toitures existantes ainsi que sur un bâtiment neuf. Avec cette centrale solaire, la famille Malatier prévoit de couvrir environ la moitié de sa consommation d’électricité soit une économie de 18.000 €, fait valoir Jean-Paul Malatier. La vente à EDF du surplus produit devrait générer une recette de 34.000 €. Cela ferait donc un bénéfice de 52.000 € par an, calcule l’agriculteur. Largement de quoi couvrir le coût d’investissement (23.000 €/an avec un amortissement sur 15 ans). Au final, il resterait un bénéfice de 29.500 € par an, fait valoir Jean-Paul Malatier. La famille prévoit d’adapter ses consommations d’électricité pour profiter davantage de la production des panneaux solaires. L’avantage d’un tel laboratoire, c’est que la production maximale des panneaux solaires correspond aux périodes où le groupe froid tourne le plus.

Et récupération des eaux de pluie

Les nouvelles toitures mises en œuvre seront équipées d’un dispositif de récupération des eaux de pluie. Cette eau sera filtrée et stockée dans une cuve enterrée de 75.000 litres. Elle alimentera l’abreuvement des animaux de la ferme dont la consommation annuelle s’élève à 4.500 mètres cubes, indique Jean-Paul Malatier. Le projet devrait bénéficier d’une subvention départementale pour la partie récupération des eaux de pluie. Le Gaec a également fait une demande d’aide sur les fonds Feader à la Région…