ARBORICULTURE
Pêches et nectarines : « Nous n’accepterons aucune nouvelle baisse de prix »

Afin de stopper les baisses de prix en pêches et nectarines, une action syndicale réunissant des manifestants de la Drôme, l'Ardèche, la Loire et l'Isère a été menée samedi 13 juillet devant les Ets Barioux, grossiste en fruits à Chasse-sur-Rhône.

Pêches et nectarines : « Nous n’accepterons aucune nouvelle baisse de prix »
Le 13 juillet à Chasse-sur-Rhône, des membres de la section fruits de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes et des FDSEA de la Drôme, de l'Ardèche, de l'Isère et de la Loire ont organisé une action coup de poing devant les Ets Barioux.

En pêches et nectarines, « la ligne rouge a été franchie et nous n'accepterons aucune nouvelle baisse de prix », ont prévenu la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) et la section fruits de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, le 15 juillet. Deux jours avant, une action syndicale a ciblé très tôt dans la matinée à Chasse-sur-Rhône (Isère), les Ets Barioux, commerce de gros en fruits et légumes (20 000 tonnes par an). Devant le bâtiment, la délégation de manifestants de la section fruits de la FRSEA Aura, soutenue par la FNPF, a déversé des remorques remplies de déchets avant de rencontrer les frères, Franck et Jean-Michel Barioux. « Nous leur avons reproché de ne pas avoir répondu au courrier que leur avait adressé la FNPF une dizaine de jours plus tôt, courrier qui leur demandait d'arrêter de casser les prix, explique Grégory Chardon, président de la section fruits FRSEA Aura. Nous avons exigé qu'ils rectifient le tir immédiatement. »

Le même jour, à la même heure, une action similaire était organisée par la FDSEA des Pyrénées-Orientales devant l’enseigne Auchan du centre commercial « Porte d'Espagne » situé à Perpignan. Là, les manifestants ont déversé des fruits en réaction à une campagne de promotion nationale avec des pêches annoncées à 2,19 € le kilo. « C’est quasi le prix de revient d’un kilo de pêches emballé pour les agriculteurs, ce n’est pas tenable », a expliqué Bruno Vila, président de la FDSEA 66, à nos confrères du quotidien L'indépendant.

« Mobilisés 24 h/24 jusqu’à la fin de la saison »

« Depuis plusieurs semaines, et malgré nos nombreuses alertes, la situation du marché des pêches et nectarines s’est dégradée », constate la Fédération nationale des producteurs de fruits. En cause selon la FNPF : des cueillettes anormalement élevées pour la saison, une météo défavorable et la priorité donnée aux produits français trop longue à se dessiner. « Nos entreprises ont été obligées de constituer des stocks, et une partie importante de nos fruits a été jetée. Nous avons fait des concessions énormes, permettant de proposer aux consommateurs des fruits de qualité à des prix très bas. Maintenant, nous n’accepterons aucune nouvelle baisse », souligne la FNPF, qui considère que « les fruits de gros calibres (A) ne doivent pas être vendus à un prix inférieur à 2,50 € le kilo au stade du consommateur ». La structure syndicale prévient : « Nous sommes déterminés et nous serons vigilants et mobilisés 24h/24 jusqu’à la fin de la saison ! La guerre entre enseignes ne se fera pas au détriment de l’arboriculture française. »

Christophe Ledoux

« Barioux, stop aux prix cassés », ont écrit les manifestants. ©FRSEA_Aura
Devant le bâtiment, les manifestants ont déversé des remorques remplies de déchets avant de rencontrer les dirigeants des Ets Barioux. ©FRSEA_Aura
BILAN

Une saison très compliquée en pêches

Avec une météo fraîche et pluvieuse, des conditions économiques difficiles pour nombre de ménages et un contexte politique source d'anxiété, la saison des fruits d'été est compliquée cette année. En pêches, « les magasins ont mis du temps à basculer sur le produit français et des stocks se sont constitués de façon assez rapide, explique Bruno Darnaud, arboriculteur dans la Drôme et président de l'AOP pêches et abricots de France. Et puis surtout, on a eu une avance de production phénoménale dans le sud du pays. La semaine du 8 juillet, 40 % du volume de pêches et nectarines étaient récoltés. Comparé à 2023, cela représente 35 % de volumes en plus sur la même période ! Et comme la consommation n'est pas bonne, sans toutefois être dégradée, cela a abouti à constituer des stocks assez énormes. La situation était donc compliquée et là, nous avons à nouveau une guerre des distributeurs avec des promotions à 2,19 € le kilo pour du calibre A alors qu'il faudrait au minimum 2,50 € en magasins. »

Pour tenter de mettre un terme à cette guerre des prix, la FNPF et d'autres organisations ont demandé le 15 juillet au président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, d'intervenir auprès des responsables des fédérations du commerce et de la distribution (FCD) et du commerce coopératif et associé (FCA), lesquelles rassemblent les enseignes de la grande distribution.

À noter, les volumes de pêches récoltés en Auvergne-Rhône-Alpes n'ont pas encore atteint les 50 %. De quoi donner de l'espoir pour une meilleure seconde partie de saison, « à condition que la météo s'arrange et que les distributeurs cessent leur guerre des prix », confie Bruno Darnaud.

C.L.