Vignerons engagés
Engagé pour le bien-être face aux affres du climat

Cédric Michelin
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Le label RSE Vignerons engagés – regroupant des caves coopératives et particulières – s’engage justement dans une démarche pour faire progresser les pratiques à tous les niveaux, y compris pour le bien-être des vignerons et salariés. Après plusieurs vendanges caniculaires, tout était – et le sera à l’avenir – prêt pour améliorer les conditions des vendangeurs face aux fortes chaleurs. Ce qui a pour vertu de rendre plus attractif ce moment qui peine de plus en plus à recruter.

Engagé pour le bien-être face aux affres du climat

« L’adaptation aux dérèglements climatiques remet l’humain au centre des grands enjeux de la filière vin », explique Rémi Marlin, directeur de la cave de Buxy-Millebuis et président de l’association Vignerons Engagés. Cette dernière est une organisation professionnelle qui accompagne depuis 2007 les producteurs dans une démarche globale de développement durable et promeut le 1ᵉʳ label RSE de la filière vin en France. En Saône-et-Loire, on retrouve notamment la cave d’Azé, de Viré, des Terres Secrètes, de Lugny et de Buxy donc ou encore Agamy pour le Beaujolais voisin. Basée sur la norme Iso 26000, et évaluée par Afnor, Vignerons Engagés prend en compte les enjeux environnementaux, sociaux et économiques, de la vigne au verre. Ce label regroupe producteurs, partenaires, négociants, distributeurs…

Les canicules ont été récurrentes les précédentes années, c’est pourquoi plusieurs groupes de travail se sont constitués autour de cette thématique. La cave Millebuis a par exemple entrepris cette année de mettre l’accent sur la santé physique et mentale de ses équipes. En effet, l’étude Cliseve (Climat, Santé, Vignoble) portée par l’organisation professionnelle Vignerons Engagés*, l’agence RSE Croissance bleue et le laboratoire Lapa-Research, sur la base des préconisations du rapport annuel 2023 sur l’état de la France rendu par le CESE (Conseil économique social et environnemental) démontre que la pénibilité au travail en lien avec le changement climatique est une préoccupation importante pour les vignerons et leurs salariés. Elle arrive en 3e place après les préoccupations économiques et de réglementation.

Dix bonnes pratiques face à la canicule

Alors que les fortes chaleurs frappaient la Bourgogne fin août, ce début septembre est tout autre, avec des températures qui ont brutalement chuté. Pour autant, la météo dans les vignes se joue tout au long de l’année. Si la météo de cette année ne permettra sans doute pas de tester l’efficacité des bonnes pratiques envisagées face aux fortes chaleurs, les vendangeurs y ont été sensibles.

Les premières solutions identifiées ont été regroupées dans un guide des dix bonnes pratiques en période de fortes chaleurs. On y retrouve des mesures individuelles et collectives telles que la modification des horaires de travail, une sensibilisation pour reconnaître les symptômes de coups de chaleur, des conseils pour un accès continu à l’eau et l’organisation de pauses régulières au frais.

Le guide a été diffusé massivement à l’ensemble des adhérents de la cave de Buxy par exemple, soit environ 120 coopérateurs, et la plupart ont souhaité insérer le document dans le guide remis aux vendangeurs saisonniers. D’autres caves adhérentes l’ont également diffusé. Par ailleurs, en cas de canicule, le chef de l’exploitation, premier concerné dans la mesure où il accompagne ses équipes, est chargé de garantir l’accès à l’eau potable aux équipes et de prévoir des « pauses fraîcheur ». Les menus servis aux vendangeurs sont élaborés pour être revigorants et adaptés aux températures, et l’alcool y est évidemment proscrit. Les coopérateurs sont particulièrement sensibilisés et volontaires pour relayer les messages de prévention canicule sur leurs exploitations.

« Nous avons la chance chaque année d’avoir certains membres de l’équipe en cave qui suivent la formation Sauveteur secouriste du Travail (SST) », encourage Caroline Torland, responsable communication à la cave de Buxy. En cas d’incident cependant, toutes les équipes s’en remettent naturellement aux équipes du Samu et des pompiers.

Rendre attractifs les métiers viticoles

Reste que la diffusion de ce support aux associés coopérateurs et vendangeurs est la première étape d’un plan d’actions ambitieux comprenant le renforcement des mesures préventives et curatives pour la santé mentale et physique de toutes les équipes. « Cela va de pair avec des mesures structurelles sur le métier, la vigne, et son mode de conduite ». Pour la filière vin, l’enjeu n’est pas seulement de santé, l’attractivité est aussi menacée. « Nous menons également un travail accru autour de l’attractivité de notre filière par l’explication et la promotion de la diversité des métiers proposés par notre entreprise », rappelle Rémi Marlin. L’augmentation des températures pourrait intensifier les problèmes de recrutement de ces métiers. 43 % des répondants à l’étude Cliseve estiment qu’ils pourraient renoncer à travailler, sous 5 ans, dans la filière vin en raison des difficultés liées au réchauffement climatique. C’est pourquoi, Vignerons Engagés travaillent plus largement, dans le cadre de sa démarche Amont, à chercher des réponses concrètes aux contraintes relatives aux métiers de la filière viticole et collaborent avec différents organismes sur les TMS, le soutien moral, psychologique et le bien-être au travail. « Nous souhaitons être proactifs sur ces questions pour garantir l’attractivité de la filière et recruter dans les années à venir une future génération de vignerons », conclut Rémi Marlin.