SYNDICAT
Des manifestations agricoles massives en Allemagne
Les rassemblements organisés lundi 8 janvier en préambule à une semaine de protestations, ont rencontré un succès inédit outre-Rhin. Un bras de fer est engagé avec le gouvernement.
En prélude à une semaine entière de protestation, les agriculteurs allemands ont manifesté en nombre lundi 8 janvier dans tout le pays contre la politique du gouvernement. Des convois de tracteurs ont bloqué plusieurs autoroutes, perturbant ainsi massivement le trafic routier. Le président de l’Union des agriculteurs allemands (DBV), Joachim Rukwied, a tiré un bilan largement positif. « Ce fut un début réussi pour notre semaine d'action commune », a-t-il déclaré. « Les agricultrices et agriculteurs ont envoyé aujourd'hui un signal clair en direction du gouvernement fédéral pour qu'il retire complètement ses projets d'augmentation d'impôts, avec près de 100 000 tracteurs dans toute l'Allemagne », a-t-il poursuivi. Le leader syndical s’est également félicité du soutien de la part d'une grande partie de la population en faveur des revendications des agriculteurs. La plupart des actions de protestation annoncées se sont déroulées sans heurts.
Le gouvernement cède du terrain
Le mécontentement des agriculteurs a été déclenché par les réductions prévues des subventions agricoles dans le cadre de la crise budgétaire. Face à une opposition massive, le gouvernement fédéral, qui réunit les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, les Verts et les libéraux, a en grande partie annulé les plans de réduction et notamment annoncé que l'avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées serait supprimé progressivement jusqu'en 2026 et non en une seule fois. L'Union allemande des agriculteurs a toutefois maintenu ses protestations et exige l'annulation totale des réductions. Entre-temps, les dirigeants des gouvernements des Länder dirigés par le SPD se sont également ralliés à cette revendication.
De son côté, le chancelier Olaf Scholz défend une position selon lui « juste et réfléchie » du gouvernement, invitant les protestataires à accepter le compromis. « Étant donné que nous avons fait un grand pas en direction des agriculteurs, je pense qu'il est maintenant important de garder la juste mesure », a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune à Berlin avec son homologue luxembourgeois. Mais les agriculteurs ne sont pas prêts à céder. La réduction des subventions est synonyme « d’une augmentation d'impôt d'un milliard d'euros pour le secteur », et fragilise l'avenir des agriculteurs tout en mettant en danger la sécurité de l'approvisionnement en nourriture, a jugé lundi Joachim Rukwied, président de la DBV.
Actuagri
Routiers et agriculteurs ont manifesté le 14 janvier en Roumanie contre les taxes qu'ils jugent exorbitantes en bloquant la circulation en périphérie des villes et à la frontière avec l'Ukraine, accusée de tirer les prix vers le bas. « Certaines réglementations ne sont plus soutenables financièrement », a déclaré devant des journalistes l'exploitant Danut Andrus, ajoutant que la protestation se poursuivrait « jusqu'à ce que les autorités ouvrent les yeux sur leur incompétence ». Les conducteurs de poids lourds roumains se plaignent de taux d'assurance et de taxes trop élevées, mais aussi de délais trop longs pour passer la frontière. Les agriculteurs demandent que le gouvernement accélère le calendrier de versement des subventions et réclament des compensations suite à la sécheresse et au manque à gagner lié à l'ouverture du marché européen aux céréales ukrainiennes. Ce ras-le-bol avait commencé à s'exprimer mercredi 10 janvier par des actions coup de poing et dimanche, des opérations escargot ont été menées sur le périphérique de plusieurs agglomérations, dont la capitale Bucarest. Les manifestants ont été reçus par le gouvernement, selon lequel certaines mesures rapidement applicables ont fait l'objet d'un accord, d'autres nécessitant le feu vert de l'Union européenne.
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