Moissonneuses-batteuses
Des grosses trémies vidangées rapidement

Les dernières générations de moissonneuses-batteuses affichent des volumes de trémie dépassant les 16 000 litres. Le débit des vis progresse en conséquence pour maintenir les durées de vidange.

Des grosses trémies vidangées rapidement
La moissonneuse-batteuse New Holland CR11 bénéficie d’une trémie de 20 000 litres qui se vidange au rythme de 210 l/s. Crédit : New Holland

Avec ses 20 000 litres de capacité, les trémies des récentes moissonneuses-batteuses CR11 de New Holland et Case IH AF9 et 10 battent un nouveau record, détenu jusqu’alors par les Lexion 8800 et 8900 et leurs 18 000 litres. Juste derrière, se situent les Idéal de Fendt et Massey Ferguson avec 17 100 litres, la X9 1100 de John Deere fermant la marche avec ses 16 200 litres.

Répondant à l’augmentation du débit des machines, l’évolution du volume des trémies est indispensable au maintien de leur autonomie et à l’organisation des chantiers. Ces gains ont été permis par l’adoption d’extensions de trémie plus imposantes, mais aussi en repensant l’intégration de la trémie dans la conception de ces nouvelles machines. Le principal enjeu étant de préserver un bon équilibre des charges, de façon à obtenir un poids par essieu convenable. Ces grosses moissonneuses-batteuses sont d’ailleurs souvent équipées d’un train de chenilles pour limiter le tassement. Les pneus restent toutefois privilégiés par un certain nombre d’utilisateurs. Cela a d’ailleurs conduit New Holland à proposer cette alternative sur sa CR11 avec la collaboration de Michelin. Le manufacturier a développé un pneu spécifique de 2,32 m de diamètre (VF 900/65 R46 ou VF 800/70 R46) capable d’encaisser une charge de près de 20 tonnes et de suffisamment se déformer pour offrir une grande empreinte au sol. Le choix des pneus ou des chenilles peut jouer sur le gabarit routier de la machine, une contrainte de largeur qui, d’ailleurs, est aussi une contrainte pour le dimensionnement de la trémie.

Une vidange à 210 litres par seconde

Autre défi pour les constructeurs, l’augmentation du volume de la trémie ne doit pas impacter le temps de vidange. Le redimensionnement des vis est un passage obligé. « Nous avons pour objectif de ne pas dépasser un temps de vidange de plus de 100 secondes, quel que soit le volume de la trémie, illustre Paul Vincant, chef produit chez New Holland. Sur une CR11, le débit de la vis atteint ainsi 210 litres par seconde, tandis qu’il se limite à 159 litres par seconde sur la CR10, qui elle est dotée d’une trémie de 16 000 litres. » Ce niveau de performance est globalement respecté par tous les constructeurs, la palme de la machine la plus rapide revenant à l’Ideal dont la trémie de 17 100 litres est vidée en 81 secondes grâce à un débit de 210 l/s.

L’augmentation de débit passe par l’adoption de vis de plus gros diamètre. Chez Claas, par exemple, la goulotte des Lexion à petite trémie affiche un diamètre de 330 mm assurant un débit de 81 à 130 l/s, tandis que les modèles à grosse trémie bénéficient d’un diamètre de 420 mm pour absorber 180 l/s.

Le grain mieux orienté en sortie de goulotte

Le flux de grain en sortie de vis est désormais mieux orienté pour optimiser le remplissage des bennes, grâce aux embouts orientables. Et pour gagner en précision en fin de benne, les constructeurs peuvent limiter le débit de la vis. New Holland désactive une des deux vis de transfert dans la trémie pour réduire de moitié le débit de grain arrivant dans la goulotte. Claas propose une solution comparable sur ses Lexion. Pour l’Ideal, Massey Ferguson et Fendt utilisent des trappes à réglage hydraulique au-dessus des vis de fond de trémie, qui permettent de moduler le débit de vidange en fonction du type de grain récolté. Ces trappes stoppent également l’écoulement du grain en fin de vidange, de manière à vider complètement la goulotte et d’éviter le pic de puissance au redémarrage de la vis.

Le besoin de puissance à la vidange est compensé sur la plupart des machines par un boost temporaire du moteur, de façon à maintenir les performances de la machine. Sur sa X9, John Deere annonce ainsi une surpuissance de 54 chevaux. Toutefois, afin de limiter la prise de puissance, les constructeurs ont peaufiné la conception des goulottes en jouant sur les diamètres de tube et de vis, ainsi que sur le pas de la vis et la hauteur de la spire. « La grosse goulotte des Ideal débitant 210 l/s ne consomme pas plus de puissance que celle des plus petites machines qui plafonne à 105 l/s », assure Bruno Villette, responsable produit chez Massey Ferguson.

Michel Portier

Quand la moissonneuse-batteuse guide le tracteur à la vidange
Le dispositif Machine Sync de John Deere synchronise la vitesse et la trajectoire du tracteur avec celles de la moissonneuse-batteuse. Crédit : John Deere

Quand la moissonneuse-batteuse guide le tracteur à la vidange

Le dispositif Machine Sync, proposé en option sur les moissonneuses-batteuses John Deere, facilite le travail du chauffeur de la machine, ainsi que celui du tracteur tirant la remorque durant la vidange. Cet automatisme s’active dès que le tracteur se positionne le long de la moissonneuse-batteuse. Cette dernière prend alors le contrôle de la vitesse et de la direction du tracteur pour maintenir une trajectoire constante entre les deux engins. Le chauffeur de la moissonneuse-batteuse peut ensuite agir sur la position du tracteur et de la benne sans toucher à l’allure de sa machine. En découle un remplissage mieux maîtrisé des remorques.

Pour l’instant, les autres constructeurs ne proposent pas de solutions équivalentes, mais certains d’entre eux annoncent être en cours de développement. New Holland avait notamment présenté à l’occasion du Sima 2022 son concept Raven Autonomy sur un tracteur T8, qui comprenait notamment une synchronisation avec la moissonneuse-batteuse.