Journée de la Biodiversité le 22 mai
Des haies agricoles pleines de ressources

Au cours du XXe siècle, le réseau des haies a fortement régressé en France et cette tendance n’a pas épargné la Saône-et-Loire. Pourtant, les haies composées d’arbres et d’arbustes sont un maillon essentiel pour le bon fonctionnement des continuités écologiques et constituent un complément potentiel de revenu pour des exploitations agricoles. En effet, par une gestion durable du bocage, les agriculteurs peuvent à la fois contribuer pleinement à la préservation de la biodiversité, compléter les ressources de l’exploitation et participer à la transition énergétique des territoires.

Des haies agricoles pleines de ressources
Étude bocage-haie Pac 2018 - Les Bizots DDT71

La Saône-et-Loire dispose d’un patrimoine bocager important avec des disparités entre les territoires qui nécessitent une gestion adaptée à chacun. Ces opérations régulières sont exigeantes en temps de travail, nécessitent l’usage de matériels à entretenir et la consommation de carburant. L’ensemble de ces dépenses invite à rechercher comment transformer ce qui peut paraître une contrainte en opportunité au bénéfice de l’exploitant.

Un complément de ressources

Les bénéfices directs en termes de production de bois et d’utilisation de cette biomasse sont principalement la production d’énergie et la litière en élevage.
Le bois énergie qui est une énergie renouvelable, est valorisable en chaudière à bois déchiqueté pour l’exploitation (exemple en bâtiment d’élevage avicole) ou en chaufferie collective adaptée à l’utilisation de plaquettes bois.
La « litière-bois déchiqueté » entre dans le système de l’exploitation en élevage bovin allaitant ou caprin. Elle favorise le compostage des fumiers pour l’amendement et l’amélioration de la fertilité des sols.
Le bois plaquette est également utilisé en paillage, BRF - bois raméal fragmenté - et dans le processus de co-compostage.
Certaines essences sont utilisées en piquets pour clôtures ou autres matériaux.
Les bénéfices directs, moins fréquents, sont l’affouragement ou complémentation en alimentation des animaux et parfois l’introduction d’arbres fruitiers ou de greffes de fruitiers dans les haies.
De nombreux impacts positifs indirects sont reconnus. On peut citer à ce titre :
- la lutte biologique pour les cultures par conservation des habitats hôtes d’auxiliaires,
l’effet brise-vent pour lutter contre la verse ou l’érosion des sols,
- l’amélioration du bien-être animal par l’apport d’ombrage ou en protection des intempéries,
- la protection et amélioration de la qualité des sols cultivés (fertilité et réserve en eau),
- la préservation d’une image de qualité pour le territoire (agrotourisme),
- l’intérêt en apiculture et pour la pollinisation,
- l’amélioration de l’isolation des bâtiments d’élevage.
Par le maintien ou la plantation de haies et leur gestion durable, l’agriculture réaffirme les services rendus à la société pouvant être rémunérés ou encouragés par la réglementation ou la collectivité dans différents registres. Les haies participent à la séquestration du carbone, ont un effet barrière contre les dérives phytosanitaires ou encore contre le ruissellement et la pollution des eaux.
« Sur le long terme, les haies alimentent le capital de l’exploitation. Au regard des gains obtenus, les remettre en production pour une récolte de bois dans 20 ans peut être un atout pour la transmission », selon les paroles d’éleveurs.

Supports de biodiversité

Les haies et bosquets constituent un habitat privilégié pour de nombreuses espèces. Sites de reproduction, garde-mangers, abris…, elles sont très occupées au printemps ! La pie-grièche écorcheur, petit passereau carnivore, est une espèce signe d’un réseau bocager en bonne santé par exemple.
De manière générale, les haies fournies et hautes constituées d’essences locales et diversifiées sont susceptibles d’abriter un plus grand nombre d’espèces. Maintenir ou reconstituer de telles haies est donc essentiel pour la faune.

Des aides pour la plantation de haies

Dans le cadre du plan de Relance 2021/2022 mis en œuvre par l’État, le programme "Plantons des haies" vise à accélérer la plantation de haies et d’alignements d’arbres sur des parcelles de terres agricoles.
Ainsi, la préparation des terrains à la plantation, l’achat et la mise en place des plants, le paillage, les tuteurs, les protections contre le gibier et les clôtures peuvent être subventionnés par le ministère de l’Agriculture et le Feader. En 2021, huit projets ont été financés en Saône-et-Loire pour un total de 18 km de haies et pour un montant total de subventions de 176.602 euros en Saône-et-Loire.
Un nouvel appel à projets est ouvert jusqu’au 15 septembre 2022. Tout porteur de projet potentiel doit se rapprocher d’une structure d’appui pour l’accompagner dans le montage de son dossier (accompagnement gratuit pour le porteur de projet). Parmi les structures d’appui en Saône-et-Loire, on peut citer la Chambre d’agriculture, la Fédération départementale des chasseurs et Bio-Bourgogne.
Des plans de gestion bocagers subventionnés jusqu’à 80 % sont également proposés par ces mêmes structures.

Pour en savoir plus sur :
Sur la valorisation économique des haies, sur la biodiversité des haies, sur les appels à projets et les aides à la plantation,…
http://www.saone-et-loire.gouv.fr/ - Taper « haies » dans le moteur de recherche.

Travaux et taille des haies : les bonnes pratiques

Pour conserver une haie en bonne santé et limiter l’impact sur la faune sauvage, l’entretien des haies nécessite de respecter quelques précautions. Pour éviter de déranger ou de détruire des espèces protégées en période de reproduction, il est nécessaire d’éviter la période du 15 mars - 31 août pour l’entretien de la végétation ligneuse (toute intervention est interdite au titre de la Pac du 1er avril au 31 juillet). Le matériel utilisé pour l’entretien a également son importance pour la santé de la haie : un lamier à scies est moins destructeur qu’un broyeur. Concernant les coupes à blanc, elles peuvent avoir un intérêt pour la régénération de la haie. Cependant, de manière à conserver des espaces refuges pour la faune, il est conseillé d’étaler la coupe à blanc dans le temps et l’espace.

Destruction des haies : ce que dit le code de l’environnement

De nombreuses espèces animales et végétales sont protégées par la réglementation. Leur perturbation ou leur destruction ainsi que la destruction, l’altération ou la dégradation de leur habitat sont strictement interdites. La haie est considérée comme un habitat d’espèces protégées. À ce titre, un arrachage de haie ou une coupe à blanc de grande ampleur peuvent être considérés comme une destruction de cet habitat. De même, entretenir les haies en période de reproduction augmente les risques de perturber, voire de détruire des espèces protégées.
De plus, dans la plupart des sites Natura 2000 du département, l’arrachage de haie est soumis à autorisation. Une évaluation des incidences Natura 2000 doit être déposée à la DDT avant tous travaux.
Le code de l’environnement s’applique à tous : agriculteurs, collectivités territoriales, services de l’État et leurs établissements publics, entreprises, particuliers… Le non-respect de la réglementation est passible de sanctions pénales.
Les haies peuvent également être protégées par les documents d’urbanisme et au titre d’autres réglementations.

La biodiversité en déclin
Évolution des tendances des oiseaux communs en France Métropolitaine par groupe de spécialisation (source rapport STOC/SHOM/STOM/EPOC - Résultats 2019)

La biodiversité en déclin

Un net déclin de la biodiversité est observé depuis le milieu du XIXe siècle à l’échelle mondiale. En cause : la destruction et la fragmentation des habitats, les pollutions, le changement climatique… Ce déclin touche particulièrement les espèces très spécialisées sur un type de milieu (agricole, forestier, bâti…) par rapport aux espèces dites « généralistes ».

Les haies dans la Pac

Pour la Pac, une haie est une unité linéaire de végétation ligneuse, implantée à plat, sur talus ou sur creux, avec présence d’arbustes et, le cas échéant, présence d’arbres et d’autres ligneux (ronces, genêts, ajoncs…). Il n’y a pas de règle sur la hauteur de la haie, ni sur sa longueur. Toutefois, une haie ne peut pas présenter de discontinuité de plus de 5 mètres. On entend par discontinuité, un espace ne présentant ni strate arborée (houppier) en hauteur, ni strate arbustive (au sol), conformément à la définition d’une haie. Autrement dit, il peut s’agir d’un « trou » de haut en bas (visible sur l'ortho-photographie Pac) ou d’un espace présentant des éléments qui ne répondent pas à la définition d’une haie (alignement d’arbres, ligneux seuls, murets). 

Des obligations pour les agriculteurs

L'agriculteur a l'obligation d'inclure, dans les îlots déclarés au titre de son dossier Pac, toutes les haies dont il a le contrôle (c’est-à-dire à l'exclusion des éléments pour lesquels il est explicitement mentionné dans le bail que le propriétaire en conserve la jouissance), y compris celles situées en bordure d'îlot.
Le déplacement d’une haie (arrachage - replantation) sans information préalable est autorisé à concurrence de 2 % du linéaire de l’exploitation ou de 5 mètres par campagne Pac.
Le déplacement pour un meilleur emplacement environnemental est possible sous réserve qu’il soit prescrit par un organisme reconnu qui indiquera le nouvel emplacement retenu (Chambre d’agriculture, Fédération départementale des chasseurs). Ce déplacement doit faire l’objet d’une information préalable de la DDT.
La destruction liée à un cas de force majeure ou de circonstance naturelle telle qu’une tempête ou un incendie, par exemple, ne rompt pas l’obligation de maintien de la haie. Dans ce cas, l’agriculteur devra réimplanter l’élément avant le 15 mai de l'année suivante. Si la destruction de la haie résulte de sécheresses répétées, l’exploitant devra réimplanter la haie en prenant les dispositions nécessaires pour qu'elle ne dépérisse pas.
Toute intervention sur les haies doit, au titre de la Pac, intervenir entre le 1er août et le 30 mars de l’année suivante. En revanche, pour préserver plus largement les espèces protégées, il est préconisé d’étendre cette période au 1er septembre - 15 mars.

Pie-grièche écorcheur Auteur Zeynel Cebeci
Journée de sensibilisation 

Journée de sensibilisation 

« Dynamise et transmets ton bocage – Haies, arbre, eau »  rendez-vous le jeudi 29 septembre 2022 de 09h00 à 17h00 à Rigny-sur-Arroux