Coopératives laitières
« Passer des hausses de prix est une nécessité »

Engagées sur la voie de la décarbonation, les coopératives laitières demandent à la distribution et aux consommateurs un coup de pouce tarifaire pour atteindre leurs objectifs.

« Passer des hausses de prix est une nécessité »
Pascal Le Brun ne risque pas de pronostic sur l’évolution du prix du lait d’ici à la fin de l’année mais les statistiques montrent une stabilisation autour de 450 €/1000 l depuis 2023. © iStock-andresr

« Nous avons des signaux encourageants mais aussi beaucoup d’incertitudes politiques ou économiques et nous restons prudents », a expliqué Pascal Le Brun, président de La Coopération Laitière (LCL), début septembre à Paris. En positif, l’éleveur normand (Agrial) cite d’abord le rebond de la collecte française au 1er semestre 2024 permise par l’abondance des fourrages* et un ralentissement de la décapitalisation du cheptel laitier. Autre bonne nouvelle, la consommation de produits laitiers se maintient en dépit du contexte inflationniste, au prix certes d’une descente en gamme favorable aux premiers prix, mais douloureuse pour la filière bio : « Il n’y a plus de conversion dans les coopératives depuis deux ans ».

Sur les marchés internationaux de produits laitiers, l’ambiance apparaît relativement sereine grâce à une offre mondiale stable confrontée à une demande qui se maintient ou augmente. La cotation de la matière grasse atteint ainsi 7 200 €/t. En 2024, le climat s’est un peu assombri depuis que la Chine a ouvert, le 21 août, une enquête sur des pratiques commerciales de l’Union européene jugées déloyales.

« Epée de Damoclès »

Les principales préoccupations du moment sont ailleurs, à commencer par un « contexte sanitaire préoccupant » pour un élevage ruminant « pris en étau par la fièvre catarrhale ovine et la maladie hémorragique épizootique ». Dans les exploitations touchées, la production laitière diminue couramment de 5 % à 30 %, explique Pascal Le Brun. Une véritable « épée de Damoclès » pour une filière en « attente de vaccins ». D’autres incertitudes sont évoquées : le sort des projets de loi d’orientation agricole et Égalim 4, la révision de la législation européenne sur le bien-être animal, le Nutriscore nouveau…

Cela ne dissuade pas les coopératives de rester mobilisées sur le chantier de la décarbonation. La filière laitière peut ainsi faire valoir, non seulement sa mobilisation (48 % d’éleveurs audités en avril 2024 pour une ambition initiale de 50 % en 2025), mais aussi les résultats déjà obtenus : une baisse de 6,1 % de l’empreinte carbone sortie ferme entre 2016 et 2021 pour un objectif de - 20 % d’ici à 2025 (0,85 eqCO2 par litre de lait). De leur côté, les sites de transformation sont en passe de réduire de 15 % leurs émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, comme toute transition est coûteuse, et qu’il « n’y a plus de sous dans les caisses de l’État », les coopératives laitières invitent la distribution et, in fine, le consommateur, à consentir « une hausse de 2 à 4 % du prix du lait » pour finir d’atteindre ses objectifs.

Actuagri

(*) Au 20 août 2024, la production cumulée des prairies permanentes était excédentaire de 29 % par rapport à la moyenne 1989-2018, selon le ministère de l’Agriculture.