L’élevage est au cœur de nos territoires, de notre économie et de notre souveraineté alimentaire. Pourtant, il fait face à des défis croissants : baisse de production, revenus insuffisants, difficulté d’accès au métier, crises sanitaires… Face à ces enjeux, Jeunes agriculteurs (JA) et la FNSEA s’engagent aux côtés des éleveurs.
Quelle est la vision de JA-FNSEA concernant l’élevage en France ?
Jordy Bouancheau (JA) : « Pour Jeunes agriculteurs, la condition indispensable au renouvellement des générations est d’avoir des élevages durables. Cela s’entend à la fois sur le plan économique avec des revenus solides et stables, à la hauteur du travail fourni, et une contractualisation effective dans les filières concernées, et sur le plan environnemental. Un jeune qui va s’installer aujourd’hui ou dans cinq ans ne connaitra pas les mêmes conditions climatiques que ses prédécesseurs, c’est pourquoi il faut s’adapter aux conséquences du changement climatique, mais surtout, le plus possible les anticiper ! »
Patrick Bénézit (FNSEA) : « Face à une tendance à la baisse de la production animale et à l’augmentation des importations, notre priorité est claire : stabiliser les effectifs et les volumes produits, permettre aux éleveurs de vivre dignement de leur métier. Nous demandons au gouvernement de traduire dans la loi une véritable ambition chiffrée pour l’élevage, non seulement pour enrayer la décapitalisation, mais aussi pour permettre aux élevages de s’implanter et de se développer dans tous les secteurs de production et dans tous les territoires. Le plan de souveraineté pour l’élevage est une réponse structurante à ces enjeux, notamment par l’assouplissement des réglementations, des mesures fiscales et sociales adaptées, et la protection contre la concurrence déloyale ».
Comment les élus JA et FNSEA œuvrent pour la défense des éleveurs et éleveuses ?
J.B. : « JA ne cesse de rappeler aux pouvoirs publics l’importance de la dynamique que créent nos élevages dans les territoires. Ils participent au dynamisme économique en étant créateurs d’emplois, tout au long de la chaîne de production. Ils participent pour certains à l’entretien des paysages, ou pour d’autres à la préservation d’une génétique française de qualité. Ensemble, ils participent à une souveraineté protéique en France. En tant qu'élus, notre rôle est de rappeler ces principes et de faire entendre la voix des éleveurs et éleveuses auprès des ministères ou des parlementaires. »
P.B. : « La FNSEA, en coordination avec toutes les associations spécialisées des filières animales, a œuvré pour renforcer le plan de reconquête de la souveraineté de l’élevage, initialement présenté lors du Sommet de l’élevage 2023. Ce plan, jugé insuffisant par les filières, a été revu afin d’intégrer des mesures plus ambitieuses, notamment en matière de souveraineté, de rémunération des éleveurs et de réponses adaptées aux besoins spécifiques de chaque filière. Ce travail collectif a permis de soumettre au gouvernement un plan plus adapté et à la hauteur des défis que rencontrent nos éleveurs et éleveuses. »
Comment les élus se mobilisent sur le dossier du bien-être animal ?
Manon Pisani (JA) : « Le bien-être animal est un enjeu qui passe par la reconnaissance du professionnalisme de l’éleveur. En 2023, nous avons notamment assisté aux concertations françaises dans la perspective de la révision de la réglementation européenne du bien-être animal. Pour JA, la priorité est l’harmonisation des normes au sein de l’UE. Finalement, les concertations ne sont pas allées plus loin, happées par le contexte géopolitique et inflationniste que nous connaissons tous ces derniers temps. Il est important que chaque citoyen comprenne que les mesures misent en places ont un impact sur le coût de production. »
Yohann Barbe (FNSEA) : « La FNSEA, en coordination avec ses associations spécialisées des filières animales, se mobilise activement contre les révisions excessives des règles européennes sur le bien-être animal. En 2024, nous avons exprimé notre opposition à ces nouvelles propositions de la Commission sur le transport qui risquent d’imposer des surcoûts insoutenables et des contraintes irréalistes pour les éleveurs. Ces mesures, déconnectées des réalités de terrain, fragiliseraient les exploitations sans pour autant améliorer significativement le bien-être animal. »
L’élevage est un sujet transversal, comment sont traités les autres dossiers concernés (environnement, prédation...) ?
J.B. : « Chez JA nous sommes différents élus en charge des dossiers filières, environnement, revenu, ou encore prédation. Tous ces sujets touchent les éleveurs et éleveuses de notre réseau, c’est pourquoi nous les travaillons de manière transversale, lors de sessions de travail sur plusieurs jours ou de groupes nationaux thématiques. Concernant le revenu, nous avons publié un document de position au printemps dernier où nous rappelons par exemple l’importance d’une construction du prix en marche avant fonctionnelle. »
Propos recueillis Actuagri