Accord commerciaux
Mercosur : la Commission veut signer avant 2025

En négociation depuis une vingtaine d’années, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur revient sur le devant de la scène avec la reprise des discussions au Brésil qui s’est déroulée début septembre. 

Mercosur : la Commission veut signer avant 2025
C’est le 26 mars 1991 qu’a été signé le traité d'Asunción qui crée le Mercado Común del Sur (Marché commun du Sud – Mercosur). Mais ce dernier a été suspendu en 2017. © Rr Gimenez, CC BY 3.0 BR via Wikimedia Commons

Lors des manifestations de l’hiver, les agriculteurs avaient clairement indiqué qu’ils ne souhaitaient de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur « en l’état ». Le message avait semble-t-il été entendu par le président de la République, Emmanuel Macron. En visite au Brésil fin mars dernier, il avait tout aussi clairement indiqué que l’accord entre les deux partenaires économiques était « très mauvais » et qu’il fallait « bâtir un nouvel accord ». Mais comme la France n’est pas l’Europe, les négociations qui se sont déroulées les 5 et 6 septembre à Brasilia (Brésil) ont pris une autre tournure. L'équipe de négociateurs brésiliens était dirigée par l'ambassadeur Maurício Carvalho Lyrio, secrétaire aux Affaires économiques et financières. Selon deux sources proches des négociateurs, des « progrès significatifs » ont été réalisés sur les questions litigieuses que sont notamment l’environnement et l’agriculture. Une dizaine de pays européens menés par l’Allemagne, la Suède et le Portugal sont passés à l’offensive, mettant en garde, les pays les plus frileux sur cet accord (dont la France) « contre une perte croissante de l’influence européenne en Amérique latine ». Ces pays pro-Mercosur souhaitent une conclusion des accords avant la fin de l’année 2024. Tout l’enjeu de la signature définitive de cet accord repose sur les « clauses miroirs » dont les pays du Mercosur ne veulent pas entendre parler.

« Variable d’ajustement »

Excédés de voir l’agriculture « utilisée comme une variable d’ajustement dans les accords commerciaux internationaux », FNSEA et Jeunes agriculteurs dans une communiqué commun conditionnent la reprise des discussions sur le Mercosur si elles tiennent « compte des critiques soulevées lors des mobilisations de ce début d’année » ainsi que des « évolutions normatives (Green Deal) et géopolitiques (guerre en Ukraine) » si tant est qu’il faille repartie du projet d’accord validé en 2019 (lire encadré). Quelques jours auparavant, le Copa-Cogeca avait aussi exprimé sa « forte opposition » à cet accord pour les mêmes motifs. Reste que sur la scène européenne, la France est presque isolée. Elle peut encore compter sur l’Autriche. Mais la voix de la France ne porte plus autant qu’avant et la pression devient de plus en forte.  Selon un fonctionnaire européen, « l’accord devrait intervenir lors de la réunion du G20 à Rio », qui est programmé les 18 et 19 novembre prochains.

Christophe Soulard

Les accords de 2019

Le texte conclu en 2019 prévoit d’éliminer plus de 90 % des droits de douane imposés par le Mercosur et l’UE aux produits venant de part et d’autre de l’Atlantique. Le marché européen s’ouvrirait ainsi plus largement aux produits agricoles sud-américains, sur la base de quotas. 99 000 tonnes de bœuf par an pourraient par exemple entrer en Europe à un taux préférentiel (7,5 %), ainsi que 60 000 tonnes de riz et 45 000 tonnes de miel sans obstacles tarifaires. Les droits de douane du Mercosur seraient quant à eux progressivement éliminés sur les voitures, les machines, la chimie, les vêtements, le vin, les fruits frais venus d’Europe. Le Mercosur reconnaîtrait aussi plusieurs indications géographiques européenne, qui protègent les produits européens de haute qualité de la contrefaçon, à l’image du prosecco italien ou du roquefort français. (source : touteleurope.eu)