INSECTICIDES
L’Anses durcit les conditions d’utilisation du prosulfocarbe
Les conditions d’utilisation du prosulfocarbe sont durcies jusqu’au 30 juin au moins, avec la mise au jour d’un risque lié à l’exposition cutanée des enfants. Les industriels doivent fournir des nouvelles données de terrain d’ici l’été.
L’Anses a annoncé des restrictions d’usage des produits phytosanitaires à base de prosulfocarbe, le 3 octobre. L’agence de sécurité sanitaire donne « l’obligation d’utiliser des buses réduisant la dérive de 90 %, accompagnée du respect d’une distance de sécurité de 10 mètres par rapport aux zones d’habitation ou aux zones de présence de riverains », a indiqué le directeur des autorisations de mise sur le marché (AMM), Bertrand Bitaud. Le temps de s’équiper, les agriculteurs peuvent appliquer « une distance de sécurité de 20 mètres ». L’Anses impose aussi une réduction des doses maximales « d’au moins 40 % ». « Il y a une réduction de 5 litres à l’hectare à 3 l/ha, et de 3 à 1,6 l/ha », a détaillé Bertrand Bitaud, précisant que l’ensemble des mesures est applicable à partir du 1er novembre. Ces décisions découlent d’une actualisation de l’évaluation des risques pour les riverains, suite à une saisine du ministère de l’Agriculture. D’après les données fournies par le principal fabricant Syngenta, l’Anses estime qu’elle « ne peut pas exclure » un dépassement de la valeur toxicologique de référence lié à l’exposition par voie cutanée chez les enfants, quand ils sont situés à moins de 10 mètres de distance des cultures durant les traitements. L’industriel doit fournir de nouvelles données de terrain d’ici au 30 juin pour confirmer l’efficacité probante de ces mesures, faute de quoi les AMM « seront retirées sans délai de grâce ».
Hausse des volumes vendus
Le prosulfocarbe, deuxième substance active herbicide la plus utilisée en France, est présent sous forme de vingt produits en France dont quatre produits de référence : Defi, Defi Major et Arcade (du chimiste Syngenta) et Roxy 800 EC (Globachem). Le produit, connu pour être très volatil, est en cours d’évaluation à niveau européen. Le temps que cette évaluation se termine, la Commission européenne a prolongé son approbation jusqu’au 31 janvier 2027. D’après l’Anses, 7 400 tonnes de prosulfocarbe ont été vendues en 2022 – en données provisoires. Cela signifie une hausse de près de 14 % sur un an, due notamment à la diminution ou la restriction d’autres substances actives. Le prosulfocarbe est essentiellement utilisé sur céréales, pomme de terre et légumes. « Un tiers des surfaces cultivées en céréales, deux tiers des surfaces de pommes de terre, soit 200 000 ha ; et près de 50 % des 12 000 ha de surfaces de carottes sont traités avec du prosulfocarbe », a détaillé l’Anses.