Equinote

L’agriculture au fondement d’une compagnie de cirque-théâtre équestre

Avant de se lancer dans le spectacle, Vincent était prêt à s’installer en agriculture. Il était apprenti dans une exploitation et comptait, après cela, s’installer en élevage avec transformation fromagère en montagne. Sur cette fameuse ferme où il travaille, il rencontre Sarah et découvre les chevaux. « Mon employeur était passionné de chevaux ». Rapidement, il apprend à monter. Avec Sarah, ils utilisent les chevaux pour aller chercher les vaches ou refaire une barrière. L’aventure aurait pu s’en arrêter là, mais elle a continué bien plus longtemps et sur un chemin différent.

Traversée de la France à cheval

L’année 2007 a été révélatrice pour Sarah et Vincent. Accompagnés de quatre amis et de chevaux, ils partent de Strasbourg pour Tarbes. Durant leur périple de trois mois, le groupe propose des spectacles amateurs au travers du voyage : « il y avait une forme d’insouciance » confie Vincent. L’objectif était de présenter le spectacle au festival Equestria de Tarbes. Et cela a été une révélation. Sarah et Vincent décident de se former au cirque équestre pour apprendre ce métier et créer des spectacles.

« Nous ne voulions pas lâcher le côté agricole », partage le co-fondateur. En 2010, Vincent et Sarah sont de retour sur leur ancienne ferme de travail. Ils ont un projet mixte : à mi-temps agriculteur, à mi-temps créateur de spectacles qui se joueraient sur la ferme. Cette expérience a duré un an et s’est terminée avec une sorte de frustration : « Ce sont deux métiers qui prennent beaucoup de temps : des métiers de vie, de passion. Il était difficile d’allier les deux avec notre exigence de qualité ».

Un choix a dû être fait. En 2011, les associés décident de se lancer dans l’aventure du cirque équestre itinérant. Avec ce métier, ils ont fait le choix de ne pas se couper du vivant en travaillant avec les animaux, en s’occupant d’eux, en les entraînant, en leur trouvant des bouts de terrain, du foin, de la paille… « C’est la face cachée du cirque équestre, c’est un travail prenant toute l’année ».

Un travail fusionnel entre les humains et les chevaux

La compagnie réalise entre 40 et 50 représentations par an. L’équipe s’est produite en Saône-et-Loire d’août à septembre aux Haras de Cluny avec leur spectacle « Avant la Nuit d’après ».

Les spectacles créés sont en tournée pendant quatre ans. Il faut environ un an et demi, sans le dressage, pour créer un spectacle. Il s’agit du temps entre l’apparition des premières idées et le spectacle terminé, en passant par l’écriture, les auditions, le choix des collaborateurs extérieurs et la mise en scène. En comptant le dressage, le rythme de création est long et avoisine les quatre ans.

Des chevaux voltigeurs

Chaque spectacle à son équipe artistique. Environ douze artistes sont présents pour nous faire rêver et nous partager leurs talents. Mais ce ne sont pas les seuls à être talentueux ! Les chevaux nous dévoilent également leurs savoir-faire.
Deux types de chevaux font partie du spectacle : les chevaux de trait sont porteurs et costauds. Ils permettent la voltige équestre. Les chevaux de selle sont plus fins et ont plus d’énergie. Le travail de spectacle avec les chevaux demande du temps. Il faut les muscler, les assouplir, les entraîner à galoper sur une piste des treize mètres, leur faire accepter le cavalier, l’acrobate, le voltigeur, les applaudissements, le son, les vidéos, les lumières… « Tous les chevaux ne sont pas faits pour le spectacle, commente Vincent, S’ils sont stressés par la situation, nous n’insistons pas ».

Ce qui plaît à Vincent dans le travail avec les chevaux, c’est « leur incarnation dans le moment présent et le besoin de clarté et de justesse. Ils sont directement reliés à ce que l’on est et nous appelle à la sincérité et à la confiance en permanence. C’est à la fois plaisant et à la fois dérangeant, mais c’est ce qui, à mon sens, participe à notre évolution ».