Filière viande
Une décapitalisation moins marquée en région

Interbev Aura a tenu son assemblée générale ordinaire le 14 juin à Lyon. L’interprofession régionale bétail viande a dressé le bilan de l’année 2023. Un fort engagement dans les filières chevreau et agneau, une volonté d’acquérir de nouveaux consommateurs de bœuf français et de produire toujours plus durablement pour le maintien de la filière, sont trois axes forts de l’année écoulée. 

Une décapitalisation moins marquée en région
Donner davantage de visibilité aux éleveurs est l’un des défis d’Interbev Aura pour recréer du lien entre producteurs et consommateurs. ©Charlotte Bayon

Lionel Rittaud, président d’Interbev Aura, a amorcé l’assemblée générale de l’interprofession avec un rapport moral optimiste, reconnaissant du travail de ses équipes et des projets menés : parmi eux, des partenariats avec l’Institut de l’élevage (Idele), la chambre d’agriculture régionale, le Criel Alpes – Massif central ou encore de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf). « Des appuis nécessaires », selon le président « pour apporter un relais aux orientations d’Interbev et des actions que nous menons en région, pour le maintien d’une filière élevage viande », s’est-il exprimé. « Chacun a des impératifs, au sein de chaque maillon. Mais c’est de manière collective que nous devons expertiser les enjeux, pour produire et distribuer des viandes responsables, qui s’inscrivent dans la durabilité de nos filières ». Des partenariats qui ont donné lieu à de nombreuses actions sur l’année écoulée.

« Où va le bœuf ? »

Présentée par Romain Kjan, directeur d’Interbev, l’étude « Où va le bœuf ? » en partenariat avec l’Idele a vocation à déterminer les habitudes des Français en termes de consommation de viande bovine. Interbev dresse le bilan de cette 3e édition en dénotant une consommation stable entre 2017 et 2022, mais avec davantage de viande d’import (de 21,7 à 23,2%) au détriment de la viande française : « la France ne produit pas suffisamment par rapport à ce qu’elle consomme », a souligné le directeur de l’interprofession. En région, bassin de 8 millions d’habitants, la viande bovine perd également du terrain avec une production de 134 000 tonnes équivalent carcasse de bovins en 2023, contre 151 000 en 2017. Carole Cheneau, chargée de mission pour Interbev Aura, précise : « La décapitalisation du cheptel bovin se poursuit partout en France, mais reste moins marquée en Auvergne-Rhône-Alpes
( - 8 % en région, - 13 % au niveau national) ». Les abattages, eux, ont connu une baisse de 5 % de 2022 à 2023. Interbev rappelle tout de même les caractéristiques positives de la production régionale, première en nombre de vaches, 2e en abattage, avec un cheptel qui tend à se stabiliser. Côté consommation, en 2023, les Français se tournent de plus en plus vers le haché et davantage de viande transformée. La demande régionale, elle, est plutôt orientée vers la production locale et la consommation de viande maigre.

La viande d’agneau en perte de vitesse

Par ailleurs, l’interprofession régionale a mis en place le dispositif « Changeons l’agneau » pour réconcilier les consommateurs avec cette viande en perte de vitesse. C’est notamment la moyenne d’âge de la majorité des consommateurs qui inquiète : 77 % des acheteurs ont en effet plus de 50 ans. L’interprofession a ainsi décidé d’accompagner la restructuration de l’offre régionale de viande d’agneau pour séduire davantage les jeunes consommateurs. De plus petites découpes, davantage de préparations élaborées, un prix portion plus attractif, autant de solutions qui réinventent la consommation d’agneau plus adaptée aux jeunes consommateurs. Le projet a connu un fort engouement de la part des bouchers artisanaux et tous les syndicats ont répondu présent. Interbev a donc intensifié la communication sur cette filière grâce à un partenariat avec des centres de formation d’apprentis (CFA).

Charlotte Bayon