Denis Berland, président de l’OS Mouton Charollais
Le nouveau président de l’OS Mouton Charollais souhaite faire perdurer la dynamique de la race

Marc Labille
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Denis Berland vient de succéder à Pascal Chaponneau à la présidence du Mouton Charollais. Dans la continuité de son prédécesseur, il entend préserver la cohésion entre générations pour assurer la transmission et l’avenir de la race. 

Le nouveau président de l’OS Mouton Charollais souhaite faire perdurer la dynamique de la race
Denis Berland donne rendez-vous les 1er et 2 août prochain à Charolles pour le 62e concours national de Moutons Charollais.

Denis Berland est le nouveau président de l’Organisme de Sélection du Mouton Charollais. Il vient de succéder à Pascal Chaponneau qui, après douze années à la tête de l’OS, a eu envie de passer la main. Âgé de 40 ans, Denis Berland est associé en Gaec avec son frère Luc sur une exploitation élevant 140 vaches allaitantes et 240 brebis charolaises à Viry. Les deux cheptels sont inscrits, le Gaec vend des reproducteurs et participe régulièrement aux concours d’ovins et de bovins. Un temps diversifié dans la vente directe au sein d’un magasin collectif, les frères Berland se sont recentrés sur l’élevage. Ils continuent de produire en circuit court des agneaux de boucherie sous la marque l’Agneau Charollais crée par l’OS.

C’est en 2019 que Denis Berland a fait son entrée au conseil d’administration de l’Organisme de Sélection. « J’ai remplacé Bernard Nectoux qui m’a parrainé », se souvient-il. C’était peu de temps avant la disparition soudaine d’Alain Bernigaud. Ce triste évènement a précipité l’entrée de Denis au bureau. Comme Thierry Maréchal succédait à Alain Bernigaud à la première vice-présidence, Denis a repris le poste de trésorier, responsabilité qu’il a assumée jusqu’à cette année.

Reconnaissance accrue

Lorsqu’il a rejoint l’équipe de Pascal Chaponneau, Denis Berland est arrivé dans une période de « montée en puissance » pour la race. Après des années moroses, le mouton charollais connaissait un nouvel essor. Une embellie qui doit beaucoup à l’ancien président et à son équipe, estime Denis Berland. Ces années ont en effet vu la race acquérir une « reconnaissance supérieure » avec, par exemple, la mise en valeur de la viande d’agneau et la création de la marque l’Agneau Charollais, ou encore une plus grande ouverture internationale avec l’invitation de pays étrangers. Le transfert du concours national de Palinges à Charolles a aussi été une étape décisive dans ce regain de notoriété.

Renouvellement des générations

Mais au regard du peu de jeunes qu’il y avait alors dans les rangs du mouton charollais, le nouvel administrateur avait une inquiétude pour le renouvellement des générations. Cette crainte a été rapidement dissipée car plusieurs jeunes éleveurs ont rejoint l’OS ces dernières années. Un rajeunissement nécessaire que le nouveau président entend maintenir tout comme son prédécesseur. Malgré une petite baisse à 106 adhérents cette année, l’OS devrait retrouver son effectif, rassure Denis Berland qui cite de jeunes éleveurs pressentis. Il mentionne également la section jeune du Mouton Charollais, très active pour le renouvellement des générations. Cette section a un nouveau président Baptiste Guyot (21) qui succède à Amandine Fénéon.

Attaché au travail en équipe, le nouveau président présente son bureau dont les trois vice-présidents sont inchangés : Thierry Maréchal (21), Jérôme Dubouis (23) et Étienne Debarnot (03). Jean-Marie Guyot (21) reprend le poste de trésorier et Baptiste Duverne (71) devient secrétaire. « C’est un bon mix entre éleveurs expérimentés et jeunes », se félicite Denis Berland.

Menaces sanitaires sur l’export

S’inscrivant dans la continuité de son prédécesseur, Denis Berland fait part des deux sujets les plus préoccupants pour la race aujourd’hui. Le premier est d’ordre sanitaire avec le spectre de la MHE (maladie hémorragique épizootique) qui menace les mouvements d’animaux et leurs exportations. L’OS vient de subir les conséquences de la MHE pour l’entrée des agneaux de station. Un rassemblement a dû être organisé dans la Creuse et les agneaux ont dû se soumettre à des tests dont la fiabilité est aléatoire, déplore le président. Les responsables du Mouton Charollais craignent aussi des restrictions pour l’export de génétique. Une extension de la MHE en France risquerait de compromettre des marchés à l’étranger pour des agnelles reproductrices. Or chacun sait que l’export d’agnelles est vital pour l’OS et ses adhérents, rappelle Denis Berland.

Le loup en ligne de mire

L’autre sujet qui inquiète toujours les éleveurs de moutons charollais, c’est le loup. Pour le nouveau président de l’OS, « ça va aller de pire en pire. On ne met pas assez de moyens en œuvre pour gérer l’avenir. Les moyens de protection qu’on nous propose sont dérisoires », estime Denis Berland. La position de l’OS ne dévie pas : « on ne veut pas de loup dans nos zones d’élevage ». Et les éleveurs de Moutons Charollais persistent à défendre que leur activité n’est pas protégeable. Sur ce sujet sensible, l’OS travaille avec l’association pour la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité que préside l’un de ses adhérents, Étienne Debarnot. Pour faire avancer ses arguments, elle est également en contact étroit avec la Chambre régionale d’agriculture et se rapproche du collectif national Pâturage et Biodiversité.

Incontournable station

Parmi les dossiers prioritaires de l’OS figure bien entendu le programme de sélection et notamment la station de contrôle individuel. La race se doit d’attirer davantage d’éleveurs vers sa station. « La station est un outil dont on ne peut pas se passer », affirme Denis Berland. S’il reconnaît volontiers que lui reste très attaché au phénotype et au savoir-faire traditionnel des sélectionneurs, l’éleveur de Viry conçoit parfaitement que de plus en plus de jeunes « se fient aux index ». La station et les index sont un précieux complément à l’œil de l’éleveur, estime le président. Et pour impliquer davantage les éleveurs dans l’outil, il faut une meilleure valorisation des agneaux. Ce qui signifie davantage de qualité au recrutement, plus d’homogénéité… Un cercle vertueux qui permettra aussi de rentrer de meilleurs béliers à Insemovin, d’où un redéploiement de l’insémination, fait valoir Denis Berland.

Pour tout ce travail d’animation raciale, le nouveau président rend hommage au travail remarquable accompli par Aline Bonnot et Claire Debrut, respectivement directrice et technicienne de l’OS. Il s’avoue aussi très fier et honoré de succéder à Pascal Chaponneau, auprès duquel il dit avoir beaucoup appris, partageant une même passion de la sélection. Comme son prédécesseur, Denis Berland veillera à préserver cette ambiance, cette cohésion qui règne au sein du Mouton Charollais.