Voeux 2023
Les chambres d’agriculture au plus près des agriculteurs
Lors de sa conférence de rentrée le 11 janvier, le président des Chambres d’agriculture France (ex-APCA), Sébastien Windsor, a positionné l’établissement public comme un soutien pragmatique au service de la profession agricole.
« Apporter des solutions pragmatiques aux agriculteurs ». Tel est le leitmotiv martelé par Sébastien Windsor qui a positionné l’institution qu’il préside comme un recours, un relais auprès de la profession, notamment dans la perspective de l’adaptation des exploitations au changement climatique. « Nous avons déjà réalisé 1 800 diagnostics carbone chez les agriculteurs et nous mettons en place un plan d’action auprès de 1 500 autres pour rendre les exploitations plus résilientes face aux aléas climatiques », a-t-il assuré. Ce plan concerne également plusieurs centaines de conseillers qui seront formés à cette problématique. Il n’a cependant pas caché que sur le volet « Conseil stratégique phytosanitaire », la situation est aujourd’hui « difficile », car « on a du mal à chercher les agriculteurs (…) On ne les formera pas tous d’ici la 2025. Il faudrait en former plus de 100 000 par an. On aura besoin d’un délai », a-t-il déclaré.
Ligne rouge
La dimension « Changement climatique / Transition agroécologique » sera d’ailleurs l’un des points saillants de la prochaine loi d’orientation agricole (LOA) dans laquelle les chambres d’agriculture sont en première ligne. En effet, avec les Régions et les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), elles piloteront et animeront au sein des commissions régionales de l’économie agricole et du monde rural (COREA-MR) les différents débats publics qui débuteront autour du 20 janvier pour se terminer à la mi-mai. « L’objectif de ces échanges dans les trois ateliers (Installation-Transmission ; Climat-Transition ; Formation, NDLR) est clairement de faire remonter les expériences terrain, les bonnes pratiques », a-t-il précisé. L’un des enjeux de ces discussions et de cette LOA sera notamment la capacité à accueillir et accompagner les nouveaux profils d’agriculteurs. « Si nous avons la nécessité de créer et d’ouvrir de nouveaux dispositifs pour des profils de personnes en reconversion à 45/50 ans, nous avons surtout le devoir de les accompagner pour que leur exploitation perdure », a souligné Sébastien Windsor. « Nous avons besoin de conserver un minimum d’exigence en termes de viabilité économique et de niveau de formation. C’est une ligne rouge », a-t-il ajouté.
Cartographie
Autre ligne rouge à ne pas dépasser selon lui : le photovoltaïque au sol. S’appuyant sur la définition de l’agrivoltaïsme écrite par l’Agence de la transition écologique*, il s’est réjoui que la loi sur les énergies renouvelables adoptée par l’Assemblée nationale le 10 janvier renforce le rôle des commission départementales de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPenaf) qui se voient attribuer un avis circonstancié sur le volet photovoltaïque et non plus consultatif. Dans le cadre de cette loi, les chambres d’agriculture auront pour mission de dresser une cartographie des terres à faible potentiel agricole qui n’ont pas été « valorisées » depuis au moins dix ans. « Il faut faire attention aux critères : une terre à faible potentiel peut l’être par exemple pour les grandes cultures, mais pas forcément pour l’élevage », a nuancé le président Windsor qui a rappelé l’objectif principal : conserver le potentiel de production agricole
Christophe Soulard
(*) «L'agrivoltaïsme désigne des installations en complète synergie avec l'activité agricole, apportant un service agronomique direct, sans diminution des revenus agricoles.
« Un peu de cohérence »
Interpelé sur les arrachages de vergers qui se multiplient en France, Sébastien Windsor a demandé plus de cohérence à la Commission européenne. « Soit elle lève les interdictions sur certains produits, soit elle met en place des clauses miroirs strictes », a-t-il affirmé prenant l’exemple des cerises. « Les cerisiers sont les vergers que l’on arrache le plus, surtout depuis l’interdiction en France du diméthoate. Or on continue d’en importer massivement de Turquie, pays où ce pesticide est encore largement utilisé et de manière légale », a-t-il souligné. Il demande aussi à ce que l’on rentre les critères d’origine dans les appels d’offres et à mieux informer le consommateur y compris en restauration hors domicile, surtout pour les produits transformés.