À l’heure où les ruches vont entrer en hivernage, les apiculteurs commencent à faire le bilan de cette saison. Si elle se termine avec un volume de production qui ne répond pas aux attentes, le pire a toutefois été évité.
L’année apicole a été marquée par un démarrage poussif. « Jusqu’au 6 juin, la météo a été assez problématique, avec beaucoup d’eau, des températures assez fraîches et quelques coups de chaleur exceptionnels. Nous avons donc dû nourrir les abeilles jusqu’à l’arrivée des floraisons intéressantes début juin », indique Pierre Gaschignard, apiculteur transhumant à Chateaudouble (Drôme) et président de l’association pour le développement de l'apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes (Ada Aura). Aujourd’hui, le bilan est sans appel. « Les apiculteurs de la région ont eu énormément de charges de nourrissement, que ce soit au printemps ou au mois de septembre. Si c’est exceptionnel de nourrir les ruches au printemps, ça l’est beaucoup moins à l’automne puisque nous faisons en sorte que les abeilles aient les provisions nécessaires pour l’hiver. En revanche, l’état des colonies nous a conduits à les nourrir beaucoup plus cette année à cette période », poursuit-il. Globalement, Pierre Gaschignard décrit une année « assez compliquée », même si les miellées de lavande, tilleul et châtaignier, principalement dans la Drôme, l’Isère et le Rhône, ont fait pencher la balance. « Cela a rattrapé un peu le début de saison et nous permet d’être sur une année moyenne en termes de volumes de production. Ce n’est pas la catastrophe attendue », rassure-t-il. Cependant, « la filière lavande est en difficulté et des surfaces pourraient être arrachées dans les mois ou années à venir. Cela aura forcément un impact sur notre production et cela nous annonce un avenir incertain » s’inquiète l’apiculteur.
Des apiculteurs éprouvés
Autre difficulté, les miellées de châtaignier. « Les arbres ont souffert ces dernières années. Avant, les miellées de châtaignier étaient une valeur sûre. Nous obtenions environ 30 à 40 kg de miel par ruche, contre 15 à 20 aujourd’hui », explique le président de l’Ada Aura. Dans ce contexte, mentalement, les apiculteurs sont assez éprouvés par cette saison. Il nous a fallu gérer les à-coups de la météo avec les pluies excessives, le suivi des ruches, etc. Nous avons vécu l’ascenseur émotionnel et nous ressentons aujourd’hui que c’était une saison fatigante. L’ambiance est donc plutôt morose », regrette-t-il.
Côté sanitaire, les apiculteurs de la région ont plutôt été épargnés. « Nous n’avons pas connu une grosse pression sur les frelons asiatiques, contrairement à des collègues du Sud de la France qui ont dû déplacer leurs ruches. Mais nous restons vigilants. En revanche, nous avons un problème de virus sur certains ruchers. Tous ne sont pas touchés mais nous observons que des colonies se portent moins bien, sont plus petites, avec un couvain pas joli. Cela nous inquiète car les colonies risquent de se trouver en difficulté cet hiver », alerte Pierre Gaschignard. Malgré les difficultés du métier, l’apiculteur se veut confiant. « Même si nous faisons face à pas mal d’incertitudes, nous devons avoir la capacité de rebondir et d’innover. Chaque exploitation doit pouvoir optimiser ses coûts de production, et c’est d’ailleurs l’objet de formations proposées par l’Ada Aura », conclut-il.