Energies renouvelables solaires
Interview De David Portalès, Co-Fondateur De GLHD : Les technologies vont renforcer la compétitivité de l’électricité agrivoltaïque

Cédric Michelin
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David Portalès, co-fondateur du groupe d’agrivoltaïsme GLHD, est confiant dans l’avenir de l’agrivoltaïsme, parce qu’il est compétitif avec le nucléaire et le sera encore plus demain, tout en produisant des denrées. Les énergéticiens savent de mieux en mieux contourner l’intermittence de la production électrique grâce à des batteries industrielles capables de stocker plusieurs dizaines de mégawatts-heures et grâce à l’essor du parc de voitures électriques.

Interview De David Portalès, Co-Fondateur De GLHD : Les technologies vont renforcer la compétitivité de l’électricité agrivoltaïque

Dans le débat sur l’énergie, la question de la rentabilité des énergies renouvelables reste à clarifier. L’agrivoltaïsme est-il compétitif par rapport au nucléaire ?

David Portalès : Le solaire en général est l’électricité la plus compétitive au monde, et grâce à l’amélioration technologique, le solaire creuse l’écart tous les jours un peu plus. Malgré la nouvelle loi et le décret sur l’agrivoltaïsme qui vient renchérir le prix de cette production, l’électricité agrivoltaïque restera toujours deux fois moins chère que celle de l’EPR, et ce sera donc une électricité compétitive et décarbonée. 

Mais qu’en est-il par rapport au nucléaire historique, dont les centrales sont largement amorties ? 

D.P. : Après 2025 le prix moyen du nucléaire historique tournera à priori autour de 70€ le mégawattheure, avec la réévaluation de l’Arenh (Accès régulé à l'énergie nucléaire historique). Nous devrions donc être compétitifs par rapport au nucléaire, y compris par rapport au nucléaire historique. 

Il est souvent reproché au solaire son caractère intermittent. N’est-ce pas un frein à son développement ? 

D.P. : Ce sera de moins en moins le cas, car les énergéticiens prévoient sur chacun de leurs sites un espace pour y installer des blocs de batteries. Celles-ci peuvent stocker 10, 20 ou 30 mégawatts-heure. Les Britanniques ont une longueur d’avance, avec des batteries capables de stocker 500 mégawattheures, soit la moitié de la production d’un réacteur nucléaire. Et les rendements, les coûts et la qualité environnementale des batteries continuent de s’améliorer. Ce qui fera de l’énergie solaire non plus une énergie intermittente, mais une énergie prédictible, par des systèmes hybrides de production/stockage pilotables. 

Le bail agrivoltaïque étant complexe, entre le fermier, le bailleur et l’énergéticien, une question vient à l’esprit : à qui appartiendront les batteries ? 

D.P. : Les batteries comme le reste de l’installation appartiennent à la société de projet (dans le modèle classique français) qui est celle qui réalise l’investissement et qui gère la production, le stockage et qui opère la ferme photovoltaïque. Le solaire sera piloté grâce au stockage. Le stockage et l’arrivée à grande échelle de la voiture électrique permettront de grandes avancées dans ce domaine. 

En quoi la voiture électrique permettra-t-elle d’aider au stockage de l’électricité renouvelable ? 

D.P. : C’est simple, la voiture électrique a pour principe de fonctionnement de stocker de l’électricité, puis de la consommer. Comme toute batterie, elle peut l’utiliser pour le moteur ou le restituer au réseau pendant les heures de pointe. Ainsi, le conducteur qui n’aura pas besoin de sa voiture aura la possibilité de vendre du courant au réseau pendant les heures de consommation de pointe et de recharger ses batteries en heures creuses. Or justement, l’essor de l’électricité solaire va faire que les heures creuses ne seront plus seulement la nuit, mais aussi en plein jour. 

Pouvez-vous préciser en quoi consistera la nouvelle donne des heures creuses et quels en seront les avantages ? 

D.P. : C’est une grande avancée qui se profile. Le solaire, qui produit de l’électricité le jour, pourra déclencher des heures creuses sur le réseau dans la journée. Les nouvelles technologies devraient y concourir : il est de plus en plus à la portée des énergéticiens de prédire la production d’électricité dans les heures qui viennent et donc d’envoyer un signal au réseau que la production va augmenter ou diminuer. Les progrès de la météorologie, notamment grâce à des systèmes optiques, sont capables de détecter l’arrivée d’un nuage ou d’une éclaircie, et de faire de la prévision à un quart d’heure, pour anticiper la luminosité et donc les sursauts de production électrique. Ces outils sont en train d’être développés. Voilà pourquoi je crois beaucoup à l’avenir du photovoltaïque. 

 

(*) Initialement appelé European pressurized reactor, l’EPR a été renommé Evolutionary power reactor) est un réacteur nucléaire appartenant à la filière des réacteurs à eau pressurisée.