Chambres d'agriculture
Filières animales : Trois scénarios d’avenir pour l’élevage français
Le déclin de l’élevage inquiète les Chambres d’agriculture qui redoutent ses conséquences économiques et sociales. En présentant les trois trajectoires possibles pour les dix à quinze prochaines années, les Chambres consulaires veulent croire à un sursaut.
La disparition de l’élevage dans certains territoires s’inscrirait en contradiction avec les objectifs sur le climat et la neutralité carbone. Sans parler des conséquences économiques et sociales en termes d’emplois et d’aménagement du territoire. L’APCA a récemment présenté une étude avec les trois scénarii. Celui intitulé « Rupture » s’inscrit complètement dans la dynamique de reconquête de la souveraineté alimentaire souhaitée par Sébastien Windsor, le président de chambre d’Agriculture France. Il permettrait à notre pays de se repositionner à l’export et de profiter de l’essor de la demande mondiale de produits carnés. Par exemple, de la hausse de 15 % pour le seul secteur de la volaille à l’horizon de 2032 selon l’OCDE.
Ce scénario de « Rupture » se traduirait par une recapitalisation des cheptels, par une hausse des incitations à s’installer et par une augmentation de la production de produits issus des élevages. Mais ce même scénario impose à la fois « une suspension des négociations et des applications des accords de libre-échange par l’Union européenne », « le rétablissement de l’importance de la protéine animale dans la consommation alimentaire » et enfin « une politique territoriale articulée à une politique industrielle », défend l’APCA.
Scénarios « Rupture », « Tendanciel » ou « Intermédiaire »
A contrario, le scénario « Tendanciel » déjà à l’œuvre, serait le pire qui puisse être envisagé si les Français ne se décident pas à consommer moins de viande qu’actuellement (89,2 kg par habitant). Il conduirait progressivement à la disparition de l’élevage.
Les premières conséquences économiques sont déjà perceptibles puisque les échanges commerciaux de viande sont chaque année un peu plus dans le rouge. En 1999, le solde du commerce extérieur de la viande de volailles, excédentaire de 800.000 téc, est déficitaire trente ans plus tard de plus de 400.000 téc. Avec quelque trois millions de vaches laitières à l’horizon de 2030, la France ne produirait plus assez de lait pour approvisionner l’industrie laitière. Et comme l’élevage européen est aussi sur le déclin, importer des produits laitiers serait cher et onéreux. Pour atteindre la neutralité carbone, certains pays d’élevage pourraient aussi privilégier l’approvisionnement de leur marché intérieur aux dépens de l’export.
Ce scénario « Tendanciel » semble cependant inéluctable si la consommation de viande baisse fortement, si les aides Pac ne soutiennent plus certaines filières et si les épizooties sont de plus en plus fréquentes. Peu compétitif, l’élevage français serait davantage concurrencé par des importations de produits carnés, ce qui accélérerait son déclin.
Le troisième scénario « Intermédiaire » envisagé par les chambres d’agriculture « est un compromis trouvé entre la société civile, les ONG et les éleveurs ». Il repose sur une meilleure image de l’élevage auprès des consommateurs centrée sur le local et sur une territorialisation des activités d’élevage. La France renoncerait alors à exporter, mais une meilleure acceptabilité sociale des élevages favoriserait le renouvellement des générations et l’installation d’agriculteurs hors cadre familial. S’ensuivraient une hausse des effectifs des éleveurs et une recapitalisation du cheptel. Le flexitarisme des consommateurs rééquilibrerait la demande de viande.