Gaec & sociétés
La fausse joie de la LOA

L’Assemblée générale de Gaec & Sociétés s’est tenue le 28 juin au château-fort de Sedan, dans les Ardennes, et avait pour thème : « Rénover les sociétés : une réponse aux attentes des agriculteurs ». La première assemblée générale de la nouvelle mandature du conseil d’administration de l’association (2023-2026) fut militante !

La fausse joie de la LOA

La première partie de matinée a été dédiée à la partie statutaire de l’assemblée générale Gaec & Sociétés : rapport financier, rapport d’activités et rapport d’orientation. Catherine Faivre-Pierret, vice-présidente de l’association et présidente de la commission nationale des agricultrices, éleveuse dans le Doubs en Gaec, a présenté, avec dynamisme, l’étendue des activités de Gaec & Sociétés : édition, travaux de recherche, propositions formulées dans le cadre de la loi agricole… Après avoir centrée sa présentation sur les cinq faits marquants de l’année 2023, la vice-présidente clame : « Rappelons que Gaec & Sociétés n’a de sens, qu’avec le travail mené dans les départements par les professionnels agricoles ! ».

Brigitte Troucellier, secrétaire générale, éleveuse dans le Cantal en Gaec, a présenté ensuite le rapport d’orientation de l’association, découpé en deux parties. La première fait le constat de l’agriculture, à la fois multiple, mais aux attentes complexes. Le défi démographique, les modèles agricoles, la question foncière, voire désormais celle de l’ouverture des sociétés aux capitaux extérieurs sont tout autant de problématiques qui font l’objet d’analyses et de réflexions du conseil d’administration de Gaec & Sociétés. La seconde partie du rapport propose des solutions. L’accès au métier doit d’abord être repensé, en préparant les futurs installés à l’installation à plusieurs, mais aussi les exploitants en place à l’accueil de nouveaux entrants. L’accès aux moyens d’exploitation, la maîtrise de la valeur des parts sociales et la sécurisation du foncier sont aussi des voies de solutions à développer. Le rapport propose des voies d’évolution du droit et des réglementations, notamment concernant l’objet civil des sociétés.

Fausse joie avec l’abandon de la LOA

Ces réflexions ont fait l’objet de discussions lors d’une table ronde qui réunissait les organisations professionnelles agricoles : Luc Smessaert, éleveur en Gaec, vice-président de la FNSEA, François Beaupère, associé en Gaec, vice-président des chambres d’agriculture – France et Romain Soudan, éleveur en GAaec, vice-président de JA Ardennes. Le Droit à l’essai, la promotion de l’accompagnement humain, l’abandon probable de la loi d’orientation agricole (LOA) qui consacrait pourtant enfin le droit à l’essai… Les sujets étaient nombreux. Les congressistes ont pu réagir aux discussions.

La seconde partie de la matinée a été consacrée à l’apport scientifique de Benoît Dedieu, directeur de recherche à l’Inrae (institut public de recherche agricole et environnementale). L’objectif était d’apporter un regard de côté sur l’évolution des structures et du travail en agriculture. Les congressistes réagissent : « est-ce qu’il est raisonnable de maintenir des fermes familiales, au regard de la compétitivité mondiale ? ». Le chercheur répond : « un raisonnement économique vous répondrait par la positive puisqu’il n’y a pas d’autres solutions que le moindre coût. En Europe, notamment chez les Suisses, il y a d’autres modèles, qui font des choix de sociétés et des choix professionnels autres. Nous serons toujours plus petits que les Anglais, les Américains, les Australiens. Il faut trouver d’autres voies avec une Politique Agricole Commune qui soutient toujours l’agriculture familiale ». Un brin provocant, il les interroge aussi sur l’avenir : « est-ce qu’on va vers une agriculture sans agriculteurs avec des automates, des gérants et des migrants ? ». Aux États-Unis cette question est déjà de l’ordre du présent et non du futur.

Enfin, Grégory Nivelle président de Gaec & Sociétés a conclu les échanges de la matinée. Regrettant l’absence du ministre de l’Agriculture, tenu à un devoir de réserve, le président ironise : « C’est bien dommage, mais cela me permet aussi de ne pas être contredit ! ». Le réseau, les avancées de l’année et la situation politique, les combats à venir : le discours fut passionnant. « Oui, l’agriculture de groupe permet de construire les outils pour concilier agriculture d’entreprise, projets collectifs et projets personnels […] Vive les Gaec et les sociétés ! ».

 

En 2025, les 19 et 20 juin au Puy en Velay.

L’ensemble des rapports et supports de présentation du chercheur, sont consultables sur le site internet de Gaec & Sociétés. En 2025, le congrès aura lieu le 19 et 20 juin en Haute-Loire, au Puy en Velay.