Conseil

Pour votre bâtiment d'élevage, l'oeil de l'architecte

Sur le thème du bâtiment agricole, le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) de la Nièvre intervient depuis plusieurs années. L’accompagnement des agriculteurs dans leurs projets de construction ou d’aménagement paysager fait partie de ses missions. Cela a commencé dans les années 1990 avec des projets d'aménagements de cours de fermes. « L'idée, alors, explique Christophe Joly, architecte au sein du CAUE 58, était de séparer l'espace privatif de l'habitation de l'exploitant, de son activité agricole, et de voir comment on pouvait traiter ce thème-là ». Par la suite, différentes mesures ont contribué à ce que des porteurs de projets de bâtiments agricoles fassent appel à cet organisme : Contrats territoriaux d'exploitation (CTE), Contrats de projet individuel (CPI), Plans nationaux de modernisation des bâtiments d'élevage (PNMBE), Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAE), etc.

« Une attention particulière »

Avec la mise en place de ces derniers, le CAUE s'est rapproché du Conseil départemental de la Nièvre en proposant de se déplacer sur les exploitations et d'établir des fiches conseils faisant office de canevas afin d'obtenir les aides du Département. « C'était un système intéressant, poursuit Christophe Joly, qui permettait d'éviter une dispersion des subventions, un saupoudrage qui n'avait pas beaucoup de signification. L'obtention de la subvention départementale était soumise à la validation de la fiche conseil réalisée par un architecte. Je trouve que rien ne vaut un déplacement sur les lieux du projet. Ça me permet, en tant qu'architecte, de mieux analyser les choses, de discuter avec l'exploitant agricole et de lui montrer qu'on porte une attention particulière à ce qu'il veut faire... ». Pour apporter des conseils pertinents en termes de conception d'un bâtiment agricole ou du point de vue de son intégration dans le paysage, il importe à l'architecte du CAUE de bien comprendre le fonctionnement de cet outil de travail, comment il s'inscrit dans la marche globale de l'exploitation. Cela conditionne les choix d'orientation du bâtiment. « On étudie avec précision l'altimétrie du lieu, les courbes de niveau du terrain, on regarde avec l'agriculteur si on peut conserver tel arbre ou telle haie à proximité du bâtiment, on prête aussi une grande attention aux problématiques de ventilation, dans les bâtiments d'élevage... Le but c'est de s'imprégner du site pour que la construction s'y intègre bien et tout cela fait l'objet de discussions avec le porteur du projet » poursuit l'architecte du CAUE.

Palmarès des constructions

Christophe Joly a ainsi visité jusqu'à huit exploitations par jour pour mener ses missions de conseil, mais aujourd'hui les choses ont changé : le poids de la visite d'un architecte dans l'obtention de subventions n'est plus aussi reconnu. Ce professionnel le regrette : « je trouve que, depuis trois ou quatre ans, on a fait marche arrière sur cette dimension, c'est dommage. Nous avions réalisé un maillage considérable et notre travail avait aussi été remarqué par la Région, qui apporte également des subventions sur les bâtiments agricoles. Cette collectivité souhaitait également soumettre l'attribution de ses subventions à l'avis de l'architecte du CAUE. Malheureusement, pour des questions administratives, cela ne s'est pas concrétisé... » Christophe Joly est, par ailleurs, un fervent partisan de l'utilisation du bois dans la construction de bâtiments agricoles et le CAUE 58 a lancé en 2017-2018 un palmarès du bâtiment agricole en bois, en partenariat avec Groupama et le Conseil départemental.

Berty Robert