Membre de l’Académie d’agriculture de France, professeur honoraire en géographie agricole et rurale, Jean-Paul Charvet maîtrise parfaitement son sujet. Rien n’échappe à sa sagacité, à son œil aguerri et à son analyse tranchante. Dans l’Atlas de l’agriculture qu’il vient de faire paraître, il s’interroge, en s’appuyant sur les 17 objectifs de développement durable de l’Onu (ODD) sur la manière de nourrir en 2050 une population mondiale estimée à environ 10 milliards d’êtres humains.
Membre de l’Académie d’agriculture de France, professeur honoraire en géographie agricole et rurale, Jean-Paul Charvet maîtrise parfaitement son sujet. Rien n’échappe à sa sagacité, à son œil aguerri et à son analyse tranchante. Dans l’Atlas de l’agriculture qu’il vient de faire paraître, il s’interroge, en s’appuyant sur les 17 objectifs de développement durable de l’Onu (ODD) sur la manière de nourrir en 2050 une population mondiale estimée à environ 10 milliards d’êtres humains. Avec l’obligation notamment de préserver la biodiversité, les ressources alimentaires, le potentiel de production et de restaurer la nature. Comme il le souligne, « alors que les agriculteurs ont à produire plus et mieux, les principaux facteurs physiques de production – la terre agricole, l’eau, l’énergie - deviennent de plus en plus rares et chers ». C’est pourquoi, il décide de tout mettre à plat pour permettre au lecteur de se forger sa propre opinion : les facteurs d’évolution de la demande alimentaire, l’accroissement de la production alimentaire, les échanges internationaux des produits agricoles et alimentaires, le développement durable ainsi que les politiques agricoles mondiales (Pac, États-Unis, Brésil, Inde, etc.) et leur impact au quotidien. Il met en lumière quelques points essentiels : sous-nutrition et surnutrition dans le monde, l’inégale répartition des ressources en terres agricoles et en eau. Il rappelle que les forêts mondiales ont reculé d’environ cinq millions d’ha par an depuis le début du siècle, un phénomène qui contribue à renforcer l’effet de serre. Après un focus très instructif de l’effet multiplicateur de l’accroissement démographique sur la demande alimentaire, il s’intéresse à la consommation alimentaire des Français. On y apprend notamment qu’entre 1970 et 2007, nos compatriotes ont augmenté de 305 % leur consommation d’eau minérale, de 160 % celle de yaourts et de 39 % celle de volailles, quand, dans le même temps, la consommation de vins a chuté de 76 %, celle de sucre de 68 % et de pain de 33 %. À l’instar de Sébastien Abis, directeur de Club Demeter, il estime que les céréales, en particulier le blé, deviennent des plantes de plus en plus stratégiques et qu’elles « se trouvent au cœur de la sécurité alimentaire mondiale ». Surtout, il ne s’agit pas pour lui « d’imposer à l’ensemble des agriculteurs de la planète un modèle d’agriculture durable, mais plutôt d’accompagner ou de susciter différentes mesures adaptées aux situations nationales et locales ». Les solutions pour réussir cette nécessaire transition agroécologique seront naturellement multiples, « plurielles » et prendront nécessairement du temps. Il faut lire à ce sujet son analyse sur l’agriculture et le changement climatique avec les scénarios d’un réchauffement moyen à +2 °C et à +4 °C. Toute aussi instructive est l’analyse que l’auteur fait des évolutions de la PAC entre 1990 et 2020. Alors qu’elle pesait presque 0,7 % du PIB (pour une UE à 12), elle ne pèse plus que la moitié dans une Europe à 27. Une donnée plus que significative.
Cet ouvrage, auquel les cartes apportent une réelle plus-value, recèle de nombreuses informations propres à étancher la soif de connaissance de tout un chacun. Un livre véritablement indispensable pour comprendre les enjeux économiques et politiques de demain.
Atlas de l’agriculture – Mieux nourrir le monde – Jean-Paul Charvet – Éditions Autrement – 96 pages -19,90 €.