Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle pandémie et du retour des confinements ? La multiplication des cas de grippe aviaire inquiète sérieusement les scientifiques du monde entier, notamment ceux détectés aux États-Unis.
Depuis le début 2024, plus de 10.600 cas ont été répertoriés sur les oiseaux sauvages, auxquels s’ajoutent de nombreux foyers dans 49 États (sur 50) touchant 115,2 millions de volailles. Plus alarmante est l’épidémie en cours dans 15 États qui a impacté 720 troupeaux. Pas moins de 58 cas humains de grippe aviaire ont été recensés depuis le 1er janvier aux États-Unis principalement chez des personnes exposées directement aux bovins et aux volailles touchés.
Selon la revue Science, « la version de la grippe aviaire infectant les vaches américaines n’est plus qu’à une mutation d’une propagation plus aisée parmi les humains ». Plus le virus est capable d’infecter des animaux et des espèces différentes, « plus il y a de probabilités qu’il s’adapte pour mieux infecter l’homme », a averti Meg Schaeffer, épidémiologiste à l’institut américain SAS. Près de la moitié des 904 cas humains de H5N1 enregistrés depuis 2003 ont été mortels, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui craint une « nouvelle pandémie » et appelle à la plus grande vigilance. Ce qui ne semble pas être la future politique du prochain gouvernement Trump qui a annoncé nommer Robert Kennedy Jr au poste de Ministre de la Santé, lui qui est connu pour ses théories complotistes sur les vaccins Covid.
Surveillance du lait aussi
Sans attendre janvier donc, les services vétérinaires américains ont mis en place une stratégie de détection du virus H5N1 de l’influenza aviaire dans le lait cru au niveau fédéral, a annoncé l’USDA (ministère) le 6 décembre. L’ordonnance publiée le jour même vise à remonter méthodiquement jusqu’aux élevages infectés et à faire régresser les cas jusqu’à l’élimination de la maladie. Depuis la première infection en élevage laitier en mars 2024, plus de 700 cas ont été déclarés. Dans le communiqué de l’USDA, Tom Wilsack, secrétaire d’État à l’Agriculture, argumente que cette surveillance éclairera les agriculteurs et personnels sur l’état sanitaire des animaux et les aidera à se protéger.
De notre côté de l’Atlantique, d’après une étude récemment parue dans la revue Emerging Infectious Diseases, des chercheurs de l’Anses ont isolé, pour la première fois en France, le virus de l’influenza D chez des porcins, alors qu’il est habituellement présent chez les bovins, prouvant ainsi une transmission inter-espèces. Des travaux menés après la contamination survenue en 2022 dans un élevage breton multi-espèces. Les chercheurs ont aussi mis en évidence une propagation au sein du troupeau porcin. Le virus influenza D en cause était une « souche réassortie » présentant « deux mutations uniques » capables « d’augmenter la transmission inter-espèces ». Le virus influenza D fait partie de la même famille que l’influenza aviaire (de type A), responsable d’une épizootie mondiale chez les volailles et chez certains mammifères.
Pour mémoire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait appelé le 28 novembre la communauté internationale à renforcer sa surveillance de l’influenza aviaire sur toutes espèces, rebondissant sur le cas d’un enfant infecté aux États-Unis.