Avec la production qui repart à la hausse, l’interprofession de l’œuf (CNPO) entend conserver ses parts de marché en France et à l’export, notamment en implantant 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030.
« Nous voulons rester souverains en œufs en France », a déclaré Yves-Marie Beaudet, président du CNPO. L’objectif est clair. La France connaît aujourd’hui un taux d’auto-approvisionnement de 99,1 % (chiffres 2023) alors que celui-ci avait reculé à 97 % en 2022, passant pour la première fois sous les 100 %. En cause les nombreux épisodes de grippe aviaire qui avaient anéanti de nombreuses exploitations. Depuis la mise en place de la vaccination des canards et le renforcement des mesures de biosécurité, la production est repartie à la hausse. Elle a augmenté, en 2023, de 4 % par rapport à 2022. « Mais elle reste inférieure de 4,2 % par rapport à 2021 », a précisé Yves-Marie Beaudet. Le retour de la production qui a atteint 14,9 milliards d’œufs (930 000 tonnes) devrait permettre, selon l’Institut technique de la filière avicole (Itavi) de faire remonter le taux d’auto-approvisionnement à 99,7 à la fin de l’année 2024. « Mais cela reste insuffisant pour répondre à la demande nationale qui ne cesse de croître », a estimé le président du CNPO. En effet, sur les huit premiers mois de l’année 2024, les ménages français ont acheté plus d’œufs (+ 4,4 %) que l’an dernier sur la même période. Les œufs issus d’élevage au sol (+ 9,3 %) et ceux issus d’élevage en plein air (+ 7,7 %) ont tiré les achats vers le haut. En moyenne, chaque Français a consommé 224 œufs par an, « soit 24 de plus qu’en 2013 », a précisé Alice Richard, directrice du CNPO.
300 nouveaux poulaillers d'ici 2030
Pour répondre à cette demande sans cesse croissante mais aussi pour conserver sa place de numéro 1 au plan européen, le CNPO s’engage dans la construction de 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030. « Ce qui représente un investissement de 300 millions d’euros », a indiqué Yves-Marie Beaudet. Encore faudra-t-il franchir l’obstacle de l’acceptabilité sociale, en particulier en limitant le recours des nombreuses associations anti-élevage comme s’y était engagé le gouvernement de Gabriel Attal. Le CNPO compte d’ailleurs sur l’actuel gouvernement pour « défendre et protéger les fermes face aux attaques et intimidations de certains détracteurs extrémistes », rapporte-t-il. Ces 300 nouveaux poulaillers disposent déjà du foncier nécessaire, a assuré Brice de Bisschop, administrateur du CNPO. Cependant l’interprofession ne demandera pas un centime à l’Etat. « On ne lui demande pas d’argent. Il n’en a plus », a tranché Yves-Marie Beaudet qui voit d’autres avantages à la mise en place de ces nouveaux bâtiments, comme le renforcement de l’attractivité des métiers ainsi que le maintien de la filière d’excellence que constituent les activités de couvoir sur le territoire.
Christophe Soulard