VALORISATION
En Auvergne, le Domaine des Massifs mise sur la traçabilité
À Clermont-Ferrand, le Domaine des Massifs, partenaire de LVMH, développe une filière de veaux français élevés sur paille. Outre une meilleure valorisation de la viande et de la peau, la société propose un système de traçabilité partant de l’élevage jusqu’à l’abattoir.
En matière de cuir, Olivier Antignac est loin d’être un novice. Au fil des années, l’ancien directeur des Tanneries du Puy-en-Velay (Haute-Loire) a constaté qu’il devenait difficile de trouver de très bons cuirs de veau de façon récurrente et sourcée. « La diminution de la consommation de viande, dont celle du veau, a fortement impacté la disponibilité des peaux, surtout en termes de qualité », relate le professionnel. En 2016, accompagné par son frère Laurent qui est éleveur de salers dans l’Allier, Olivier Antignac a fait le choix de créer le Domaine des Massifs, sa propre société partenaire de la marque LVMH. Située à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), l’entreprise s’engage à suivre les veaux dès leur engraissement. Associé à des éleveurs intégrateurs, le Domaine des Massifs touche entre 30 000 et 40 000 veaux par an non élevés sous la mère. Ces derniers sont engraissés jusqu’à leurs 5 mois, principalement dans des fermes situées en Auvergne-Rhône-Alpes, dans le Limousin, en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine. La sélection se tourne vers des fermes d’intégration d’une capacité de 80 à 120 places. L’intégrateur met à disposition de l’éleveur un certain nombre de veaux, ainsi que la nourriture nécessaire à leur développement. La construction du bâtiment reste néanmoins à la charge de l’éleveur, tandis que les soins et les frais vétérinaires incombent à l’intégrateur. Côté races, « le Graal reste la limousine, puisqu’elle donne de la bonne viande et du bon cuir en même temps », confie le responsable. Selon lui, les races croisées comme la charolaise et la salers fonctionnent également ; tandis que les races laitières comme la prim’holstein donnent un cuir trop fin.
Répondre à la demande des grandes maroquineries
Afin de valoriser la viande et de garantir un cuir de qualité à ses clients, le Domaine des Massifs s’engage à respecter quelques critères. Les veaux doivent être élevés essentiellement sur paille, nourris avec un lait proche de la consistance du lait maternel et avec 50 % de poudre de lait écrémé. L’abattage doit se dérouler à moins de 250 km de la ferme d’intégration. « En fonction de la qualité du cuir, nous allons payer des primes de qualité à l’intégrateur. Libre à lui de la redistribuer ensuite aux éleveurs ou de les aider à investir dans du matériel, comme des pistolets automatiques de distribution de lait ou des voiturettes qui tirent le tuyau pour ramener le lait dans les sceaux et diminuer la charge. »
La société met à la disposition des éleveurs un système de traçabilité composé d’un ordinateur et d’un téléphone. L’objectif est de suivre l’alimentation, les maladies et les soins apportés au veau. « Ce logiciel remplace le carnet d’élevage et est mis ensuite sur la base de données FARM, dont la plateforme se situe à Saint-Gaudens, dans Haute-Garonne. » En suivant l’intégralité de la filière d’élevage et d’abattage, tout en intégrant la qualité de la viande et du cuir, ce logiciel de traçabilité répond aux attentes des grandes maroquineries, qui ne représentent néanmoins qu’une niche. Les cuirs de qualité inférieure, qui recouvrent en réalité 90 % de la production, sont essentiellement destinés à l’ameublement ou au revêtement. Deux secteurs d’activité moins attentifs à la provenance des peaux et au traitement des animaux.
Léa Rochon