Saône-et-Loire Galop
Le cheval de course se porte bien !
L’élevage de chevaux de course se porte bien dans le département. Forte de ses 80 adhérents, l’association Saône-et-Loire Galop fédère les éleveurs du territoire autour d’un évènement majeur : le Chaser Day.
« L’association Saône-et-Loire Galop est un syndicat de défense des chevaux de course », présente Jean-Charles Pallot, son président, lui-même éleveur à Oudry. Elle compte 80 adhérents éleveurs de chevaux de courses et avec ses homologues de l’Allier et de la Nièvre, elle fait partie d’une fédération représentant 220 à 250 éleveurs. La spécialité des adhérents de Saône-et-Loire Galop, c’est le cheval de course d’obstacles, de type Auteuil. Ils élèvent des chevaux des races AQPS (Autre Que Pur Sang) et Pur Sang. L’AQPS est le fruit d’un croisement entre le Selle Français (race utilisée pour le sport équestre) et le Pur-Sang, explique Jean-Charles Pallot. Les juments AQPS sont presque systématiquement accouplées avec des étalons Pur-Sang d’où un standard qui se rapproche toujours plus du Pur-Sang.
Une activité qui se professionnalise
« L’élevage de chevaux de course est une activité économique à part entière qui s’est beaucoup professionnalisée », présente Jean-Charles Pallot. En Saône-et-Loire, cette activité est traditionnellement le fait d’éleveurs de bovins possédant aussi quelques juments. Aujourd’hui, près de la moitié des adhérents de l’association sont encore des éleveurs de bovins. La complémentarité des deux espèces est reconnue, que ce soit vis-à-vis du pâturage ou du sanitaire. Le cheval de course offre « un véritable modèle de diversification », estime Jean-Charles Pallot qui pointe les vertus de l’équilibre entre ces deux productions. De jeunes éleveurs font aujourd’hui le choix de s’installer avec un nombre important de juments ; jusqu’à trente, ce qui en fait l’activité principale de l’exploitation. Cela confirme l’attrait économique de l’élevage de chevaux de course.
Des étalons privés…
Mais l’essor de cet élevage équin souffre cependant d’une contrainte spécifique liée à la reproduction des animaux. La filière subit encore les conséquences de la fin des haras nationaux. Le service public des haras nationaux qui garantissait la couverture du territoire en étalons a cédé sa place à des étalonniers privés. Cette privatisation complique l’élevage des chevaux, notamment pour des petits éleveurs souvent éloignés des étalonniers. En Saône-et-Loire, une dizaine d’étalons sont en service, mais ils sont très disséminés sur le territoire, explique Jean-Charles Pallot. Beaucoup d’éleveurs se rendent au Haras de Cercy-la-Tour dans la Nièvre. Ce dernier détient une dizaine de reproducteurs qui ont sailli plus de 800 juments en 2022. Un tiers des étalons connus sont en Normandie ce qui oblige les éleveurs à transporter leurs juments jusqu’à cette destination. Une contrainte coûteuse. Cette situation qui restreint l’accès aux étalons, pèse sur l’élevage. D’autant plus que le mode de reproduction des chevaux se fait exclusivement « en monte naturelle en main ». Cela implique un suivi gynécologique en amont, sachant que la fertilité des équins n’est pas celle des bovins ou des ovins. Les juments sont en général laissées en pension au haras, parfois suitées de leurs poulains. Les tarifs de saillie oscillent entre 1.500 et 20.000 € avec une moyenne à 3.000 €. Le prix inclut les frais vétérinaires, les frais d’étalonnier et de pension ainsi que la clause d’un poulain vivant à 48 heures, indique Jean-Charles Pallot.
Peu de frais jusqu’au sevrage
Les saillies sont réalisées entre le mois de février et le 15 juin. La gestation d’un poulain est de 11 mois. Les poulains sont en général vendus au sevrage après six mois d’allaitement. En AQPS, les éleveurs vendent préférentiellement les mâles qui sont castrés vers l’âge de 1 an pour donner des hongres, réputés plus réguliers en concours. Les mâles AQPS ne sont pas destinés à la reproduction puisque les femelles AQPS sont presque toujours accouplées avec des étalons pur-sang. Avant 1 an, le poulain sous sa mère est un foal. À ce stade, son élevage ne demande que peu de frais. À partir d’un an, le jeune poulain devient un yearling. À deux ans, il est soumis au débourrage suivi du pré-entrainement. Il peut courir à partir de 3 ans, mais, nuance Jean-Charles Pallot, « le cheval grandit jusqu’à l’âge de 4 ans. Or, on a tendance à les utiliser trop jeunes ».
La course comme critère génétique
Dans les chevaux de course, les objectifs de sélection sont dictés par les performances en course. Au-delà de l’aspect morphologique et visuel des animaux, les éleveurs s’appuient sur les informations accumulées sur les performances de courses. Véritable bible des sélectionneurs, un catalogue recense tous les étalons en service avec un état des lieux de leur carrière et de celles de leurs ascendants et descendants. Les caractères recherchés sont un classement dans le podium des plus grandes courses. Toutes les données sont réunies sur une base nationale. Le site officiel « France Galop » recense tous les entraîneurs et les résultats de course avec les performances chevaux par chevaux, les gains générés. C’est sur ce site que sont indiquées les primes que les éleveurs se voient verser en cas de victoire de l’un de leurs poulains. Prime qui s’élève à 14,5 % de l’allocation de course. Le site de l’Institut Français du Cheval d’Équitation est une base nationale de données, recensant toutes les informations relatives aux chevaux de course. Comme quoi, « le monde du cheval de course n’est pas du tout un milieu opaque », fait valoir Jean-Charles Pallot.
Chaser Day à Paray-le-Monial, le plus gros rassemblement de France !
Depuis dix ans, l’association Saône-et-Loire Galop organise le Chaser Day. C’est à l’occasion de cette manifestation, qui se tient mi-juin à l’hippodrome de Paray-le-Monial, que les éleveurs vendent leurs jeunes produits. Le Chaser Day a pris le relais des petits concours qui étaient autrefois disséminés sur le territoire, à l’instar des éleveurs propriétaires de quelques juments. « Nous voulions rassembler tout cela au même endroit pour en faire un évènement qui compte », explique Jean-Charles Pallot. « Parti de rien », les organisateurs sont parvenus à en faire le plus gros rassemblement d’éleveurs de chevaux de course à l’échelle nationale ! Chaque année, le Chaser Day réunit entre 100 et 140 chevaux à Paray-le-Monial. En 2022, 157 animaux étaient inscrits, se félicite le président de Saône-et-Loire Galop.
Concours modèle et allures
La manifestation consiste en un concours sur modèle et allures (pas, trot, galop). Chaque cheval (foal, yearling et 2 ans) est présenté devant un jury qui évalue l’aspect de l’animal, ses déplacements, sa docilité. Tous ces concurrents sont filmés. Cette concentration permet aux organisateurs d’inviter courtiers et entraîneurs qui viennent acquérir, à l’amiable, leurs futurs champions. Au fil des années, « cette manifestation a professionnalisé les éleveurs et elle a permis que les acheteurs s’arrêtent en Saône-et-Loire ». Les éleveurs de la Nièvre organisent le même type de manifestation la veille si bien que les acheteurs assistent aux deux évènements durant 48 heures.
Retombées économiques
Ce Chaser Day est une réussite pour Saône-et-Loire Galop qui n’a de cesse que de vouloir enrichir encore le catalogue de ce concours tout en augmentant toujours la valeur génétique des animaux. L’évènement a un impact économique indéniable, tant pour les éleveurs de la Saône-et-Loire qu’en termes d’hébergement (50 chambres louées sur Paray-le-Monial). Mais organiser une manifestation d’une telle envergure a un coût. Les inscriptions et les sponsors privés représentent chacun un tiers du financement, confie Jean-Charles Pallot. Le reste provient de soutiens publics (collectivités, chambres consulaires, etc.). Mais le président ne cache pas son inquiétude quant à la pérennité de ses financements, en particulier provenant de la Région. Le montant des subventions a en effet fondu de plus de moitié.
Le prochain Chaser Day aura lieu le 20 juin prochain à l’hippodrome de Paray-le-Monial.